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Métavers de l’UE à 387 000 euros : des trombones, une voix robotique et 10 clampins

Alice au Pays des Merveilles n’aurait pas fait pire bad trip. Des personnages en forme de trombones et aux couleurs chamallow dansent sur de la house minimaliste. Le tout en bord de mer. A côté de la statue géante d’un homme rouge en train de lancer un coronavirus, inspirée d’une sculpture de l’artiste sénégalais Diadji Diop. Ce métavers quasi mystique est l’œuvre de l’Union européenne.

Selon le média professionnel Devex, la plateforme accessible gratuitement a coûté environ 387 000 euros (production et exploitation) au département d’aide étrangère de la Commission européenne. Et l’accueil est pour l’instant mitigé. Dans le chat commun de l’univers dévoilé mi-octobre, les quelques utilisateurs connectés lancent des bouteilles à la mer : «Il y a des vraies gens ici ?», écrit l’un d’entre eux. La question, désespérée, est légitime : 90 % des avatars caoutchouteux que Libération croise sur sa route sont des robots. De quoi faire souffler un autre internaute : «Cet endroit est terriblement vide».

I’m here at the “gala” concert in the EU foreign aid dept’s €387k metaverse (designed to attract non politically engaged 18-35 year olds — see story below). After initial bemused chats with the roughly five other humans who showed up, I am alone. https://t.co/ChIHeXasQP pic.twitter.com/kZWIVlKmhL

— Vince Chadwick (@vchadw) November 29, 2022

Vide, c’est peu dire. Un «gala» organisé par la plateforme mardi n’aurait, selon le correspondant de Devex Vince Chadwick, réuni que cinq personnes. Pendant l’heure passée sur le site ce jeudi, Libération en a croisé une petite dizaine. En lituanien, un utilisateur défend : «C’est aussi parce que c’est quand même très petit». Pas faux. Sur la carte, l’univers ne présente que six lieux à visiter. De quoi laisser penser qu’il n’est conçu que pour un bref passage et non une utilisation récurrente. Tout de même, une question demeure : quel en est l’objectif ?

Sur le reste de l’île 3D, des vidéos passent en boucle sur de faux écrans de cinéma. L’une d’entre elles promeut le programme BELLA de l’UE, «mettant en relation des personnes d’Europe et d’Amérique latine et rendant possibles des partenariats universitaires et professionnels». Dans une autre, Ana Morales, une ingénieure guatémaltèque, explique comment rendre les méthodes agricoles plus durables. Entre deux arbres, un sac-poubelle géant nous accueille avec une voix robotique (oui oui) sensibilisant sur notre production de déchets.

Contactée par Libé, l’UE n’a pas encore donné suite à nos demandes de renseignements. Auprès de Devex, un porte-parole de la Commission Européenne explique toutefois que l’idée est de «faire prendre conscience de ce que fait l’UE sur la scène mondiale» aux 18-35 ans «neutres» et «pas particulièrement engagés dans les questions politiques».

Plus précisément, il s’agit aussi de promouvoir son plan d’investissement Global Gateway grâce auquel la Commission espère «mobiliser» 300 milliards d’euros d’ici 2027 pour construire de nouvelles infrastructures. Lancée en décembre 2021, l’initiative promeut plusieurs vastes thèmes de campagne dans lesquels elle mobiliserait les fonds, tels que le numérique, l’énergie, les transports, la santé, l’éducation…

Pas de quoi convaincre les utilisateurs croisés sur la plateforme. Une fois appuyé sur le bouton pour faire coucou, esquissé quelques pas de danse et admiré les affiches «Fais le changement climatique», l’un d’entre eux questionne : «Combien ça a coûté déjà ?». «Essaie de ne pas y penser», ironise une certaine Kate, avant de se déconnecter.

Pour tester l’univers virtuel par vous-même, c’est par ici.