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Peut-on espérer un choc d’attractivité et de fidélisation des métiers du soin ?

Comment bien se soigner, bien vivre, bien vieillir ? Rendez-vous à Caen, les 9 et 10 décembre au MoHo avec le LibéCare pour débattre avec médecins, intellectuels et experts. En attendant l’événement, réalisé en partenariat avec la région Normandie, la MGEN et l’ADMD, Libération publiera dans un espace dédié articles, tribunes et témoignages.

D’une hypothèse jusqu’alors assez lointaine, la pénurie de personnel soignant dans les établissements sanitaires et médicosociaux est devenue une réalité soudaine et concrète au sortir de la pandémie Covid-19. Plus de 30 000 postes sont vacants et les démissions s’accentuent avec comme conséquence des fermetures de lits, une détérioration des conditions de travail et un risque de dégradation de la qualité des soins et de l’encadrement des plus jeunes. Si une proportion importante de professionnels rejoint le secteur libéral, une part mal évaluée réalise une reconversion professionnelle, constituant une forme de «gâchis».

Pistes d’amélioration nombreuses

Les prémices et les ingrédients de cette crise étaient pourtant bien antérieurs : intensification progressive du travail favorisée par la tarification à l’activité et les contraintes budgétaires ; progression insuffisante des ressources humaines ; complexification des prises en charge sans accompagnement proportionnel de l’encadrement de proximité ; augmentation des tâches administratives aux dépens du temps consacré à la relation et au soin ; niveaux de rémunération trop faibles au regard des contraintes des métiers (1) générant un sentiment de faible reconnaissance ; tensions voire conflits entre professionnels ; manque de perspectives dans les carrières… Il y a ainsi, chez les professionnels du soin, une grande insatisfaction, une démotivation et une perte du sens des missions.

Les métiers du soin peuvent-ils encore faire rêver ? Oui, comme le montre le succès formations en santé, en particulier la formation d’infirmier, qui est la plus demandée sur Parcoursup. Mais, encore faut-il que le métier rêvé devienne une réalité. Les pistes sont nombreuses, même si pas vraiment nouvelles : revalorisation financière (Ségur de la santé en 2020), amélioration de l’environnement de travail, augmentation des ratios de personnels pour une meilleure gestion des effectifs et des horaires, nouvelles méthodes de management (dynamique collective pluriprofessionnelle, processus de décision plus participatifs avec la hiérarchie et les médecins, communication, gestion des conflits…) et évolution des modes de paiement hospitaliers.

Agir collectivement

Cependant, l’attractivité et la fidélisation passent aussi par la formation. Il est essentiel que la formation initiale réponde aux besoins : nombre de professionnels à former (repenser la politique des quotas) et compétences. Les résultats des expérimentations d’intégration universitaire telles que celle menée entre l’université Caen-Normandie et l’ensemble des instituts de formation du territoire sont très attendues. Un niveau de qualification élevé diminuera le sentiment d’insécurité des plus jeunes. Pour les professionnels déjà en exercice, l’acquisition de nouvelles compétences, l’évolution vers plus d’autonomie, vers de nouveaux métiers ou vers des carrières universitaires et les passerelles entre les métiers sont autant de facteurs d’émulation et de motivation susceptibles d’attirer et de maintenir les professionnels dans le système de soins.

La profondeur apparente de la crise actuelle dans les métiers du soin doit nous inciter agir collectivement sur tous les fronts et en urgence.

(1) Intensité du travail, contraintes physiques, contraintes horaires spécifiques, charge émotionnelle, interruptions de tâches.