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Planification écologique : sur les voitures électriques, la feuille de route à trous de Macron

Encore marginales il y a cinq ou six ans, les ventes de voitures électriques battent presque chaque mois des records, à tel point que leur part de marché a dépassé 20% pour la première fois en Europe le mois dernier. Mais avec 1,2% des véhicules en circulation en France en 2023, il va falloir cravacher pour atteindre l’objectif fixé par l’exécutif : 7% de véhicules 100% électriques en 2027 et 15% en 2030. Bonus écologique, leasing social, développement des bornes de recharge… Emmanuel Macron devait ce lundi 25 septembre préciser quelques mesures ou objectifs industriels qu’il souhaite mettre en place pour accompagner la fin du thermique et ainsi préserver la planète de 11 millions de tonnes d’équivalent CO2 d’ici la fin de la décennie. Mais le flou subsiste sur plusieurs points cruciaux.

A commencer par le montant du bonus écologique, qui était pourtant l’un des points les plus attendus. Aujourd’hui, il est de 5 000 euros pour tous les Français sans condition de ressources, et de 7 000 euros pour les plus modestes, pour l’achat ou la location d’un véhicule dont le prix est inférieur à 47 000 euros. A partir du 10 octobre, on savait déjà que le véhicule devrait par ailleurs «bénéficier d’un score environnemental minimal pour être éligible à cette aide», détaille l’Etat. Et si la liste des «bagnoles» n’est pas encore connue, l’idée protectionniste, sans le dire, développée en mai était de privilégier celles produites en Europe. Lundi, Emmanuel Macron n’a pas du tout abordé les évolutions concernant le bonus, laissant sur leur faim les automobilistes comme les spécialistes du secteur.

Le leasing social fin novembre

On a en revanche eu une – petite – précision sur le leasing social. Si les contours de cette mesure étaient plus ou moins connus, l’ampleur et les modalités de l’aide gouvernementale restaient à préciser. Ce lundi, le chef de l’Etat a annoncé que le dispositif serait «révélé en novembre» et concernerait «quelques dizaines de milliers» d’unités. Cette promesse remonte à la dernière campagne présidentielle, lorsque le candidat Macron déclarait vouloir, chaque année, 100 000 voitures électriques en location longue durée avec option d’achat à 100 euros par mois pour certains travailleurs et les classes populaires. Mais si les crédits ont bien été votés dans le budget 2023, le lancement du dispositif avait été décalé à l’an prochain. Dans la foulée de l’allocution de Macron, on apprenait de l’Elysée que les crédits seraient bien votés dans le projet de loi de finance 2024 mais que les Français pourraient louer dès la «fin novembre» des véhicules dont une première liste sera connue et qui sera amenée à évoluer. Et l’Elysée d’ajouter : «On est sur des déciles de population qui, d’habitude, n’ont pas accès à des véhicules neufs. Ce sera une vraie plus-value pour ces ménages-là.»

Si le bonus et le leasing doivent être réservés aux véhicules européens, encore faut-il que l’industrie suive. Dans son allocution de ce lundi, Macron a affirmé qu’un million de véhicules électriques seraient produits en France d’ici à 2027 et que l’Hexagone serait exportateur de batteries grâce aux gigafactories qui doivent sortir de terre dans les prochaines années, notamment à Douvrin ou Dunkerque. Reste l’épineuse question du prix : les modèles assemblés en Chine sont aujourd’hui, à qualité et autonomie équivalente, plusieurs milliers d’euros moins chers que ceux produits en Europe. La réforme du bonus écologique devrait avoir pour conséquence d’uniformiser en partie les tarifs… en les rapprochant des prix élevés du Vieux Continent. Mais cela ne résoudra pas, pour l’instant, la question de la cherté des modèles qui ont une plus grande autonomie, et sont donc les seules à permettre de «faire de la route».

Objectif : 400 000 bornes de recharges publiques en 2030

Mais au-delà du prix, la démocratisation de la voiture électrique passe aussi par un accès facilité aux points de recharges. Aujourd’hui, pour un Français qui habite en pavillon ou possède une borne à son travail, faire le plein d’électrons est encore plus simple que d’aller à la pompe. Mais l’affaire est plus ardue pour les 13 millions de Français qui résident en logement collectif, chez lesquels l’installation de points de recharge sur leur place de parking reste longue et fastidieuse. L’autre point à améliorer concerne les déplacements. «Grâce aux aides de l’Etat, nous venons de dépasser 100 000 bornes dans l’espace public», affirmait Elisabeth Borne en mars. Avec deux leviers : 100 millions d’euros pour permettre l’équipement des aires de service des grands axes routiers et 300 millions pour des stations de recharge rapide.

De quoi booster des boîtes comme Electra, Allego, Fastned ou encore IECharge qui multiplient les ouvertures de bornes à recharge rapide sur tout le territoire, sans compter les grandes surfaces comme Leclerc, Lidl ou Carrefour. Se déplacer en voiture électrique réclame toujours une petite anticipation pour certains modèles à autonomie encore limitée, mais les planificateurs embarqués dans les véhicules ou les multiples applications pour smartphone n’ont plus aucun mal à trouver les lieux de recharge. Reste que certains départements et lieux de vacances demeurent encore sous-dotés au vu des objectifs affichés. En mai, le gouvernement affichait un objectif de 400 000 bornes d’ici à 2030. Cela suffira-t-il à une France où devraient rouler entre 16 et 18 millions de véhicules électriques en 2035, scénario sur lequel s’appuie RTE, le gestionnaire de l’électricité, pour son bilan prévisionnel ? Pour les bornes comme pour l’accessibilité des voitures électriques, il y a en tout cas urgence : dès 2035 la vente de véhicules thermiques et hybrides sera interdite dans l’Union européenne.