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« Paris-8, la fac hip-hop », sur Arte : quand l’université fait entrer les « indigènes » de la banlieue dans ses murs

Dans une série en dix épisodes, Pascal Tessaud raconte la révolution culturelle qui vit la fac de Vincennes-Saint-Denis ouvrir ses portes à une culture en pleine émergence et en mal de reconnaissance.

ARTE.TV – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Routine de « vandaliseur » du début des années 1990 : Juan Mag 93 entre dans une rame de métro francilien. Il profite de quelques minutes de trajet entre deux stations pour taguer son blase à côté de ceux des autres. Il raconte : « Un mec se lève, un vieux. Il me demande ce que je fais et me dit que ça l’intéresse… Il m’invite à l’université ! »

Trente ans plus tard, l’ancien tagueur n’en revient toujours pas. L’homme en question, c’était Georges Lapassade, sociologue et universitaire (décédé en 2008). Avec lui, le hip-hop allait entrer à Paris-VIII (Vincennes-Saint-Denis).

Dans une série documentaire en dix courts épisodes, Pascal Tessaud raconte cette rencontre éphémère entre les « indigènes » de la banlieue parisienne, un enseignant et un mouvement culturel qui cherche alors son identité. Tagueurs, grapheurs, « B-Boys » (les breakeurs), ils étaient la face cachée de la société française. Des « zoulous », selon le mot de Georges Lapassade, en référence à la tribu résistante aux colonisateurs sud-africains du XIXe siècle.

Chaudron créatif

Ouvrir la faculté aux fils et filles de la banlieue, « c’était mettre à mal de nombreux dogmes, explique Juan Massenya, ancien rappeur. L’université a décloisonné. » A une jeune population éloignée des canons pédagogiques de l’école, Paris-VIII propose des moyens, des locaux, sa radio, une salle de montage. « On pouvait enregistrer, écouter sa voix, un exploit ! », se souvient le rappeur Ménélik.

« Quand on traîne dans la fac, Lapassade nous donne des bombes », relate Swen, jeune tagueur, qui raconte la taylorisation de ses talents : « Un jour, on a fait un hangar de métro, on a massacré trente métros en une soirée, on a innové en faisant des descentes à ving-cinq ou trente. On a révolutionné le tag. »

Mais, derrière les tags, fleurissent d’autres expressions. Banga, grapheur, se voit proposer de monter une unité de valeur sur l’art de la rue. L’université se mue en chaudron créatif. « Un lieu pour se rencontrer, un brassage, un bouillon », témoigne le street-artiste. Un univers « foisonnant », poursuit MC Solaar. Grapheurs et rappeurs sont, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les pionniers d’une contre-culture devenue aujourd’hui mainstream.

Cette université s’est ouverte dans la veine de ses origines, quand, après Mai-68, elle fut créée à Vincennes (Val-de-Marne) pour éloigner hors de Paris les trublions étudiants dont les autres établissements ne voulaient plus.

La bulle hip-hop de l’université dionysienne éclate rapidement. Les hypothèses ethnologiques que tentent d’appliquer Lapassade au mouvement divise, jusqu’au sein des artistes. « C’est juste un prof qui essaie de nous coller à ses théories, estime le graffeur Mode 2. Par définition, notre culture est anti-académique, anticonstitutionnelle. » L’aventure s’arrête en 1992. Mais Paris-VIII reste un chaudron, toujours en ébullition.

Paris-8, la fac hip-hop, série documentaire de Pascal Tessaud (Fr., 2017, 10 × 8 min). Sur Arte.tv jusqu’au 20 juin 2024.

Eric Nunès

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