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Patrick Rambaud quitte l'académie Goncourt pour des raisons de santé

À 76 ans, le juré ne donnera plus sa voix pour le plus prestigieux des prix littéraires. Son remplacement sera sans doute difficile car il part au moment où le jury semble divisé.

C'était sa dernière bataille en tant que juré de l'académie Goncourt : Patrick Rambaud quitte le prestigieux jury après sa dernière délibération le jeudi 3 novembre qui avait vu Brigitte Giraud emporter le Prix Goncourt après quatorze tours de scrutin et la voix double du président. On le savait, l'auteur de La Bataille, l'un des rares doublés historiques (Goncourt, Grand Prix du roman de l'Académie française en 1997) n'était pas en bonne santé et désirait s'éloigner des joutes littéraires. C'est désormais chose faite, la chose a été rendue publique via un communiqué de la société littéraire sur Twitter : «L'académie Goncourt annonce la nomination pour raisons de santé, de Patrick Rambaud comme membre honoraire.» Autrement dit, il ne siégera plus au sein du jury, à 76 ans, il laissera son couvert, le numéro 5, celui de Daniel Boulanger, mais aussi d'Aragon et de J.-H. Rosny jeune, à un(e) autre juré(e).

Patrick Rambaud part au moment où l'assemblée dirigée par Didier Decoin semble plus divisée que jamais – on l'a vu après la dernière délibération (voir notre édition du 4 novembre). S'entendre sur le profil de celui ou de celle qui lui succédera ne sera pas chose aisée après les oppositions de novembre. D'autant que l'académie Goncourt renouvellera également son bureau (président, vice-président, secrétaire, trésorier) lors de son premier déjeuner de l'année, qui devrait se tenir le 3 ou le 10 janvier.

Homme un peu bourru, qui ne fait pas d'effort particulier pour plaire mais suscite de la sympathie, Rambaud avait rejoint l'académie Goncourt en même temps que Tahar Ben Jelloun, c'était en mai 2008. L'occasion pour Bernard Pivot, juré à l'époque, de faire un bon mot, très drôle, qui sans doute passerait moins aujourd'hui : «La preuve que l'Académie Goncourt n'est pas raciste, elle a élu un Arabe et un nègre !», référence à son activité d'auteur-collaborateur comme on dit maintenant pour signifier que Rambaud avait beaucoup écrit pour les autres. Il avait été choisi «pour sa gouaille, sa liberté de ton, son amour de la bonne chère», selon les mots de la présidente de l'époque, Edmonde Charles-Roux.

On ne sait pas si c'est réglementaire, mais l'usage veut que le prochain juré soit choisi à l'unanimité. Car, et c'est une tradition à l'Académie Goncourt, chaque juré a un droit de veto : une boule noire signifie le refus catégorique, il y en a déjà eu quelques-unes. Un profil rassembleur s'impose.