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[Rave-party] les agriculteurs restent impuissants face aux fêtards

La saison des rave-partys est lancée. Bien que les fêtards s’organisent pour ramasser le maximum de détritus, le terrain reste abîmé, parfois dévasté. À Roybon, dans l’Isère, ce sont dix hectares de pré de fauche qui ont été piétinés le week-end du 26 mai 2023. À Viols-en-Laval, dans l’Hérault, c’est une quinzaine d’hectares de garrigues classés Natura 2000. Les agriculteurs impuissants n’ont plus qu’à attendre la fin des festivités pour constater les dégâts.

Une cagnotte pour rembourser l’agriculteur

« Ce n’est pas un fait nouveau, commente Serge Perraud, maire de Roybon, près de Grenoble. Il y a deux ans déjà, il y a eu une rave-party organisée exactement au même endroit, dans le champ d’un agriculteur. Il n’en peut plus. » Ce week-end du 26 mai 2023, sa commune a vu arriver quelque 1500 personnes venues faire la fête pendant trois jours avec quatre à cinq murs de son.

« Les organisateurs attendaient 5 000 personnes, poursuit-il, mais la gendarmerie a réussi à limiter leur nombre. C’était impossible de sécuriser tous les accès au terrain et de protéger le champ. Tout est ravagé. » Un constat alarmant pour le propriétaire des terres, fils d’agriculteur et négociant en bestiaux, qui a porté plainte dès le samedi 14 heures.

Au total, « les pertes sont estimées autour de 10 000 euros, sans compter les clôtures, relate encore Serge Perraud, ni l’aspect psychologique. Car c’est dur pour le moral de voir son travail non respecté. » Les fêtards ont décidé de se cotiser pour rembourser la somme. La cagnotte a atteint 7 500 euros. « Je leur ai demandé de ne plus jamais revenir, précise le maire. On verra bien s’ils tiennent parole ! »

« Il faut juste protéger ce que l’on peut »

À trois cents kilomètres de Roybon, à Viols-en-Laval, dans l’Hérault, le constat est le même. Une quinzaine d’hectares piétinés par six mille fêtards. Aude Geiger, éleveuse de cinquante Aubrac qu’elle fait paître, pour partie, sur ce terrain désormais abîmé, raconte : « Je veux bien faire confiance au fait qu’ils puissent être respectueux, mais clairement nos clôtures on peut les refaire. C’est du temps et de l’argent. »

#RaveParty
Les garrigues où mes vaches paturaient paisiblement cet hiver sont devenus terrain de jeu de milliers de teufeurs ce week-end.
Défilé impressionnant de voiture et camions depuis hier soir 23h.
Angoisse de savoir comme le site sera dans quelques jours �� pic.twitter.com/rtMWFK1Vcy

— GEIGER Aude (@AudeGeiger) May 28, 2023

Si elle « relativise » car le préjudice financier est moindre, seules les clôtures faites de piquets et de fil de fer devront être remplacées, l’agricultrice ne cache pas son ras-le-bol. « On a dû boucher des accès en pleine nuit avec mon tracteur pour protéger le site [classé Natura 2000]. On voulait limiter les dégâts car il y a eu un afflux de monde incroyable et on sait qu’on ne peut pas s’y opposer. Ça ne sert à rien. Il faut juste protéger ce que l’on peut. »

Aude Geiger a tout de même déposé une plainte auprès de la gendarmerie. La communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup aussi. La solution pour limiter la casse ? « Qu’il y ait des zones dédiées aux rave-party, répond Serge Perraud, convaincu. Que ces soirées soient encadrées et organisées entre les médiateurs des soirées et les services de l’État. »

Oriane Dieulot