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Peau, cœur, sommeil, concentration, surpoids, stress... quand le froid s'avère un précieux allié de notre santé

Et si les températures négatives de nos nuits et que le thermomètre résolument en berne de nos journées était une bonne nouvelle pour notre santé ? En balade bien couvert, sur les pistes de ski et même... dans la mer, il y a mille façons de se frotter au froid. Myriam Willemse, attachée de recherche, et Philippe Stéfanini, chercheur CNRS à l'université d'Aix-Marseille, en ont fait un livre, "Se baigner dans l'eau froide".

Myriam Willemse, s'est spécialisée dans la nutrition sportive et la régénération cellulaire par la pratique des bains en eau froide. Elle a co-écrit "Se baigner dans l'eau froide" (Ed. Jouvence, septembre 2022), fruit de recherches menées depuis 2015 avec le Dr Philippe Stéfanini, sensibilisé aux vertus du froid à l'occasion de plongées dans les glaces du Groenland

Myriam Willemse a étudié les marqueurs biologiques de groupes de personnes immergées en eau froide..
Myriam Willemse a étudié les marqueurs biologiques de groupes de personnes immergées en eau froide..

Quels sont les effets physiologiques du froid ?

Le froid relance la microcirculation en créant une vasoconstriction, avec une action très positive sur le système cardiovasculaire. Il a un impact sur la circulation sanguine, lymphatique. Il accroît le besoin en oxygène de nos organes, et l'oxygénation cellulaire est à son maximum, il y a plus d'oxygène dans le sang. On assimile mieux les nutriments et les oligoéléments, on élimine les toxiques... le froid a une action globale. 

Les effets sont multiples, vous citez "11 bonnes raisons" de s'exposer au froid, quelles retiendriez-vous en priorité ?

Les propriétés anti-inflammatoires, le froid ralentit la conduction du message nerveux, il a un effet antalgique, c'est très intéressant quand on souffre d'arthrose, et les sportifs connaissent bien l'intérêt pour la récupération. Pour le sommeil, aussi, et il agit sur l'humeur. Le froid permet la libération de sérotonine, l'hormone qui régule l'appétit, l'humeur, le sommeil, les endorphines... Je retiendrai surtout l'action sur la perte de poids, car lorsque le corps a froid, il va brûler plus d'énergie pour se réchauffer, mais aussi l'effet anti-stress, et la stimulation du système immunitaire.

C'est un sujet qui suscite beaucoup de recherche ?

Énormément. Moi, j'accompagne des personnes en eau de mer et on étudie différent paramètres métaboliques, avant et après le bain : la température au niveau du front et aux extrémités, les mains et les pieds, où la déperdition est la plus importante. On mesure aussi le PH de l'urine, on s'aperçoit que le froid stimule l'évacuation de l'acide urique... Nos groupes sont composés d'hommes et de femmes, selon des panels et des constitutions différentes, plus jeunes et plus âgées aussi.

Qu'est-ce que la graisse brune, qui se développe dans un corps entraîné à supporter le froid ?

Le gras brun est un gras favorable au bon fonctionnement du métabolisme, il est stimulé par la pratique sportive, et l'évolution dans une atmosphère froide. Sous l'effet d'une hormone, le mauvais gras, le gras "blanc" se transforme et est évacué. Les personnes qui ont du gras brun, qui n'est pas situé aux mêmes endroits et qu'on trouve sur les clavicules par exemple, ont une capacité à produire plus de chaleur. On brûle plus de calories en devenant plus résistant.

Bien connaître les effets du froid
Bien connaître les effets du froid Midi Libre - Antoine Llop

Une bonne condition physique et pas trop de tension

Vous travaillez surtout sur l'immersion dans l'eau froide, qui peut, dites-vous, commencer dans sa salle de bain...

En prenant des douches froides, on brûle des calories et on tonifie la peau. Je conseille de partir des pieds, remonter jusqu'à la nuque, on peut alterner le chaud et le froid.

Le froid hors de l'eau, en balade par exemple, chez soi, avec des températures ramenées à 19°C maximum si l'on suit les recommandations, a un même intérêt ou l'eau froide agit sans commune mesure sur nous ?

L'eau a un effet potentialisateur et présente l'intérêt de diviser notre poids par dix quand on est immergé, c'est intéressant pour les articulations. En eau de mer, il y a aussi des oligoéléments et les minéraux. Il n'est pas nécessaire de rester très longtemps dans l'eau. Il suffit de ressentir des picotements, ce qui signifie que la micro-circulation est activée. Ce qui compte, c'est la régularité, trois à cinq fois par semaine, et de rester une à trois minutes dans l'eau lorsque l'eau est entre dix et quinze degrés. Pas besoin de faire des exploits. Plus longtemps si on est équipé avec une combinaison.

Le longe-côte est à la mode, il faut être vigilant ?

Là, il faut être équipé, avec une combinaison, des chaussons, des gants, et il faut faire attention aux pathologies cardiovasculaires. Et plus on est âgé, plus on mettra du temps à se réchauffer. Mais on peut s'habituer à la pratique des bains en eau de mer. Il ne faut pas avoir froid. Et il faut avoir une bonne condition physique, ne pas avoir trop de tension. En revanche, la douche écossaise, tout le monde peut le faire.

Vous dites que Wim Hof, le Hollandais qui multiplie les records d'exposition au froid, a influencé vos recherches, il y a eu en novembre, un record de bain glacé à Gruissan, ces performances changent le regard sur ces pratiques ?

Quand on réunit 200 personnes comme à Gruissan, avec des personnes d'âge, de sexe, de constitution différente, on peut s'identifier.