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Même Sciences Po interdit ChatGPT, c'est dire...

C'est dire... la panique qui s'installe au cœur même de l'élite face aux progrès controversés de l'intelligence artificielle et sur le risque de nous retrouver avec une génération de crétins devenus dépendants des machines. Dans un courrier adressé à l'ensemble des étudiants et des enseignants, la direction de la prestigieuse école germanopratine annonce que « l'utilisation, sans mention explicite, de ChatGPT à Sciences Po, ou de tout autre outil ayant recours à l'IA est, à l'exception d'un usage pédagogique encadré par un enseignant, pour l'instant strictement interdite lors de la production de travaux écrits ou oraux par les étudiantes et étudiants sous peine de sanctions qui peuvent aller jusqu'à l'exclusion de l'établissement voire de l'enseignement supérieur ». Bigre ! Quelle modernité... Pour tempérer la dimension pour le moins conservatrice de cette décision, en réalité commune à toutes les Universités du monde, Sciences Po annonce ouvrir dans le même temps une conférence « sur l'enseignement et la recherche du futur, dans un écosystème où l'IA prend une place de plus en plus importante ». Avec ou sans ChatGPT, bientôt nous n'aurons plus vraiment le choix.

Lors du Forum économique mondial à Davos, on a beaucoup parlé de ce sujet, même si les organisateurs n'avaient pas anticipé le succès mondial de l'IA dont tout le monde parle. Une certitude : même si ChatGPT et ses équivalents ont encore des failles, leurs progrès seront exponentiels et ce serait faire l'autruche que de les ignorer comme le fait notre Science Po national. Présent dans la célèbre station des Grisons suisses, Satya Nadella le patron de Microsoft qui va injecter des milliards de dollars dans l'IA générative et l'intégrer dans ses offres commerciales a été clair : « l'âge d'or de l'intelligence artificielle est devant nous et elle va redéfinir le futur du travail : et celui-ci n'est seulement une affaire de technologies : c'est surtout une question de nouvelles pratiques de management ». Pour le patron de Microsoft, cet outil va devenir « une sorte de copilote qui aidera les gens à en faire plus avec moins ».

Simple argument marketing pour relancer un secteur de la tech en pleine Bérézina boursière et en mal d'innovation ? Sans doute mais comme l'a résumé un des participants à une table ronde sur le futur du travail avec l'IA, « n'ayez pas peur de ChatGPT ; mais ayez très peur de quelqu'un qui saura utiliser ChatGPT ». A l'évidence, même si cela prendra quelques années, le monde du travail est à un tournant en termes de productivité et le risque est plus grand que jamais que la technologie rende obsolètes ceux qui ne sauront pas s'adapter, à l'image de l'arrivée de l'informatique dans le monde des services au carrefour des années 80. Plutôt que d'interdire ChatGPT, Sciences Po ferait mieux de réactualiser le rapport Nora-Minc sur l'informatisation de la société, remis en 1977 à Valérie Giscard d'Estaing.

Souvent comparé à Giscard, Emmanuel Macron lui-même ne devrait-il pas s'emparer de ce sujet, histoire de changer le disque rayé du débat éternel sur les retraites qui est en train de plomber le climat social de la rentrée ? Mardi 31 janvier, les syndicats toujours unis feront leur deuxième démonstration de force et il est assez probable que la mobilisation sera équivalente voire supérieure à celle du 19 janvier avec plus d'1 million de personnes dans les rues.

Toujours aussi impopulaire, la réforme pourrait paralyser le pays au moment même où tous les voyants de l'emploi sont au vert. Mais, comme l'a dit le président lors d'une rencontre avec quelques journalistes, « ce n'est jamais le bon moment de faire une réforme des retraites ». Place maintenant au débat parlementaire avec le risque de voir une partie du texte censurée par le Conseil constitutionnel. Laurent Fabius, 77 ans, fera-t-il capoter le fameux Index Senior inventé par le gouvernement pour éviter de heurter de front le patronat sur le sujet délicat de la pénibilité ?

Une autre réforme que celle-ci aurait-elle été possible ? Ce sera au Parlement d'en débattre et de proposer des solutions alternatives ou des aménagements au projet de loi. Les marges de manœuvre sont cependant faibles : le chef de l'Etat ne peut pas céder sur la mesure d'âge, la plus contestée, ni sur l'accélération de l'augmentation de la durée de cotisation. Mais la majorité Renaissance alliée à la droite LR fera sans doute bouger les lignes sur les carrières longues, notamment les 44 ans de cotisations pour les jeunes de 18 à 21 ans. Un geste pour corriger certaines inégalités manifestes pour les femmes serait aussi en discussion. En revanche, l'idée de faire contribuer plus les retraités les plus aisés ne fait pas l'unanimité, y compris chez les économistes classés à gauche, comme le montre notre débat de la semaine entre Christian Saint-Etienne et Henri Sterdyniak.

Alors que l'envoi de chars en Ukraine fait entrer la guerre dans une nouvelle dimension, à l'approche d'une possible nouvelle offensive russe, la réalité des sanctions commence à faire très mal à l'économie russe. Un an ou presque après le début de l'invasion le 24 février, les revenus des exportations d'hydrocarbures russes s'effondrent. Cela ne sera pas sans conséquences sur nous. A partir du dimanche 5 février, l'embargo sur le pétrole russe va s'étendre au diesel avec un risque de flambée des prix du gazole à la pompe. Au risque d'allumer un nouveau brasier social en parallèle de la contestation des retraites. A coup sûr, le pouvoir va surveiller les prix du diesel comme le lait sur le feu à l'approche des vacances de février.