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Présidentielle au Brésil : Lula creuse l'écart face à Bolsonaro

Les bureaux de vote ont fermé ce dimanche à 17h (20h GMT), au Brésil, qui s'apprête à élire son futur président. Les deux candidats s'affronteront lors d'un second tour le 30 octobre.

Les bureaux de vote ont fermé dimanche à 17h (20h GMT) dans tout le Brésil, où 156 millions d'électeurs étaient appelés à élire leur prochain président, mais aussi leurs gouverneurs, un tiers des sénateurs et les députés fédéraux et des 27 États.

Avec 95% du dépouillement effectués, Luiz Inacio Lula da Silva creuse l'écart avec 47,6% sur le chef de l'État sortant Jair Bolsonaro qui rassemble 43,9% des voix, selon le site officiel du Tribunal Supérieur électoral (TSE) comptabilisant les votes.

Au début du dépouillement, Jair Bolsonaro a compté plus de cinq points d'avance sur Lula, mais l'écart s'est ensuite réduit progressivement. «Tout le monde est nerveux. Bolsonaro est en tête, mais le dépouillement est plus avancé dans les Etats bolsonaristes. On va renverser la situation», a dit à l'AFP Sonia Guajajara, leader indigène et candidate à la députation.

Quand l'icône de la gauche est passée devant après plus de trois heures de dépouillement, des centaines de personnes massées sur la place Cinelandia dans le centre historique de Rio ont explosé de joie, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Que le meilleur gagne!»

Le président sortant Jair Bolsonaro menace de contester le résultat, tandis que son adversaire de gauche Lula espère remporter dès le premier tour. «Si les élections sont propres, aucun problème. Que le meilleur gagne!», a déclaré le chef de l'Etat d'extrême droite en votant en matinée à Rio de Janeiro.

Agacé par les questions insistantes de la presse, Bolsonaro, vêtu du maillot jaune et vert de l'équipe nationale de football sous lequel il portait un gilet pare-balle, n'a pas voulu dire clairement s'il reconnaîtrait le résultat du scrutin attendu deux heures après la fermeture des bureaux de vote à 17h (20h GMT).

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L'ex-président de gauche (2003-2010) Luiz Inacio Lula da Silva, a voté peu avant à Sao Bernardo do Campo, banlieue ouvrière de Sao Paulo. «Pour moi, c'est l'élection la plus importante», a affirmé l'ancien métallo, qui dispute sa sixième course présidentielle pour briguer un troisième mandat, 12 ans après avoir quitté le pouvoir avec un taux de popularité stratosphérique (87%). «Nous ne voulons plus de haine, de discorde. Nous voulons un pays en paix» a-t-il dit en référence aux fractures d'un Brésil très polarisé, qui compte 214 millions d'habitants.

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Les files d'attente s'allongeaient devant les bureaux de vote dans l'après-midi, les électeurs souvent habillés du jaune et vert bolsonariste ou du rouge luliste devant patienter parfois plus d'une heure pour voter en raison de l'affluence.

«Vote harmonieux»

À la mi-journée, le président du Tribunal supérieur électoral (TSE), Alexandre de Moraes, avait assuré que le vote s'était déroulé «sans problème», et avait tenu à «réaffirmer la fiabilité et la transparence» du système d'urnes électroniques, moult fois critiqué par Jair Bolsonaro. Il avait ensuite expliqué devant la presse que «tous ceux qui souhaiteraient voter avant 17h pourraient le faire» et que la journée électorale se poursuivait «de manière absolument tranquille».

«Nous allons comptabiliser tous les votes aujourd'hui», avait-il ajouté. «Tous les résultats seront annoncés, en présence des ministres du TSE, pour le président, les gouverneurs, sénateurs et députés fédéraux ou d'Etat», que les Brésiliens choisissent ce dimanche lors des élections générales.

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L'institut de référence Datafolha donnait Lula, 76 ans, à la tête du Parti des Travailleurs (PT), largement devant au premier tour, avec 50% des votes exprimés, contre 36% pour Bolsonaro, 67 ans (Parti Libéral).

«On a vraiment peur parce que le climat est tendu, mais on a préféré montrer notre opinion», déclarait à Sao Paulo Isabela Queiroz, 39 ans, venue voter, vêtue en rouge, avec une amie. «Je suis chrétienne, je ne vote que pour les candidats qui sont d'accord avec ce qui est écrit dans la Bible, alors je vote Bolsonaro», exprimait Aldeyze dos Santos, 40 ans, femme au foyer interrogée par l'AFP à Brasilia.

Certains bureaux de vote avaient été installés dans des lieux inhabituels, comme un hôtel de luxe au bord de la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro. «C'est la première fois que je vote dans un hôtel. C'est bien que les touristes voient qu'on est en démocratie, ou du moins qu'on se bat pour la protéger», disait à l'AFP Juliana Trevisan, électrice de 32 ans.

En Amazonie, les indigènes Kambeba se rendaient dans une écoles pour aller voter au moyen de barques naviguant sur le fleuve Rio Negro, a constaté l'AFP.

Sécurité renforcée

Au fil de cette élection cruciale pour l'avenir de la jeune démocratie au Brésil, le choc au sommet Lula-Bolsonaro a relégué les neuf autres candidats au rang de figurants. «La question est de savoir s'il y aura un deuxième tour ou non, et c'est impossible à prédire», déclare à l'AFP Adriano Laureno, analyste chez les consultants Prospectiva.

Une victoire de Lula signerait un comeback inespéré quatre ans après son incarcération controversée pour des soupçons de corruption. Sa campagne a lancé un appel au «vote utile» pour une victoire dès le premier tour. Cela lui éviterait quatre semaines supplémentaires de campagne à couteaux tirés jusqu'à un second tour le 30 octobre, qui pourrait permettre au populiste Bolsonaro de galvaniser ses troupes et de trouver un nouvel élan.

«Je pense que Bolsonaro va contester le résultat s'il perd», dit Adriano Laureno, «mais cela ne veut pas dire qu'il va réussir. La communauté internationale va reconnaître le résultat rapidement».

Beaucoup redoutent un remake brésilien de l'assaut du Capitole à Washington en 2021 après la défaite de Donald Trump. L'armée n'a donné aucun signe d'agitation et les Etats-Unis ont indiqué qu'ils allaient «suivre de près» l'élection, tandis que plus de 500.000 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés pour assurer la sécurité.