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« Post-scriptum » : Georges Appaix, entre littérature et incarnation dansée

Le chorégraphe arrête sa carrière en nous donnant à lire tout ce qui aura fait son style sur scène. Réflexions et rêveries se mêlent dans un subtil pas de deux, délicieusement imprévisible.

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Livre. Il a décidé d’arrêter après trente-six ans de danse et l’annonce dans sa pièce ultime, encore en tournée, intitulée XYZ. Heureusement, le chorégraphe Georges Appaix, l’auteur le plus subtilement littéraire du spectacle vivant depuis le début des années 1980, ne la ferme pas complètement. Pour ne pas nous abandonner sans un mot ou presque, celui dont la compagnie ne s’appelait pas La Liseuse pour rien, nous offre tout bonnement un livre, un vrai. Il a beau se dissimuler derrière son titre et vouloir n’être qu’un post-scriptum, il souligne évidemment un message urgent et important comme c’était souvent le cas lorsqu’on ajoutait ce terme aujourd’hui un peu désuet en fin de course d’une lettre.

Georges Appaix est l’homme d’une œuvre étrange, fascinante et simplement complexe que cet ouvrage recouvre d’un filet de phrases comme attrapées au fil de la pensée. Librement construit, sans aucun chapitre, il articule des paragraphes de longueur inégale, louvoyant entre souvenirs, commentaires du moment, points de vue sur le travail, confidences sur la méthode et l’amour de la boîte noire. Il ressemble à son écriture chorégraphique, sautant d’un sujet à l’autre, bifurquant net, chavirant soudainement pour installer un moment d’accalmie.

Sportif, joueur de saxo et amateur de jazz – il a imaginé des pièces sur Ornette Coleman, John Coltrane, Wayne Shorter et beaucoup d’autres –, le Marseillais Appaix a la révélation de la danse après des études à l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers d’Aix-en-Provence. Le hasard le fait rencontrer la pédagogue et chorégraphe Odile Duboc. Le voilà en studio en train de découvrir un espace autre que celui qu’il arpentait en dialoguant avec le ballon de foot. Rien que la façon dont il décrit le plancher du studio de Duboc donne illico la sensation de son corps glissant sur le bois, du toucher des pieds et de leur propulsion. Dès 1983, il commence à créer. Un an après, il démarre son abécédaire spectaculaire.

Léger et bondissant

De A comme Affabulations, Agathe et Antiquités, à XYZ, qui finit un peu vite, en passant par H pour Hypothèses fragiles, O façon Once upon a time ou U comme Univers Light, il dessine sa route entre littérature référencée (Homère, Ponge, Diderot, Musil, Duras…) et incarnation dansée. Toujours d’un pied sur l’autre, toujours léger et bondissant, elliptique par nature, paradoxal parce que c’est comme ça, Appaix invente son texte et sa langue en trouvant aussi sa voix dans le mouvement. Il a sorti le poisson rouge qu’est le danseur de son bocal pour le faire causer, bavarder avec ses collègues, bref l’ouvrir, même si c’est pour bégayer ou ne pas finir ses phrases.

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