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Pour Arno, un album posthume empreint de courage et de pudeur

Le lieu de l'enregistrement : Studio d'enregistrement ICP, Bruxelles, Belgique Date : Février 2022 (si vous avez une date exacte à me communiquer pour les photos en studio, ça serait parfait merci.) Sujet : Lors de l'enregistrement d'Opex, le dernier album du chanteur belge Arno.
Danny Willems
Par Stéphane Davet

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FactuelQuelques mois avant sa mort, le chanteur belge a enregistré un ultime album, « Opex », avec ceux qu’il aimait, dont Mireille Mathieu. Un témoignage de son attachement profond pour les bals populaires et la chanson française.

Début 2022, Arno prend à part Cyril Prieur, son manageur depuis trente-cinq ans. « J’ai vu le médecin ce matin, lui confie le chanteur belge, il m’a dit qu’il me restait trois mois à vivre, quatre si je passe par la chimio. » « Arno m’a alors demandé de lui organiser ses derniers concerts et l’enregistrement d’un album, témoigne au­jourd’hui Cyril Prieur. Jouer de la musique a toujours été ce qui lui faisait le plus de bien. »

Du 6 au 25 février, le Flamand rauque de la chanson, du blues et du rock européens a ainsi égrainé une poignée de shows bouleversants dans la salle de l’Ancienne Belgique, à Bruxelles, et au casino d’Ostende, sa ville natale. Avant de boucler, jusqu’à son dernier souffle, les dix morceaux d’Opex, album d’adieu, à paraître le 30 septembre, cinq mois après le décès du chanteur, le 23 avril, d’un cancer du pancréas.

« Il venait chez moi, à Gand, où j’ai installé un petit studio. Ecrire, répéter, chanter étaient pour lui la meilleure façon de tenir le coup. » Mirko Banovic, bassiste

Après le premier diagnostic de sa maladie, en février 2020, il avait essayé de surmonter la frustration des annulations de concerts pour cause de pandémie. Il avait enregistré dans ce but, avec le pianiste Sofiane Pamart, un album acoustique, Vivre, dans lequel il revisitait les chansons les plus mélancoliques de son répertoire (Elle adore le noir, Les Yeux de ma mère, Lonesome Zorro…).

Comme à son habitude (« dès qu’un album était terminé, il pensait au suivant », nous rappelle son manageur) et malgré sa santé chancelante, Arno commence à travailler, dans la foulée, à de nouvelles maquettes avec son fidèle bassiste et réalisateur, Mirko Banovic. « Il venait chez moi, à Gand, où j’ai installé un petit studio », se souvient ce complice rencontré il y a plus de vingt ans à l’occasion de l’album Charles Ernest (2002). « Ecrire, répéter, chanter étaient pour lui la meilleure façon de tenir le coup. »

Quelques chansons prennent ainsi forme avec les habituels musiciens de son groupe – Bruno Fevery à la guitare et au piano, Sam Gysel à la batterie –, avant que l’urgence médicale donne une autre dimension au projet. Pour finaliser le disque, Cyril Prieur organise alors des sessions de deux journées par semaine au mythique ­studio bruxellois ICP, où le chanteur a ses habitudes depuis près de quarante ans. Ses productions y étaient habituellement peu avares en débordements festifs. Le contexte dicte cette fois une autre ambiance.

Autodérision et grivoiserie

« Nous ne pouvions pas nous permettre de traîner ou de multiplier les prises de voix », précise Mirko Banovic, en expliquant que le groupe jouait avec Arno dans des conditions live. « Il cherchait à être le plus honnête et direct possible. Il voulait que nous allions à l’essentiel, que les arrangements collent le plus simplement possible aux textes. » Si certaines chansons (Court circuit dans mon esprit, La Vérité…) évoquent un corps fissuré, si d’autres s’imprègnent de nostalgie (Take Me Back), le chanteur se signale surtout par sa pudeur et son courage.

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