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Poutine va déployer des armes nucléaires en Biélorussie

À en croire Vladimir Poutine, le président biélorusse Alexandre Loukachenko “avait réclamé, il y a longtemps déjà, le déploiement d’armes nucléaires tactiques sur son territoire”. C’est presque chose faite, alors que “la construction d’un entrepôt spécial” pour ce type d’armes doit être achevée d’ici au 1er juillet, selon le maître du Kremlin, cité par Meduza.

“Même si Poutine a assuré que la Russie n’allait pas transférer à la Biélorussie le contrôle des armes”, et que le pays ne violait pas “ses obligations en matière de non-prolifération nucléaire”, la décision du Kremlin sur son arsenal “est l’une des plus importantes depuis son invasion de l’Ukraine, il y a plus d’un an”, juge The Financial Times.

“Ce sera la première fois depuis le milieu des années 90 que Moscou aura des armes nucléaires stationnées à l’extérieur du pays”, observe la BBC. “Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, ses armes [nucléaires] s’étaient retrouvées dans quatre États indépendants – la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan – mais le transfert vers la Russie de toutes les ogives avait été bouclé en 1996”, rappelle la radiotélévision britannique.

Vladimir Poutine, qui s’exprimait dans le cadre d’un entretien à la télévision publique russe, a précisé que dix avions biélorusses étaient déjà prêts à utiliser des armes nucléaires, et que Moscou avait acheminé chez son voisin des missiles Iskander, pouvant eux aussi être équipés de têtes nucléaires.

Armes de “destruction ciblée”

“Cela n’a rien d’inhabituel : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés”, s’est justifié le maître du Kremlin – qui se plaît, depuis l’été dernier, à entretenir le doute sur l’usage potentiel d’armes nucléaires dans le conflit en Ukraine.

“Contrairement aux ogives nucléaires stratégiques – conçues pour être lancées à des milliers de kilomètres de distance, depuis des sous-marins, des bombardiers à longue portée ou des missiles balistiques intercontinentaux, et capables de détruire des villes entières –, les armes nucléaires tactiques ont une charge plus modeste, pour des destructions ciblées dans des zones spécifiques”, explique The Financial Times.

Selon les chiffres officiels, la Russie posséderait encore quelque 2 000 têtes nucléaires de ce type, contre 230 pour les États-Unis, qui les avaient presque toutes mises au rebut après la guerre froide.

Le président russe a affirmé que sa décision avait été motivée par le projet britannique de fournir à l’Ukraine des munitions à uranium appauvri – qu’il qualifie à tort d’armes nucléaires. Mais “compte tenu du temps que prend une telle décision”, il est “impossible” qu’elle soit la conséquence de l’annonce de Londres, intervenue “en début de semaine”, affirme El País.

Loukachenko avait “préparé le terrain”

Pour le titre madrilène, “le déploiement nucléaire russe” était dans les tuyaux “depuis longtemps” et Alexandre Loukachenko avait “préparé le terrain, en organisant son pseudo-référendum constitutionnel le 27 février 2022, à peine trois jours après le début de l’invasion russe de l’Ukraine”, poursuit le quotidien. L’un des amendements prévoyait en effet “la possibilité de transférer les armes nucléaires de son allié [russe] sur son territoire”.

“La Biélorussie est un allié très proche de la Russie”, souligne Al-Jazeera. Son président autocrate, “dont la réélection en 2020 n’est pas reconnue par les Occidentaux, est militairement, politiquement et économiquement dépendant de Moscou”. Et si le pays n’est pas directement impliqué dans la guerre en Ukraine, il a laissé le Kremlin utiliser son territoire pour lancer des offensives contre Kiev.

Newsweek rapporte les propos de Svetlana Tikhanovskaïa, cheffe de l’opposition biélorusse en exil, qui exhorte la communauté internationale à “exiger de la Russie qu’elle arrête ce déploiement” et à “imposer des sanctions adéquates et sévères aux régimes de Loukachenko et Poutine”.

Installer des armes nucléaires en Biélorussie “viole la Constitution du pays et va gravement à l’encontre de la volonté du peuple biélorusse”, s’indigne-t-elle sur Twitter.