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Mort de Dominique Lapierre, écrivain philanthrope

Décédé dimanche 5 décembre, Dominique Lapierre, qui a fait de l’Inde sa seconde patrie, était aussi philanthrope qu’écrivain à succès ayant vendu, avec son « frère de plume » américain Larry Collins, quelque 50 millions d’exemplaires de leurs six romans, dont Paris brûle-t-il ?.

«Ce n’est pas suffisant d’être un auteur de best-sellers, il faut se battre contre ces injustices que vous dénoncez dans vos livres », disait cet ancien journaliste, baroudeur énergique aimant la belle vie. Sa veuve a annoncé au quotidien régional Var-Matin« sa mort de vieillesse » à l’âge de 91 ans.

C’est ainsi qu’après avoir écrit, seul, La cité de la joie (1985), sur un bidonville de Calcutta, il donna une bonne part de ses droits d’auteur à ceux qui l’avaient inspiré. La somme fut rondelette : le roman s’est au total vendu à 12 millions d’exemplaires et fit l’objet d’un film, réalisé par Roland Joffé, en 1992.

Idole en Inde

En 2005, il assurait que, grâce à ses droits d’auteur, des dons de lecteurs et les gains de conférences prononcées dans le monde entier, son action humanitaire « avait permis de guérir en vingt-quatre ans 1 million de tuberculeux, soigner 9 000 enfants lépreux, construire 540 puits d’eau potable et armer quatre bateaux hôpitaux sur le delta du Gange ».

Dans l’État indien du Bengale-Occidental, il était « érigé au rang d’idole », comme le montrait un saisissant reportage de Paris Match en 2012 alors qu’il recherchait de nouveaux financements à ses centres humanitaires pour pallier la baisse de dons, à cause de la crise financière européenne et américaine.

Quand il ne voyageait pas, il occupait une demeure de Ramatuelle (Var), séparée de celle de Collins, décédé en 2005, par un court de tennis, acquise avec les droits d’auteur de Paris brûle-t-il ? (1964, 20 millions de lecteurs, 30 éditions internationales).

René Clément a fait un film de ce récit de la Libération de Paris, le 25 août 1944, avec une pléiade de stars. Les Américains Francis Ford Coppola et Gore Vidal avaient cosigné le scénario.

Dominique Lapierre était né le 30 juillet 1931 à Châtelaillon, dans l’ouest de la France, d’un père diplomate et d’une mère journaliste. Lycéen à Condorcet, à Paris, il devint au début des années 1950 journaliste à Paris Match, parcourant les points chauds de la planète.

Collaboration avec Collins

Après Paris brûle-t-il ?, il poursuit sa fructueuse collaboration avec Collins : Où tu porteras mon deuil (1968, sur le torero El Cordobes), Ô Jérusalem (1972), Cette nuit la liberté (1975, sur l’indépendance de l’Inde), Le Cinquième Cavalier (1980, fiction autour d’une bombe atomique) et le thriller New York brûle-t-il ? (2004).

Les deux hommes se complétaient admirablement. Lapierre enquêtait sur les services secrets français et Collins sur la CIA. Puis le premier écrivait en français et le second en anglais et chacun traduisait l’autre.

Le livre achevé, Lapierre, l’extraverti, qui n’hésitait pas à introduire du lyrisme dans ses pages, partait faire la promotion dans le monde francophone et hispanophone. Plus discret, collant davantage aux faits bruts, Collins (décédé en 2005) allait en vanter les mérites chez les Anglo-Saxons.

Visite chez Mère Téresa

Au début des années 1980, après la parution de Cette nuit la liberté, il débarque avec son épouse chez Mère Teresa, à Calcutta. Il commence par lui donner l’équivalent de 50 000 € en disant : « C’est une goutte d’eau dans l’océan des besoins ». La religieuse (décédée en 1997 et déclarée Sainte par le pape François en 2016) lui répond : « Sans elles, l’océan ne serait pas l’océan. »

Il donne par la suite plusieurs millions de dollars à des programmes de lutte contre la lèpre, le choléra ou la tuberculose, pour la construction de logements ou la distribution de microcrédits.

Parmi d’autres initiatives, Dominique Lapierre, qui parlait couramment le bengali, avait ouvert plusieurs écoles dans la région. Une partie de leur financement provenait de la vente aux enchères (2006, 825 000 €) d’une robe portée par l’actrice Audrey Hepburn, dans le film Diamants sur canapé (1961). Il l’avait reçue en cadeau du couturier Hubert de Givenchy.