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Politique familiale : le budget prévoit un soutien massif pour les parents isolés

Le budget 2023 sera « très famille », promet l’entourage du ministre des solidarités Jean-Christophe Combe. Dès lundi 26 septembre, celui-ci doit défendre l’extension de l’aide aux familles monoparentales promise par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. En rupture avec les budgets précédents – où la politique familiale était la portion congrue –, une enveloppe généreuse de 1,8 milliard d’euros est proposée cette année, dont près de la totalité (1,5 milliard d’euros) profitera aux parents qui élèvent seuls leurs enfants.

Deux mesures doivent voir le jour. Pour lutter contre les impayés de pension alimentaire, le montant de l’allocation de soutien familial (ASF) – destinée à compenser la perte, le temps que l’État récupère les fonds auprès du mauvais payeur – va augmenter de 50 %, passant de 123 à 185 € par mois. Une telle hausse, « d’une ampleur rare », estime le sociologue spécialiste des questions sociales Julien Damon, représente 900 millions par an pour les caisses de l’État. Par ailleurs, les parents isolés pourront financer une nounou, après l’école et le mercredi, via le complément de mode de garde (CMG) jusqu’aux 12 ans de leur enfant, et non pas jusqu’à 6 ans comme pour les autres familles. Cela représente un coût de 450 millions par an.

Une urgence sociale

Un tel effort est une réponse à une urgence sociale : 41 % des enfants mineurs qui grandissent dans une famille monoparentale vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, contre 21 % de l’ensemble des enfants, notait l’Insee en 2018. Cette réalité, parfois sous-estimée, est apparue au grand jour lors de la crise des gilets jaunes, pendant laquelle de nombreuses mères isolées criaient leurs fins de mois difficiles sur les ronds-points. Ce nouvel effort financier constitue un recentrage inédit de la politique familiale sur une seule catégorie de bénéficiaires et consacre une visée clairement sociale, déconnectée de tout soutien à la natalité.

Une telle inflexion, nécessaire, doit rester un premier pas, estime l’Union nationale des associations familiales (Unaf). « Nous espérons que l’allongement jusqu’à 12 ans des aides à la garde d’enfant va bientôt bénéficier à d’autres types de familles, notamment aux parents d’enfants porteurs de handicap ou aux familles nombreuses, avance la présidente, Marie-Andrée Blanc. Il est bien certain qu’il y a un problème spécifique pour les parents isolés. Un enfant de 6 ans n’est pas autonome, et trop de femmes lâchent leur emploi pour ne pas laisser leur enfant seul à la maison après l’école, alors qu’il est impératif de leur permettre un retour à l’emploi, à un moment où le coût de la vie explose du fait de l’inflation. Mais il ne faut pas opposer les familles », alerte la présidente.

L’ébauche d’un service public de la petite enfance

Même réserve pour le sociologue Julien Damon, selon qui la priorité donnée aux parents isolés ne doit pas créer des inégalités avec d’autres familles. « Il existe aussi des couples pauvres », résume-t-il. Or pour eux, aucun coup de pouce n’est prévu. Il avance une autre réserve : la réforme du CMG pourrait rater sa cible : « Cet outil n’est pas adapté pour financer des sorties d’école. Il est fait pour embaucher des assistantes maternelles, c’est-à-dire des nounous à temps plein, pointe le sociologue. Combien accepteront de ne travailler que quelques heures par jour ? »

Par ailleurs, le projet de budget pose la première pierre du futur service public de la petite enfance, censé garantir un mode de garde à tout parent qui en fait la demande. Ainsi, le coût de l’embauche d’une assistante maternelle va être aligné sur celui d’une place en crèche, même si les modalités du calcul restent à affiner. « Cette réforme va indéniablement dans le bon sens mais est difficile à mettre en place car les tarifs des nounous sont très divers, alors que ceux des crèches sont cadrés. Il n’est pas facile de savoir sur quelle base tout cela peut être harmonisé », prévient Michel Villac, président du Haut Conseil à la famille. Celui-ci a adressé, par avance, des pistes au gouvernement.