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Qui est et surtout que va faire Giorgia Meloni, victorieuse des élections italiennes ?

Au-delà de la sémantique pour savoir si Giorgia Meloni, la dirigeante de Fratelli d’Italia est post ou néo-fasciste, la vraie question est de savoir quelle politique va mener celle qui est sortie en tête du scrutin italien, dimanche 25 septembre. Et ce que ce scrutin révèle de la situation des autres forces politiques...

Prenons du recul sur le résultat des élections législatives italiennes et la vague de commentaires alarmistes qui accompagnent la nette victoire de Giorgia Meloni, la dirigeante du parti Fratelli d’Italia. Laissons de côté la querelle sémantique consistant à débattre de la famille politique à laquelle elle appartient, « fasciste » (c’est assez absurde), « néo-fasciste », « post-fasciste » ou je ne sais quoi.

Meloni a adhéré au parti néo-fasciste MSI à 15 ans, en 1992. Elle a milité aux côtés de Gianfranco Fini, qui transforma le MSI en une Alliance nationale qui, rappelons-le, entra au gouvernement Berlusconi dès 1994 et eût une pratique gouvernementale plus proche de celle de Nicolas Sarkozy que de Mussolini. On ne réécrit pas le passé : ses racines sont fascistes. Mais on n’en est pas prisonnier : Fini fut ministre des Affaires étrangères, tandis qu’un autre « ponte » du MSI devint ministre de la Défense, sans qu’il ne se passe rien au niveau international. Le moins ragoûtant dans cette période berlusconienne, ce sont les affaires de fesses du vieil homme d’affaires ainsi que les éructations racistes des dirigeants de la Ligue du Nord, son allié. Or, bonne nouvelle, la Ligue sombre : 8,77% des voix soit un score divisé par deux pour Matteo Salvini, braillard xénophobe au comportement de garçon plagiste, éclipsé par une femme de la droite dure, mais qui semble être une femme d’État.

Quel est son programme ? Rester dans l’Europe en faisant prévaloir toujours les intérêts italiens d’abord ; limiter l’immigration en instaurant un blocus naval en Méditerranée pour empêcher les migrants d’accoster ; mettre en place une politique familiale incitant à la natalité ; baisser le niveau de la fiscalité des entreprises. C’est un programme conservateur et nationaliste sûrement, mais il est assez peu probable que Meloni place la troisième économie européenne dans la situation de subir les foudres de Bruxelles et, c’est certain, elle ne veut pas sortir de l’Union européenne. De plus, c’est une conservatrice paradoxale (divorcée, elle vit maritalement avec un journaliste du groupe Berlusconi avec qui elle a une fille), qui se mettrait tout le monde à dos en interdisant l’IVG, ce qu’elle n’est pas assez bête pour faire. Vigilance donc sur les droits LGBT+ et ceux des femmes, mais ne paniquons pas trop vite. L’Italie ne va certes pas devenir une terre d’accueil pour les migrants, mais on connait des gouvernements libéraux, pour le rien dire des sociaux-démocrates danois, qui ont mis en acte ce dont l’extrême droite rêvait.

Plutôt que de vociférer ou de brandir déjà le spectre, assez inoffensif, de futures sanctions bruxelloises dont les cas hongrois et polonais montrent ce qu’elles valent, concentrons-nous sur les trois messages centraux de ce scrutin. Le premier est le rapport de force à droite : Berlusconi (86 ans) ne pèse que 8,1%, la Lega un peu plus, mais c’est la droite illibérale qui, comme en Suède, a le vent en poupe. Le second est le score de la coalition de centre gauche : le Parti Démocratique est dirigé par des gens brillants (Enrico Letta) mais il recule (19 % seulement). Pire, il ne doit son salut qu’à la forte part de proportionnelle dans cette élection, puisqu’il n’emporte que 8 sièges de circonscription. Les Verts, plutôt rouges-verts, sont faibles (3,6 %). Le reste de la gauche est réduit en miettes. Le Mouvement Cinq étoiles enfin, reflue de 32,68 à 15,4 % mais ne sombre pas, ce qui traduit la persistance d’un vote antisystème incontrôlable. Échec persistent de la gauche sociale-démocrate et obsolescence du conservatisme libéral qui cède du terrain à la droite souverainiste, sécuritaire et plus identitaire, tout est dit de la situation en Europe. D’ailleurs on vote ce week-end en Lettonie, Bosnie et Bulgarie. •