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Nomades numériques : le phénomène concerne aussi la Chine

Située dans la province du Yunnan, en Chine, entre le lac Erhai et monts de Cangshan, la ville de Dali est bien connue pour le charme de ses pagodes et de ses vieux quartiers sertis dans des paysages exceptionnels. Paradis des routards, la ville d’un peu plus de 500 000 habitants abrite aussi depuis peu, à dix minutes à pied du centre ancien, un immeuble entièrement voué au coworking. Aménagé à l’occidentale, il est doté d’espaces de bureaux confortables avec vue sur la montagne, d’un café et de chambres destinées à héberger les nomades numériques de passage.

En Chine aussi, les travailleurs à distance sont de plus en plus nombreux, rapporte Bloomberg. En juin dernier, le China Internet Network Information Center, un organisme soutenu par le gouvernement, estimait qu’environ 28 % des internautes chinois vivaient loin des principales métropoles, dans des villes moyennes. C’est par exemple le cas à Anji, dans la province du Zhejiang, à l’est de la Chine, une ville cernée par les forêts de bambous et les plantations de thé vert, ou encore à Jingdezhen, dans la province du Jiangxi, au sud-est du pays, où les autorités comptent sur les travailleurs à distance pour soutenir l’économie locale.

“Les gens en ont assez de la culture d’entreprise chinoise”

Le nomadisme numérique se développe en Chine dans un contexte bien particulier, souligne Bloomberg. “Ce mode de vie semble offrir une voie médiane entre deux attitudes assez radicales à l’égard du travail : la culture “996” répandue dans certaines entreprises technologiques, qui consiste à travailler de 9 heures à 21 heures six jours par semaine, et une forme de contre-culture connue sous le nom de ‘tang ping’ (littéralement : ‘s’allonger à plat’) qui consiste à en faire le moins possible au travail.”

“Les gens en ont vraiment assez de la culture d’entreprise chinoise du type ‘996’”, explique Daniel Ng, installé aujourd’hui à Dali après avoir passé plusieurs années en Malaisie. “À cause du Covid, tout le monde est coincé dans les villes”. Or pour être productifs les gens ont besoin de pouvoir choisir où ils veulent vivre et travailler “Si vous êtes enfermé dans un cube, vous ne pouvez pas être réellement créatif.”

Le travail à distance pourrait également aider à éduire le taux de chômage des jeunes qui oscille désormais en Chine autour de 20 % alors que l’économie ralentit, estime Daniel Ng.

De nombreux défis bureaucratiques à surmonter

Reste que le développement du nomadisme numérique en Chine risque de se heurter à plusieurs obstacles. D’une part, en période de difficultés économiques, de nombreux travailleurs qualifiés préfèrent trouver refuge dans le secteur public, malgré les salaires orientés à la baisse. D’autre part, le système toujours en vigueur du hukou, qui fait office à la fois de livret de famille et de passeport intérieur, ne favorise pas vraiment la mobilité des travailleurs indépendants. “Employeurs et les candidats sont souvent confrontés à des défis bureaucratiques” à cause de ce système qui pourrait notamment rendre difficile l’accès des nomades numériques au système de protection sociale et de retraite.

Enfin, dans la conjoncture actuelle, alors que les grandes entreprises technologiques telles qu’Alibaba et Tencent sont en train de licencier des milliers d’employés, les entreprises chinoises peuvent se montrer plus exigeantes quant à leurs critères de recrutement et plus chiches quant aux avantages qu’elles sont prêtes à concéder à leurs salariés .