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Nouvelle-Aquitaine : le contre-la-montre des exploitants de forêts pour écouler le bois brûlé

Dans les Landes comme en Gironde, les parcelles ravagées par les incendies de cet été doivent être nettoyées et reboisées au plus vite.

Le Figaro Bordeaux

Au printemps, il sera trop tard. «Chaque jour qui passe multiplie les risques sanitaires», explique Michel Bazin, secrétaire général de l'Association des entrepreneurs des travaux forestiers (Aetf) de la Nouvelle-Aquitaine. Le gestionnaire forestier girondin, qui était aux côtés des pompiers durant les incendies de juillet, décrit la course contre-la-montre engagée par la filière. Il faut écouler les stocks de bois brûlés. Vite. Toujours sur pieds, pour la plupart morts ou asphyxiés, les pins maritimes adultes sont des proies idéales pour les scolytes. La présence de ces insectes nuisibles, attirés par l'écorce calcinée et le cœur encore vert des arbres, a déjà été repérée sur les 31.000 hectares ravagés par les flammes. Seul l'hiver ralentit encore leur progression qui met en péril les parties saines des exploitations.

L'autre enjeu du chronomètre est économique. Le matériau brûlé, qui a déjà perdu 20% de sa valeur initiale, risque de pourrir s'il n'est pas récolté rapidement. Dans les Landes comme en Gironde, l'ordre du jour est à l'abattage. À une cadence soutenue qui force les forestiers à trouver de nouveaux débouchés. «100% de nos clients ont accepté de reprendre une partie de la récolte brûlée», se réjouit Romain Duprat, un négociant en bois local. Ameublement, parquets, charpentes, les troncs bien «qu'un peu cuits» peuvent encore être valorisés.

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Du bois brûlé transformé en meubles Made in France

Dans le bocage vendéen, à dix kilomètres du Puy-du-Fou, David Soulard n'avait pas consommé de bois brûlé depuis vingt ans dans ses ateliers. Cette année, il n'a pas hésité. «Notre stock baissait, le marché est en tension et j'en avais besoin», admet le directeur du groupe Gauthier, qui confectionne des meubles Made in France . Chaque semaine, 50 tonnes à l'écorce calcinée en provenance des Landes et de la Gironde sont acheminées vers l'usine. La pellicule noire, notamment revendue pour faire du paillage, n'entrave en rien ses ouvriers. Un gagnant-gagnant pour la marque qui «par solidarité» s'approvisionne aux prix du bois vert. «Nos salariés sont très fiers de cette action qui donne du sens à leur métier. Dans ce secteur où le recrutement n'est pas simple, c'est important», souligne Pierre Grolleau, responsable de l'activité de panneaux de l'entreprise.

Les ateliers vendéens Gauthier réalisent des meubles Made in France à partir des forêts qui ont brûlé en Gironde et dans les Landes en juillet 2022. Groupe Gauthier/ DR

La filière n'est pas en «danger»

Une solidarité du monde de la forêt des plus appréciables, bien qu'il faille «relativiser» l'ampleur des dégâts selon Michel Bazin. «Le massif des Landes s'étale sur 1.700.000 hectares. Les incendies de cet été étaient importants, mais ils n'en représentent qu'une petite partie», explique celui qui est aussi vice-président de la commission bois de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (Fnedt).

D'ici deux ans, les parcelles brûlées seront entièrement reboisées. «En 2009, 204.000 hectares ont pris feu. En 1999, c'était 148.000 hectares. La forêt est toujours là et elle croit chaque année en France», insiste-t-il.

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