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Oui, les foyers parisiens les plus aisés consomment davantage d’énergie

Sur les réseaux sociaux, une carte montrant la consommation annuelle d’énergie des foyers parisiens a été très partagée. L’ouest parisien, où est concentrée une population ayant un niveau de revenus plus élevé, affiche les plus fortes consommations annuelles en gaz, électricité et chauffage urbain, selon cette carte. « Les ultra-riches sont les plus pollueurs et ceux qui font le moins pour la sobriété énergétique », s’insurge une page sur Instagram, dans une publication likée près de 11.000 fois.

Capture d'écran d'un post viral ayant partagé la carte de la consommation annuelle réelle de gaz, d’électricité et de chauffage urbain en kwh par habitant par an en 2020 à Paris, réalisée par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur).
Capture d'écran d'un post viral ayant partagé la carte de la consommation annuelle réelle de gaz, d’électricité et de chauffage urbain en kwh par habitant par an en 2020 à Paris, réalisée par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur). - Captures d'écran/Instagram

Des commentaires s’étonnent pourtant de ces données, estiment qu’il s’agit d’un « raccourci » ou que ce n’est « pas très représentatif des consommations des Français ».

FAKE OFF

D’où vient cette carte ? Elle est extraite d’une note rédigée en juin 2022 par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), une association réunissant 29 partenaires, principalement institutionnels comme la Ville de Paris, la préfecture de la région Ile-de-France ou la métropole du Grand Paris. L’objectif de la note était d’abord d’exposer les enjeux de la rénovation énergétique des logements.

Contacté, l’Apur nous indique que la carte a été réalisée à partir des données de consommations réelles d’énergie (électricité, gaz, réseau de chaleur) fournies par Enedis, RTE, GRDF, GRDgaz et la compagnie parisienne des chauffages urbains (CPCU), en se basant sur la maille Iris, c’est-à-dire un découpage statistique de l’Insee regroupant 2000 habitants, ici sur le secteur résidentiel à Paris en 2020. Ces données ont été croisées avec le dernier recensement de la population, effectué par l’Insee et datant de 2018. Le résultat est exprimé en énergie finale (la consommation facturée) et non en énergie primaire (l’énergie produite à cet effet intégrant les pertes liées au transport).

Une surface de logement supérieure

L’Apur estime, à partir d’un échantillon de bâtiments, que la consommation moyenne d’un Parisien avec un niveau de revenu supérieur (plus de 42.220 euros par an et par unité de consommation) est d’environ 7.000 kWh contre environ 4.000 kWh pour un Parisien ayant un revenu moyen ou inférieur (moins de 31.665 euros par an et par unité de consommation).

Si l’Apur soutient qu’il y a bien une corrélation entre le niveau de consommation énergétique et le niveau de revenus, l’interprétation de cette information mérite quelques nuances. L’association l’explique « principalement par la surface de logement disponible par habitant », qui est supérieure pour les populations plus aisées : « Plus de surface à chauffer implique une consommation d’énergie supérieure », précise-t-elle. « Et, ajoute-t-elle, peut-être aussi par des usages et/ou des niveaux de confort plus consommateurs d’énergie. » Cette formulation est plus prudente, car les données de cette carte ne permettent pas de l’affirmer avec certitude.

Plusieurs paramètres à prendre en compte

Pour comparer les consommations énergétiques de logements, « il faut prendre en compte plusieurs paramètres : la superficie du logement, l’année de construction, la classe énergétique, le nombre de personnes vivant dans ce logement, le niveau d’isolation, le nombre d’appareils électriques utilisés et leur niveau de performance, détaille le Cler, réseau pour la transition énergétique. Sans la prise en compte et l’analyse fine de l’ensemble de ces paramètres, il est difficile de tirer des conclusions. »

Dernier point de comparaison : en Ile-de-France, un Parisien consomme en moyenne environ 5.400 kWh d’énergie finale par an contre 6.400 kWh pour un Francilien et 9.000 KWh pour un Francilien résidant dans une maison individuelle. « La prépondérance de l’habitat collectif, la forte compacité de la forme urbaine parisienne ainsi que les effets d’îlot de chaleur expliquent le niveau modéré observé à Paris », indique l’Apur.