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Photos, vidéos… Ces parents qui publient la vie de leurs enfants en ligne

La vie de nos enfants doit-elle être partagée avec les autres internautes ? Anniversaires, vacances, scènes familiales… doivent-ils faire le tour du Web, collecter des « likes » et des cœurs pour être tout à fait réussis ? Une étude publiée par l’Observatoire de la parentalité numérique (Open), ce lundi 6 février, montre que les familles apportent des réponses très différentes à ces questions.

Il y a, tout d’abord, les tribus connectées, pour lesquelles l’exposition des enfants va de soi. Ainsi, 53 % des parents expliquent avoir « déjà partagé du contenu sur leurs enfants », soit dès la naissance (43 %), soit un peu plus tard, au cours de ses cinq premières années (91 %). Le réseau social le plus utilisé reste alors Facebook (93 %), loin devant Instagram (37 %) et Snapchat (21 %). Cette première catégorie de parents est jeune (55 % ont moins de 36 ans) et se compose surtout de mères, dans 49 % des cas, contre 36 % de pères.

A contrario, il existe aussi des tribus réfractaires, qui ne postent jamais ni photos ni vidéos de leurs chères têtes blondes. Pas si rares, elles représentent tout de même 47 % de l’ensemble des familles, et se distinguent par deux caractéristiques : elles sont plus âgées et les plus diplômées que les autres.

Une proposition de loi a été déposée

Pour rappeler les uns et les autres à leurs responsabilités, et mieux protéger la vie privée des enfants, le député Bruno Studer (Renaissance) a déposé récemment une proposition de loi visant à protéger l’image des enfants en ligne, en en faisant expressément un élément de l’autorité parentale pouvant être retiré, en cas de mésusage.

Autre apport de l’étude : un second volet précise le profil plus spécifique des parents influenceurs, qui tirent un revenu commercial de l’exposition continue de leurs enfants. Swann et Néo, la famille Coste… Certains de ces comptes familiaux sont suivis par des millions de « followers » et partagent les moindres faits et gestes de ces enfants, qui grandissent sous l’œil de la caméra. Ces familles sont rares (1,1 % des parents français, estime l’Open). Plus rares encore sont celles qui attirent les foules : « la majorité sont des nanoinfluenceurs » suivi par moins de 10 000 internautes, note l’Open.

Jusqu’à 5 000 € par mois

Pour autant, près de la moitié en vivent. Partenariats juteux avec des marques, placements de produits dûment rémunérés, cadeaux… 70 % de parents influenceurs déclarent gagner jusqu’à 5 000 € mensuels et 77 % ont au moins un partenariat en cours avec une marque.

Une manne propice à certains abus. Cette activité peut être très exigeante pour de jeunes enfants – 85 % des parents influenceurs exposent leurs enfants au moins une fois par semaine – qui se voient imposer des cadences de tournage élevées. Ce phénomène, mis en lumière, par exemple, par Delphine de Vigan dans son roman Les enfants sont rois, sorti en 2022, est désormais dans le viseur de la loi. Depuis la loi du 19 octobre 2022, l’exploitation commerciale de l’image des enfants est encadrée. L’argent notamment doit leur être reversé à 18 ans. Le Code pénal, de son côté, punit l’atteinte à l’intimité de la vie privée d’un mineur.