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Pour lutter contre l'inflation, un responsable de la BCE suggère de taxer les riches et les superprofits

Taxer les plus riches est un sujet qui anime les débats dans un contexte de crise énergétique et d'inflation au sommet. Philip Lane, chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE) a tranché. Pour lui, pour des raisons à la fois macroéconomiques et d'équité, « les gouvernements devraient soutenir les revenus et la consommation des ménages et des entreprises qui souffrent le plus », a-t-il déclaré dans une interview au quotidien autrichien "der Standard" publiée ce mardi 27 septembre.

« La grande question est de savoir si une partie de ce soutien doit être financée par des hausses d'impôts pour les mieux nantis. Cela pourrait prendre la forme d'une hausse des impôts sur les hauts revenus ou sur les industries et les entreprises qui sont très rentables malgré le choc énergétique », estime cet influent membre du conseil des gouverneurs de l'institut monétaire.

La BCE prône des aides ciblées des États afin de protéger les ménages de l'impact de l'inflation, comme l'a encore déclaré sa présidente Christine Lagarde devant le Parlement européen ce lundi. « Si vous soutenez ceux qui sont dans le besoin en augmentant les impôts, cela a moins d'effet sur l'inflation que si vous augmentez les déficits », justifie Philip Lane.

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Discussions à venir en France

L'idée de taxer les plus aisés revient régulièrement sur la table ces dernières semaines en France. La coalition de gauche Nupes a fait la semaine dernière une proposition de loi pour taxer les « superprofits » de « grandes entreprises », « majoritairement multinationales », au chiffre d'affaires supérieur à 750 millions d'euros, tous secteurs confondus. Et de cibler par exemple le groupe pétrolier TotalEnergies, le groupe pharmaceutique Sanofi et l'armateur CMA CGM, dans des secteurs où ont été réalisés des « bénéfices exceptionnels, décorrélés de toute innovation, gain de productivité ou décision stratégique interne à l'entreprise ».

La « contribution », qui s'appliquerait jusqu'au 31 décembre 2025, toucherait les entreprises dont le résultat imposable supplémentaire est au moins 1,25 fois supérieur au résultat moyen des années 2017, 2018, 2019, avec un barème progressif de taxation de 20%, 25% ou 33% des « superprofits ».

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La question a aussi été évoquée lors des échanges à Matignon. « Dans une économie de guerre, il faut dégager des recettes exceptionnelles », a plaidé Patrick Kanner au nom des sénateurs PS. « On en reparlera » lors du débat budgétaire, a promis le ministre des Relations avec le parlement, Franck Riester, lors d'un point presse.

Le gouvernement espagnol a lui déjà annoncer travailler sur un impôt temporaire et exceptionnel pour les 1% les plus riches de la population, afin de financer les mesures mises en place pour atténuer l'impact de l'envolée de l'inflation.

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L'ONU plaide aussi pour des taxes

Le secrétaire général de l'ONU a appelé la semaine dernière les pays riches à taxer les profits du secteur des énergies fossiles pour les redistribuer aux pays victimes des impacts du changement climatique et aux populations touchées par l'inflation. Pour Antonio Guterres, les entreprises du secteur des énergies fossiles qui « se régalent » des profits gonflés par la guerre en Ukraine « devraient passer moins de temps à faire de la publicité pour éviter un désastre de communication et plus à éviter un désastre planétaire ».

Le secrétaire général avait déjà dénoncé il y a quelques semaines la « cupidité » des grandes entreprises pétrolières et gazières qui réalisent des profits « scandaleux » sur « le dos des plus pauvres » grâce à la crise énergétique provoquée par cette guerre, appelant les gouvernements à les taxer. Mais il n'avait alors pas évoqué la possibilité de redistribuer une partie de ces taxes aux pays en première ligne face aux impacts du réchauffement dont charbon, pétrole, et gaz sont les premiers responsables.

Cette question des « pertes et dommages » déjà causés par la multiplication des événements météo extrêmes est devenue un point crucial des négociations climat et devrait être un enjeu majeur de la conférence climat de l'ONU COP27, qui se tiendra en Egypte en novembre.

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