France
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Piégée par les déboires de son parc nucléaire, la France va importer massivement de l'électricité

De très exportatrice d'électricité, la France est devenue « très légèrement importatrice » cette année. Un changement de paradigme provoqué par les faible niveau de production d'électricité nucléaire. La moitié de son parc de réacteurs sont, en effet, indisponibles en raison de maintenances programmées, mais parfois prolongées, ou de problèmes de corrosion.

Une situation qui sera exacerbée cet hiver d'après le président du directoire de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité. « Il faut parier sur un hiver où on sera très importateur parce qu'on a besoin de cette électricité », a déclaré Xavier Piechaczyk ce jeudi 1er décembre au micro de Franceinfo.

« Historiquement, la France était très exportatrice parce qu'elle avait un parc nucléaire très gros, là il s'avère qu'il a des difficultés passagères (...) (qui) vont se résoudre, mais ça va prendre quelques années. Pendant ce temps, on importe de l'électricité », a-t-il expliqué. Et d'assurer : « Aucun pays ne rechigne à nous faire passer de l'électricité si on en a besoin ».

L'Hexagone se fournit en Allemagne, au Royaume-Uni, au Benelux, en Espagne... et va donc continuer cet hiver. « On sera globalement, nous la France, importateur cet hiver de l'ensemble des pays qui nous entourent », a précisé le président de RTE.

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Importer pour éviter les coupures

Xavier Piechaczyk a profité de cette interview pour dresser les ambitions françaises pour cet hiver en matière de production nucléaire. « Aujourd'hui, on est à 35 GW (de capacité nucléaire disponible) au 1er décembre, l'objectif, c'est d'atteindre 40-41 GW au 1er janvier, et de finir le mois de janvier autour de 43 GW, sur 61 GW » de capacité nucléaire installée. Il s'est d'ailleurs dit « assez confiant » sur la capacité d'EDF à tenir cette trajectoire.

En parallèle, la France a une capacité physique d'importation de 15 GW, ce qui représente « une part utile » pour faire face à une pointe de consommation électrique de 90 GW, et « contribue à pouvoir éviter les coupures », a-t-il expliqué.

Si l'ombre de coupures d'électricité cet hiver est pour l'instant seulement une hypothèse, ce scénario est toutefois envisagé par le gouvernement. Il va d'ailleurs adresser une circulaire aux préfets afin qu'ils anticipent et préparent leurs départements à cette éventualité. 60% de la population française pourrait être concernée, mais aucun site critique ni client prioritaire. Il y a « une situation à risque mais il ne faut pas considérer ces coupures comme une fatalité », a rassuré Xavier Piechaczyk, en rappelant la nécessité de baisser la consommation.

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La consommation d'électricité des Français toujours en baisse

Bonne nouvelle : la consommation d'électricité en France a diminué de 6,7% la semaine dernière par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019). Une diminution d'ailleurs plus conséquente encore que la semaine précédente (-5,8%), d'après le dernier bilan de RTE publié en début de semaine.

Mais, une nouvelle fois, cette diminution hebdomadaire est « largement concentrée dans le secteur industriel, dans un contexte de hausse des prix de l'énergie ». Et si la baisse « commence à se voir chez les particuliers, de l'ordre du pourcent », Xavier Piechaczyk s'affiche un peu inquiet : « on ne voit pas encore de baisse de consommation dans le (secteur) tertiaire, ça, c'est un problème ».

Une baisse de consommation qui s'expliquerait d'ailleurs en grande partie par la météo clémente de ce mois de novembre d'après le rapport de RTE. « À l'exception de quelques jours isolés en novembre, les températures restent bien supérieures aux normales (de saison) depuis plus d'un mois », réduisant les besoins d'électricité pour se chauffer notamment chez les particuliers. À voir donc comment les Français se comporteront quand les vraies températures hivernales arriveront.

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(Avec AFP)