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Qui est Isabelle Wekstein, caillou dans la chaussure de Bolloré

Spécialiste de la propriété intellectuelle, l’avocate défend les éditeurs indépendants face aux grands groupes de la culture. Elle a marqué un point à Bruxelles contre le projet d’OPA de Vivendi sur Lagardère, propriétaire d’Hachette.

Une militante bien née

Née à Paris dans une famille de médecins, Isabelle Wekstein grandit entre un tropisme médical et une passion pour la culture et l’engagement. « Mes parents étaient de grands lecteurs, nous allions beaucoup au théâtre et au concert. » Sur les bancs de l’école, féministe précoce, elle organise des cours d’éducation sexuelle pour les filles. Après le bac, elle passe quelques semaines en hypokhâgne, puis quelques mois en médecine, avant d’opter pour le droit. Elle devient avocate en 1986 et se spécialise dans la propriété intellectuelle, le domaine qui marquera sa carrière.

Une alliée des labels indépendants

Au début des années 2000, Isabelle Wekstein se fait connaître en s’opposant au mouvement de concentration alors en cours dans le secteur de la musique. Au nom du label Naïve et de la fédération européenne des indépendants dans la musique, Impala, elle combat le projet de fusion d’EMI et de Warner. Au lendemain de l’avis négatif rendu par la Commission européenne, les deux géants renoncent. Une victoire pour elle. L’avocate poursuit son combat six ans plus tard, lors du projet de fusion d’Universal et de BMG, puis en 2011, quand Universal veut racheter EMI. Mais, cette fois, les mariages vont à leur terme. « La majorité des projets de concentration passent. Il est très rare qu’ils soient bloqués », concède-t-elle. Mais, en imposant des « remèdes » qui fixent des règles strictes, « nous parvenons à limiter les dégâts ».

Une connaisseuse de l’édition

Libraire, éditeur et aujourd’hui agent littéraire, Olivier Rubinstein est un ami de la famille d’Isabelle Wekstein (« nos pères étaient au même lycée et se sont cachés ensemble pendant la guerre »). Dans les années 1990, il l’introduit dans le monde du livre. Isabelle Wekstein relit des manuscrits pour des éditeurs et des auteurs et négocie des contrats compliqués. En 2003 et en 2004, pour la première fois, elle représente devant la Commission européenne plusieurs acteurs du secteur (syndicats de libraires, d’écrivains et de traducteurs, maisons d’édition indépendantes) opposés au rachat de Vivendi par Lagardère. Elle « tradui[t] leurs objections en langage juridique ». Et obtient parfois gain de cause. Telle cette décision de janvier 2004 obligeant Lagardère à céder 60 % des actifs résultant de la fusion.

Une pourfendeuse des monopoles

En décembre 2021, alors que se précise le projet de fusion d’Editis et Hachette, Isabelle Wekstein réactive le collectif d’il y a vingt ans. Christian Thorel, propriétaire de la librairie Ombres blanches, à Toulouse, est à nouveau de la partie. « Isabelle est de ces avocats qui répondent au téléphone, même le dimanche », dit-il. Aux côtés du Syndicat de la librairie française, Christian Thorel convainc une quinzaine de libraires indépendants de s’unir une fois encore contre les désirs monopolistiques qui menacent selon eux « la diversité culturelle ». A Bruxelles, encore, Isabelle Wekstein a remporté le 30 novembre une première victoire : la Commission européenne a décidé d’ouvrir « une enquête approfondie » sur le projet d’acquisition de Lagardère par Vivendi. Son but : « déterminer si [l]es craintes initiales en matière de concurrence sont confirmées »

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Clémentine Goldszal

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