France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Nouvel an juif : Tichri, un mois pour revenir à Dieu

► Qu’est-ce que la fête de Roch Hachana, Jour du jugement de l’humanité ?

La première fête qui ouvre le mois juif de Tichri est celle de Roch Hachana (cette année, du dimanche 25 au mardi 27 septembre), le nouvel an juif, Jour du jugement de l’humanité dans la tradition juive. Mais, loin d’être une condamnation définitive, ce jugement divin est en réalité un point de départ, qui ouvre à la possibilité d’une renaissance. « En ce jour, Dieu nous appelle à visiter notre vie et enclencher notre repentir, précise le rabbin Philippe Haddad. Notre créateur nous demande de nous interroger sur la manière dont nous avons exercé notre responsabilité tout au nom de l’année. »

→ RELIRE. Roch Hachana, un nouveau départ pour les juifs

À la synagogue, les liturgies viennent soutenir cet effort d’introspection, notamment grâce aux sonneries régulières du chofar, un instrument à vent taillé dans une corne de bélier dont le son rauque et primitif doit inviter à se ressaisir et accomplir un examen de conscience, la techouva, qui signifie en hébreu « retour » ou « réponse ». Cette démarche de contrition est symbolisée le premier jour de Roch Hachana par la tradition de se rendre près d’un point d’eau pour y jeter symboliquement ses fautes.

Le jugement de Dieu sur l’homme posé à Roch Hachana n’est que temporaire et dépend justement du chemin intérieur entrepris pendant le mois de Tichri, qui doit conduire, idéalement, à expérimenter la joie de la miséricorde divine. La sincérité de l’examen de conscience du croyant sera évaluée par Dieu lors du Jour du grand pardon (Yom Kippour), dix jours plus tard.

Roch Hachana, qui se déroule sur deux jours, est empreint de recueillement « mais non de tristesse car, si chaque homme a commis des fautes, il a aussi à son compte nombre de bonnes actions. Crainte et espoir marquent la fête », détaille Michel Coirault dans son ouvrage Pour connaître les fêtes juives, chrétiennes et musulmanes (Éd. du Cerf). Roch Hachana est d’ailleurs l’occasion de fastueux repas en famille, composés notamment de pommes trempées dans du miel et de bons vins, qui symbolisent la douceur de l’année à venir.

Car c’est précisément à Roch Hachana (« tête de l’année » en hébreu) que l’année commence. Selon la tradition, cette fête marque également le premier jour de l’année civile juive, raison pour laquelle les croyants se souhaitent une bonne année (« Chana tova »).

► Quel chemin spirituel doit être accompli à partir de Roch Hachana ?

Roch Hachana ouvre une période de dix jours, dénommés « redoutables », pendant lesquels les croyants sont invités par Dieu à faire leur examen de conscience (techouva). Ces jours ne sont pas une fête religieuse à proprement parler mais constituent une part essentielle du cheminement spirituel qui mènera jusqu’au Jour du grand pardon, Yom Kippour.

Le judaïsme écartant l’idée d’une perfection humaine, l’homme doit sans cesse « faire retour » à Dieu. La techouva est donc « d’abord un travail de mémoire », explique le rabbin Philippe Haddad. « Il faut se repasser l’année écoulée, prendre conscience de ses failles sur le plan religieux, moral et spirituel et s’engager à poser des actes concrets. »

Par cette intro­spection, le fidèle reconstruit son intériorité et rebâtit sa relation à Dieu. La techouva recouvre également une dimension communautaire et messianique, puisque dans la Torah c’est tout Israël qui est appelé à revenir vers son Dieu. Au terme de ces dix jours de discernement, a lieu le Jour du grand pardon, Yom Kippour.

► Les croyants juifs sont-ils absous de leurs fautes à Yom Kippour, Jour du grand pardon ?

Fête la plus solennelle du calendrier liturgique juif, « le shabbat des shabbats », c’est en ce jour que se scelle le jugement de Dieu, « en suspens » depuis Roch Hachana. Jour de jeûne intégral (nourriture et eau), non travaillé, il est consacré à la prière et à la repentance.

Yom Kippour, les 4 et 5 octobre cette année, s’étire de la tombée de la nuit au lendemain soir, 25 heures en tout, pendant lesquelles les fidèles sont appelés à se réunir à la synagogue pour implorer le pardon de Dieu. L’expiation désirée par les fidèles recouvre les fautes commises durant l’année écoulée depuis le dernier Yom Kippour.

→ VIDÉO. Que fêtent les juifs le jour de Yom Kippour ?

Le Jour du grand pardon, les synagogues sont pleines. Aux fervents viennent se joindre les pratiquants occasionnels et des non-croyants, qui veulent témoigner de leur fidélité et de leur attachement aux traditions. Ils arborent une tenue de couleur blanche, en signe d’aspiration à la pureté et à l’innocence.

Des similitudes existent entre l’absolution de Dieu donnée durant la confession catholique et le pardon accordé par Dieu aux fidèles juifs. Mais aussi des différences. « La religion juive n’implique pas de confession individuelle de ses fautes personnelles, mais une descente vers soi-même et une demande de pardon auprès de ceux à qui l’on a causé du tort », détaille Bernard Collignon, auteur du Petit livre des grandes fêtes religieuses (Éd. Le Bord de l’eau). « Quand le pardon de Dieu est donné, la faute n’existe plus », indique le rabbin Philippe Haddad.

► Pourquoi la fête de Soukkot est-elle appelée « Fête des cabanes ? »

La fête de Soukkot, du 9 au 16 octobre, se déroule quatre jours après Yom Kippour. Lors de cette fête, dont le nom est traduit Fête des cabanes, il s’agit traditionnellement pour les fervents fidèles de délaisser leur habitation habituelle pour habiter une cabane, en souvenir de quarante ans d’errance du peuple hébreu dans le désert après la sortie d’Égypte.

Cette semaine de fête est caractérisée par la joie, récompense de la miséricorde divine accordée à Yom Kippour et du retour à Dieu après l’égarement. À la synagogue, la liesse se caractérise par des rondes chantées et dansées autour de l’estrade où se lit la Torah, notamment au dernier jour où l’on célèbre Sim’hat Torah (« la joie de la Torah » en hébreu). Cette dernière semaine de fête consacre la libération spirituelle.