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Promotion de la viande, pas assez de bio, prix trop compressés… Les supermarchés calent sur l’alimentation durable

«Les enseignes sont aujourd’hui davantage un frein qu’un moteur à la transition alimentaire et à la lutte contre le changement climatique». Voilà la triste conclusion de Réseau Action Climat (RAC) ce jeudi, au moment de publier son bilan après un an à étudier an les actions des principales chaînes de supermarché français - Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché, Leclerc, Lidl, Monoprix et Système U - sur l’alimentation durable et le climat. Les résultats mis en avant par la fédération d’associations ne sont pas brillants. «Aucune n’a une note supérieure à 10 /20», note le Réseau Action Climat, même «si certaines enseignes font mieux que d’autres». Carrefour s’approche de la moyenne avec 9 /20, quand le leader Leclerc est le plus mal noté (5,8 /20).

Pour établir ces notes, la fédération d’associations a visité près d’une centaine de magasins et évalué le choix des produits en fonction de leur impact gouvernemental. Première critique, la grande distribution incite «à la surconsommation de viande et de produits laitiers», alors que la consommation de produits d’origine animale est la plus émettrice de gaz à effet de serre. Ils proviennent «en immense majorité de modes de productions intensifs», a estimé le RAC, arguant notamment que plus de 9 plats préparés sur 10 vendus en grande surface contiennent de la viande ou du poisson.

Le Réseau Action Climat fait un ensemble de recommandations aux grandes surfaces, notamment de cesser de promouvoir les produits d’origine animale ou à base de viande, comme les nuggets, burgers ou pizzas, «sauf pour les produits biologiques et Label Rouge». A l’inverse, il faudrait mieux mettre en avant une alimentation plus végétale, «en particulier les légumes secs et autres produits à base de protéines végétales de bonne qualité nutritionnelle».

Le RAC écrit ainsi que la réduction des émissions liées à notre alimentation implique de «diminuer les émissions de l’agriculture», ce qui ne peut être atteint selon lui «sans une réduction importante de la consommation de produits d’origine animale», qui pèsent pour 72 % des émissions de gaz à effet de serre provenant de l’alimentation des Français.

«Stratégies de la distribution»

Plus largement, la grande distribution est pressée d’«arrêter de déprécier la valeur de l’alimentation et de véhiculer l’idée que l’alimentation est un poste de dépenses à compresser au maximum pour consommer davantage d’autres types de produits». «La grande distribution assène le message que le juste prix est le prix le plus bas, mais cela entraîne une dépréciation de la valeur de l’alimentation», observe Benoît Granier, responsable alimentation du Réseau.

«Via leurs politiques en termes de publicité et de marketing, en mettant en avant certains produits plutôt que d’autres, les enseignes ont un pouvoir important», approfondit Benoît Granier, responsable alimentation du réseau. «On a l’idée que le consommateur est souverain et libre de ses choix, mais outre les contraintes économiques de son pouvoir d’achat, il est aussi contraint par la nature de l’offre qui lui est proposée et par les stratégies de la distribution.»

Le secteur privé n’est toutefois pas le seul mis en cause. La fédération d’association demande aussi aux pouvoirs publics d’encourager davantage la transition vers une alimentation durable, notamment en rendant «plus accessibles financièrement les produits issus de modèles agricoles durables, dont l’agriculture biologique», poursuit le rapport.

Cela passe par l’augmentation des minimas sociaux pour renforcer les capacités financières des ménages, ou par une réduction de la TVA sur les fruits et légumes et les produits «biologiques et équitables».