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Pour une perspective communiste sur le handicap

Texte collectif

La question du handicap est politique. Comme la question du genre et de la place des femmes dans notre société, le handicap est une construction sociale qui assujettit des millions de personnes en France (7,7 millions de plus de quinze ans, selon les statistiques de la Drees de février 2023) à une forme d’oppression systémique, le validisme.

Nommer le vécu des personnes handicapées comme une oppression et lutter contre toutes les manifestations du validisme, n’est-ce pas apporter une perspective communiste, loin des « solutions » technocratiques qui n’ont apporté que de maigres avancées dans leur quotidien depuis 1975, date de la première loi sur le « handicap » ? N’est-ce pas politiser une question traitée aujourd’hui comme « apolitique » ?

Les approches politiques militantes fondées sur l’émancipation sont anciennes – années 1960 pour les États-Unis, 1970 et 1980 pour l’Europe : recherche en sciences sociales (disability studies), mouvement Independent Living (vie autonome), les Handicapés méchants en France dans les années 1970 et, aujourd’hui, des collectifs tels que la Coordination handicap et autonomie (CHA), le Collectif lutte et handicaps pour l’égalité et l’émancipation (Chlee) et Handi-Social.

Tous revendiquent la portée politique de leurs luttes et rejettent le modèle médical du handicap qui fait des personnes handicapées des objets de « soins et de prise en charge » et qui met leur(s) déficience(s) au centre de tout. Ils et elles militent pour un modèle social où la déficience (qui ne peut être niée) interagit avec des conditions sociales qui facilitent, ou, le plus souvent, ne facilitent pas, la vie de la personne au sein d’une société conçue par et pour les valides. On comprendra ainsi qu’une personne utilisatrice de fauteuil roulant dans un environnement créé sans tenir compte de son existence – l’inaccessibilité est une violence symbolique faite aux personnes handicapées ; 800 000 d’entre elles en fauteuil sont ainsi littéralement effacées de la cité – sera en situation de handicap, contrairement à celle évoluant dans un cadre accessible.

Les exemples sont multiples pour toutes les formes de handicap, visibles et invisibles. Ce modèle social a évolué du fait d’auteurs marxistes s’inscrivant dans une approche matérialiste. L’exclusion sociale des personnes handicapées et leur catégorisation même en tant que telles et en tant que groupe séparé sont lues dans le contexte du développement du capitalisme.

Capitalisme qui induit une normalisation des corps (et des esprits) pour produire toujours plus et dans lequel tout corps ou esprit « déviant » de la norme est à écarter (il dépend alors de minima sociaux le maintenant dans la pauvreté) ou à « réparer » afin qu’il devienne productif, alors même que, dès l’enfance, le système éducatif lui réserve la portion congrue.

Aujourd’hui, le modèle social du handicap intègre à la fois l’environnement social et le vécu singulier de l’individu en situation de handicap, fait d’un ensemble de discriminations quotidiennes dans tous les domaines, ainsi que le répètent inlassablement les rapports du Défenseur des droits, sans parler des condamnations internationales de la France.

Au cœur du débat sur la contre-réforme des retraites, qui s’est intéressé à la situation du million de travailleurs handicapés de notre pays et à leur retraite ? Cela ne surprendra personne : le projet Macron n’améliore rien pour les travailleurs handicapés.

Nous, communistes, pouvons proposer une perspective fondée sur les droits et les libertés fondamentales, et la lutte contre un validisme ancré dans le système capitaliste. En 2022, nous avions constitué un corpus de propositions dans ce sens, mais encore insuffisantes, et avons alimenté la campagne des « jours heureux » de notre candidat.

Nous appelons donc à la création d’une commission pour coordonner les réflexions militantes de notre parti et la prise d’initiatives, et sensibiliser l’ensemble des camarades sur les pratiques militantes à même de faire de notre parti une organisation accessible à toutes et à tous.