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Plateforme MonMaster : le "Parcoursup" de l'enseignement supérieur qui inquiète le monde étudiant

Mise en service ce mercredi 1er février 2023, la plateforme doit fluidifier les demandes des étudiants pour l'inscription dans ce second cycle universitaire. Mais pour beaucoup, il s'agit de gérer la pénurie de places et de rendre la sélection encore plus dure.

Le droit pour chaque étudiant à une place dans le cursus de son choix après la licence : c'est un combat permanent pour les membres du Syndicat de combat universitaire (SCUM), désormais majoritaire à Montpellier. Ils ont obtenu en octobre 2022 devant le tribunal administratif l'intégration de six étudiants recalés par l'Université de Montpellier. Leur avocat avait plaidé l'illégalité de la sélection pratiquée alors que l'Université avait tardé à faire voter ses capacités d'accueil en Master.

Une brèche qui ne fonctionnera pas tous les ans mais révélatrice du malaise lié à la sélection. Et les étudiants voient plutôt comme une nouvelle barrière le portail "MonMaster" qui ouvre ce mercredi pour fluidifier et optimiser les demandes d'inscription.

"On nous remet la pression, comme avec Parcoursup"

"Ces arguments sont fallacieux, balaye Matéo Safti, du Scum. MonMaster va avancer et précipiter tous les calendriers, obliger les étudiants à choisir un Master alors qu'ils n'auront même pas effectué les partiels du second semestre, à boucler leur candidature en plein dans les examens... Bref, ils nous mettent la même pression qu'en 2018 avec Parcoursup"

A lire aussi : Vœux sur Parcoursup : complexité, stress des élèves... pourquoi faut-il repenser les dispositifs d'orientation ?

"MonMaster n'est pas identique à Parcoursup car il n'y a aucun algorithme derrière, précise Philippe Augé, président l'Université de Montpellier. Les démarches vont être simplifiées et les désistements mieux repérés qu'avant. J'espère qu'elle sera à la hauteur des promesses car les attentes sont fortes."

Une plateforme pour fluidifier les inscriptions

Le ministère de l'enseignement supérieur a donc annoncé l'ouverture de Mon Master, "plateforme unique pour consulter toute l’offre de formation en diplôme national de master et y candidater". Le catalogue de formation, qui succédera au site « Trouvermonmaster », sera en ligne dès ce 1er février 2023. Les étudiants pourront y candidater en 1re année de diplôme de master dès le 22 mars 2023 et jusq'au 18 avril.

Ils pourront effectuer 15 choix de masters classiques et 15 en alternance, sans hiérarchiser leurs voeux. En terme d'avancées, le ministère insiste sur le calendreir unifié et la nécessité de déposer un seul dossier pour toutes les demandes alors qu'il fallait précédemment un dossier pour chaque candidature.

Les candidatures seront examinées entre le 24 avril et le 16 juin. Les établissements restent responsables des admissions de candidats et l'examen des dossiers par les formations s’appuiera, comme aujourd’hui, sur l’appréciation du projet des candidats, de leur motivation, de leur parcours et des relevés de notes.

De fortes inégalités selon les régions

Première à l'avoir expérimentée, cette génération est profondément marquée par Parcoursup, qui effectue le même tri chez les bacheliers candidats au supérieur. Le Scum a d'ailleurs convaincu le Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire (CEVU) de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 de ne pas fixer de capacités d’accueil en licences et masters pour l’année universitaire 2024-2025.

"C'est un acte purement symbolique car ce n'est pas le CEVU qui vote les capacités d'accueil, précise Anne Fraïsse, présidente de Paul-Valéry. Au bout du compte, c'est d'ailleurs le recteur qui fixe le nombre de places. La réalité, c'est que toutes les universités de France ne sont pas logées à la même enseigne. Nous avons très peu de "sans fac" alors qu'il y en a énormément en région parisienne."

Anne Fraïsse : "Refuser des dossiers à 14 c'est un crève-cœur"

Concernant MonMaster, la présidente montpelliéraine est lucide : "Le système ne sera pas sélectif s'il y a suffisamment de places dans les endroits tendus... Car contrairement à Parcoursup, qui offre un choix très large à des lycéens aux aspirations parfois variées, vous ne pouvez offrir qu'un master de psycho à quelqu'un qui possède une licence de psycho. L'envoyer en histoire serait une hypocrisie et refuser des dossiers à 12 ou 14 de moyenne, comme on le fait, c'est un crève-cœur."

Droit et psychologie font partie des matières en tension. Surtout si l'Etat ne tient pas ses engagements financiers. "Nous avons créé quatre nouveaux parcours de masters en psycho il y a trois ans sur les fonds du plan de relance européen mais l'Etat ne nous les paye plus.  Ce qui m'incite à penser qu'il ne va pas créer de nouvelles places", regrette Anne Fraïsse.

L'étincelle de trop pour le monde étudiant ?

Faut-il creuser les déficits ou supprimer ces nouveaux parcours ? Cruel dilemme. Philippe Augé rappelle toutefois que "le nombre de places disponibles dans un parcours répond en partie, aux capacités d'encadrement (enseignants, locaux)" et que "dans le processus décrié de "sélection" , il faut comprendre que les commissions cherchent à recruter celles et ceux qui ne seront pas en échec."

Pour le président du site montpelliérain, "donner des moyens supplémentaires serait une bonne chose mais  j'appelle de mes vœux une loi de programmation sur la formation qui pose tous les problèmes."

Sur fond de grogne contre la réforme des retraites, MonMaster pourrait faire figure d'étincelle sur une poudrière : "On sent beaucoup d'étudiants très remontés avec en prime leurs problèmes de pouvoir d'achat", prévient Matéo alors qu'une coordination nationale appelle à la mobilisation. 

Ce 31 janvier, les étudiants seront dans la rue pour défendre les retraites aux côtés des syndicats. Le 2 février, ils seront devant le rectorat de Montpellier pour protester contre "MonMaster". Une génération du baby-boom de 2000 qui n'est pas prête à sacrifier ses droits.