France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Procès du drame de Millas : Malgré le coup de poker de la défense, la suite se fera sans la conductrice

Comment envisager un procès quand la seule prévenue, dont la parole est attendue et scrutée de toute part, est à l’hôpital ? Au terme d’une journée d’audience lunaire, la présidente du tribunal correctionnel de Marseille a tranché. Ce vendredi, selon les déclarations de ses avocats, Nadine Oliveira a été victime d’un « infarctus ». La conductrice du car scolaire impliquée dans le terrible accident sur un passage à niveau qui a coûté la vie à six collégiens à Millas s’est effondrée en pleine audience, ce jeudi. Lorsque s’ouvre la cinquième journée de ce procès hors norme, la quinquagénaire n’est pas sur le banc des accusés. La présidente du tribunal correctionnel de Marseille s’enquiert alors auprès de ses conseils de son état de santé.

« Je crois pouvoir dire que son cœur ne battait qu’à 35 et elle est aujourd’hui en soins intensifs » , indique son avocat, Jean Codognès. « Qu’est-ce que nous faisons alors aujourd’hui ? », demande Céline Ballérini. C’est alors qu’intervient un coup de théâtre. A la surprise générale, les avocats de la défense demandent que la présidente soit récusée et accuse Céline Ballérini d’être impartiale. L’audience est suspendue… pendant près de sept heures, le temps que la décision du président de la cour d’appel soit prise et transmise.

Bilan des courses : la requête en récusation est rejetée, et les familles de victimes profondément en colère, après de longues heures d’attente. « C’est le procès de la honte, accuse Fabien Bougeonnier, père d’une victime décédée et président de l’association A la mémoire de nos anges. Les avocats manigancent tout, et nous, victimes, on est encore oublié. »

« Il faut aller au bout de ce procès »

L’audience est sur le point de reprendre… quand la défense fait une nouvelle demande. Bien qu’ayant le pouvoir de représenter leur cliente en son absence, les avocats de Nadine Oliveira demandent une expertise médicale et une suspension du procès, tant que son état de santé est défavorable. « Nadine Oliveira souhaite participer à son procès », affirme Me Louis Fagniez. Après une nouvelle suspension d’audience, le tribunal rejette toutes les demandes, estimant que le pouvoir accordé par la conductrice ce dimanche à ses avocats sous-entend sa volonté de poursuivre les débats sans elle. C’est donc désormais un tout nouveau procès qui s’ouvre, sans la seule prévenue de ce dossier tentaculaire, et dans une tension à son paroxysmique.

« On est déçu qu’elle ne soit pas là, confie Stéphane Matheu, père d’une autre victime, mais il faut que le procès reprenne de son élan. C’est dommage, ça serait mieux qu’elle soit là mais c’est mieux que rien. » « Il faut aller au bout de ce procès, abonde Sylvain Sede, un autre père constitué partie civile. Pour tout le monde, on a besoin de tourner la page. » Un avis que ne partage pas le conseil de la conductrice de car. « Rien ne peut remplacer sa réponse, donc on a un souci », estime à la sortie de l’audience Me Codognès, avocat de Nadine Oliveira. « Oui, c’est biaisé, forcément », abonde Me Fagniez. De là à de nouveau demander une suspension d’audience ? « On va devoir réfléchir pour savoir si c’est conforme à une audience sereine et au droit européen, souffle l’avocat. On va voir. Laissez-nous digérer la nouvelle… »