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Matières premières : la reprise chinoise ne fait pas flamber (pour le moment) les prix

Si l'économie mondiale comptait sur la Chine pour soutenir la croissance en 2023, c'est raté. A l'issue du deuxième trimestre, c'est même le contraire. « La réouverture récente de la Chine n'a pas permis d'augmenter ses importations, en raison du ralentissement de l'économie mondiale qui a pesé sur la demande internationale et fait baisser les cours des matières premières », constatent les experts de Fitch Ratings.

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En témoigne l'indice S&P GSCI, qui agrège les cours de 24 matières premières, de l'énergie aux produits agricoles en passant par les métaux (voir graphique). Il était en baisse de 3,4% sur un mois et de 11,2% sur un an ce vendredi.

Etroitement dépendante de la conjoncture internationale, la deuxième puissance mondiale devrait connaître une croissance de 5,3% seulement cette année, selon les dernières estimations de l'OCDE publiées dans son rapport sur les perspectives économiques de l'Asie du Sud-est, de la Chine et de l'Inde. C'est évidemment bien mieux que les 3% de 2022, mais cela reste largement inférieur aux taux à deux chiffres enregistrés par le passé. Pour 2024, l'OCDE voit même le rythme ralentir à 4,9%.

Tensions géopolitiques persistantes

« Au plan mondial, la reprise est soutenue par une pression moindre sur les chaînes d'approvisionnement et une bonne résilience sur le marché du travail, mais reste fragile compte tenu de tensions géopolitiques persistantes », souligne le cabinet de conseil KPMG, qui anticipe une croissance mondiale de 2,1% en 2023 et une inflation de 5,3%.

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Outre les incertitudes géopolitiques, la montée des taux dans les économies développées (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni...) pour juguler une inflation au plus haut depuis 40 ans ralentit l'économie mondiale, qui pèse sur la dynamique économique chinoise, qui reste étroitement dépendante de ses exportations.

L'apparition d'un supercycle des prix des matières premières au début du siècle, lorsque l'ogre chinois engloutissait l'acier, le ciment, le cuivre, le pétrole, le charbon, le minerai de fer... pour moderniser son économie et urbaniser le pays n'est donc pas à l'ordre du jour.

« Le pétrole brut, les puces électroniques et les minerais qui, à eux seuls, ont représenté 37% en valeur des importations en 2022, tandis que les importations de ces produits ont chuté respectivement de 5,3%, 30,5% et 2,4%, sur un an au deuxième trimestre », indique Fitch Ratings.

En valeur, les importations chinoises ont baissé de 10,2% au cours du deuxième trimestre comparé à la même période de 2022, où pourtant l'activité dans le pays était ralentie par les stricts confinements impliqués par la politique « zéro Covid », selon les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS) chinois.

Néanmoins, la situation peut différer selon le produit. La République populaire a augmenté ses achats de charbon, de pâte à papier, de soja ou encore de nickel, en se tournant vers l'Australie, l'Indonésie et le Brésil. Par ailleurs, les importations de pétrole et de gaz naturel en provenance de Russie, soumise à des sanctions et des embargos occidentaux depuis son invasion de l'Ukraine, ont bondi de 31,3% sur un an.

70% du pétrole importé

La demande chinoise de pétrole est d'ailleurs un bon indicateur de la santé de son économie. Le pays devrait produire cette année 4,2 millions de barils par jour (mb/j), mais en consommer près de 16 mb/j, l'obligeant à importer plus de 70% de ses besoins, selon les dernières données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). La dépendance est moindre pour le gaz naturel, la part des achats internationaux étant de 30%, majoritairement sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL).

Sur les marchés à terme, le prix du baril de Brent évoluait ce vendredi autour des 78,8 dollars, soit une baisse de plus de 5,8% sur un mois et de près de 24% sur un an. Quant au gaz, un marché moins globalisé que celui de l'or noir, le prix a chuté de 60% sur un an, revenant à des niveaux plus proches de la normale depuis les pics atteints dans le sillage de l'invasion en Ukraine.

Particularité liée à la réouverture du pays, la hausse des besoins pétroliers s'est focalisée sur le kérosène, dont la demande est prévue d'exploser de 68,7% cette année, selon l'AIE, soutenue par la reprise des vols nationaux et internationaux, avec un trafic qui s'annonce intense avec la réouverture du pays.

Du côté des produits agricoles, la première importation est celle du soja, principalement en provenance du Brésil. Le premier producteur mondial a exporté vers la Chine 53,6 millions de tonnes sur les 78,7 millions de tonnes récoltées sur la saison 2022-2023, selon les chiffres avancés par l'Association brésilienne des industries des huiles végétales (Abiove), cités par l'AFP. Au total, la Chine devrait importer 95,3 millions de tonnes sur les 166,7 millions de tonnes importées à l'échelle mondiale, soit 57%, selon l'International Grains Council (IGS). Pour autant, les prix du soja ne connaissent pas une envolée. Evoluant autour de 14,7 dollars le boisseau sur le marché à terme de Chicago, ils s'affichent en baisse de 1,1% sur un mois et de 6,7% sur un an.

Recul des prix du nickel

Premier sidérurgiste mondial, la Chine est le premier importateur mondial de nickel, ce métal qui rend l'acier inoxydable, avec 75% des achats internationaux. Le pays consomme, à lui seul, 60% de la demande mondiale. Même si les besoins repartent à la hausse, la production mondiale s'envole parallèlement, de 22% en janvier sur un an, soutenue par l'Indonésie, qui a enregistré un bond de 50% de sa production en 2022 par rapport à 2021, selon les données de l'International Nickel Study Group.

L'Indonésie, qui représente aujourd'hui plus de la moitié de la production mondiale de ce métal non-ferreux, permet au marché global d'être en excédent. Une manne qui permet au cours d'évoluer autour de 23.000 dollars la tonne, en baisse de 6,7% sur un mois et de 28,7% sur un an.