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Procès de l’attentat de Nice : Les accusés pour trafic d’armes veulent être jugés à leur « juste place »

Ils « méritent d’être jugés indépendamment de ce qu’a commis Mohamed Lahouaiej-Bouhlel », le chauffeur du camion-bélier qui avait foncé sur la foule le 14 juillet 2016, tuant 86 personnes et en blessant plus de 450 autres, a plaidé l’avocat Karim Laouafi mercredi. Au procès de l’attentat de Nice, les conseils des cinq accusés poursuivis pour trafic d’armes ont appelé la cour d’assises spéciale de Paris à juger à leur « juste place » ces quatre hommes et cette femme « happés » par une audience qui « les dépasse ».

En l’absence du tueur, abattu par la police, huit personnes sont jugées depuis le 5 septembre. Et quatre Albanais et un Tunisien, absent à l’audience, le sont pour trafic d’armes et association de malfaiteurs, sans qualification terroriste.

Mardi, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a requis de deux à dix ans d’emprisonnement à leur encontre, les qualifiant de maillons « de la chaîne qui va contribuer à la commission de l’attentat ». Ils sont accusés d’avoir participé, à des degrés divers, à fournir un pistolet semi-automatique à un autre accusé, Ramzi Arefa, qui le vendra à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel le 12 juillet 2016.

Pas d'« actes préparatoires distincts »

Ils ont « armé psychologiquement et matériellement l’auteur de l’attentat », a estimé le parquet. Ce dernier a utilisé le pistolet contre plusieurs personnes qui tentaient d’arrêter son camion, sans les blesser. « Le ministère public construit artificiellement des ponts entre des infractions » qui ne sont pas de même nature, a plaidé Frédéric Nasrinfar, l’avocat d’Artan Henaj, au premier jour des plaidoiries de la défense. Le parquet a requis dix ans de prison contre son client, la peine maximale pour trafic d’armes en réunion.

L’Albanais de 44 ans reconnaît avoir fourni à Ramzi Arefa le pistolet, ainsi qu’un fusil d’assaut sans munitions dont la destination reste inconnue. Mais, pour Me Nasrinfar, il doit être relaxé de l’infraction d'« association de malfaiteurs » car il n’a pas commis d'« actes préparatoires distincts » de la fourniture des deux armes.

L’avocat d’Enkeledja Zace, ex-compagne d’Artan Henaj, a assuré que sa cliente était « loin de la caricature du parquet » qui a qualifié son rôle d'« essentiel ». Selon Artan Henaj et Ramzi Arefa, elle avait assuré la traduction lors des transactions. L’Albanaise, elle, affirme qu’elle travaillait dans un bar ces soirs-là. Selon Me Joseph Hazan, qui appelle la cour à lui éviter une réincarcération, les éléments qui l’incriminent sont « peu probants ».

Ils voulaient « rendre service »

Les conseils de Maksim Celaj et d’Endri Elezi, pour qui le Pnat a demandé trois ans de prison et une interdiction du territoire, ont eux aussi cherché à circonscrire leur rôle. Les deux hommes, âgés de 24 ans à l’époque et fraîchement arrivés en France, reconnaissent être allés chercher le fusil d’assaut caché dans les hauteurs de Nice, sur indication d’un cousin d’Endri Elezi, et l’avoir transporté chez Artan Henaj, cousin de Maksim Celaj.

Ils ne savaient pas ce qu’ils allaient chercher et voulaient « rendre service » à leurs cousins respectifs envers qui ils se sentaient « redevables », ont assuré leurs avocats. « L’institution judiciaire doit prendre du recul face à l’émotion », a plaidé Clémence Cottineau, avocate de Maksim Celaj. « Je vous demande une juste peine en accord avec sa personne et son implication », a demandé Guillaume Gombart, l’un des avocats d’Endri Elezi.

« Il ne faut pas enfermer Brahim Tritrou dans les tenailles de la certitude », a enfin souhaité Me Margot Pugliese, pour ce Tunisien de 37 ans parti « au chevet de sa mère » alors qu’il était sous contrôle judiciaire et qui n’est pas rentré en France par « peur d’être réincarcéré ». Jugé pour « association de malfaiteurs », pour avoir mis en relation Ramzi Arefa et Artan Henaj, il est détenu en Tunisie, selon les autorités de ce pays.

Les plaidoiries de la défense se poursuivront jeudi et vendredi. Le verdict est attendu le mardi 13 décembre.