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Mixité à l’école : sortir de l’impasse par l’altérité

Le 31 mai, «Libération» avec l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne lance un nouveau rendez-vous : «l’Université Libé». Une journée pour faire débattre les différents courants progressistes sur des sujets politiques structurants : l’Europe, l’énergie, le climat, les inégalités sociales, la justice fiscale. En partenariat avec le Crédit coopératif, ESS France, Backseat, la Mutualité française et la Fondation Jean-Jaurès. Entrée libre sur inscription.

La messe est dite ! La mixité à l’école semble condamnée à rester l’un de ces débats figés où s’affrontent pour l’éternité deux camps farouchement opposés. Le camp des «contre», plutôt de droite, pour qui, à l’heure du déclassement du pays en matière d’éducation, la mixité ne saurait être une réponse prioritaire et s’avérerait même contre-productive quand il s’agit de contraindre le privé à plus d’ouverture sociale. Le camp des «pour», plutôt de gauche, qui en fait un moteur de la réduction des inégalités, dans le pays de l’OCDE où l’origine sociale des élèves détermine le plus fortement leurs performances scolaires.

Pourtant, il nous paraît possible d’aller au-delà de ce clivage et une gauche conquérante devrait être moteur de ce dépassement. D’abord en rattachant la mixité à l’école à un défi plus large : le besoin de refaire nation, à un moment où la défiance, le repli et les solitudes augmentent. L’ensemble de l’échiquier politique républicain se retrouvera volontiers sur ce grand défi commun.

Ecole du «Nous»

Ensuite, en s’ouvrant à d’autres apports, comme la «théorie du contact» (Gordon Allport), testée et validée dans de nombreux endroits du monde. Elle affirme qu’à certaines conditions (but commun, coopération…), plus il y aura de contacts entre les membres de groupes différents, plus ces derniers vont apprendre à se connaître et réduire les discriminations. Dit autrement : plus on se mélangera intelligemment pendant l’enfance, moins on se dérangera à l’âge adulte. Qui peut être contre ?

Autre voie à explorer : élargir le spectre. Amplifier la mixité sociale et d’origine mais aussi les brassages possibles avec les «autres» altérités : physique (handicap), cognitive (dys), linguistique, générationnelle… Pour parler à tous, l’enjeu de l’altérité doit s’appréhender dans sa globalité.

Par ailleurs, il faut expliciter davantage les intérêts d’une plus grande exposition à l’altérité, y compris pour les élèves issus de milieux favorisés. Le World Economic Forum, peu suspect de gauchisme, a mis en avant les «compétences clés du XXIe siècle» : créativité et esprit critique, coopération et empathie… Autant de compétences qui ne peuvent se développer dans l’entre-soi ! La réussite de demain passe par l’altérité.

Enfin, plus que jamais, partir du terrain. Car, bonne nouvelle, cette «école du Nous» existe déjà. Portées par des académies, des collectivités ou un tissu associatif dynamique, les initiatives pour favoriser l’expérience de l’altérité à l’école sont nombreuses et font leur preuve (1). Partons d’elles pour accélérer le mouvement ! Et en parallèle, exigeons de nos députés une dynamique transpartisane à l’Assemblée nationale, pour bâtir un nouveau consensus national sur le sujet : et si la gauche en prenait l’initiative ?

(1) Rapport sur «l’école du Nous» à paraître à la Fondation Jean Jaurès, coécrit avec Cathy Racon-Bouzon, ancienne députée.