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RD-Congo : après la visite du pape François, Kinshasa affiche sa satisfaction

Au lendemain de la visite du pape en RD-Congo, la satisfaction régnait du côté du gouvernement congolais. Au cours de ce voyage à l’accent fortement politique, les autorités congolaises ne se sont pas senties visées par une quelconque critique du pape sur la manière dont elles administrent ce pays.

Pourtant, quatre ans après l’arrivée du président Tshisekedi au pouvoir, la situation des Congolais ne s’est pas améliorée. La corruption, l’insécurité et la pauvreté restent endémiques dans ce pays continent. Une semaine avant l’arrivée du pape, l’ONG la Lucha avait publié un bilan très négatif des quatre années qui venaient de s’écouler depuis l’investiture de Tshisekedi en janvier 2019 : « Le Congo sans pauvreté promis aux Congolais par le président Félix Tshisekedi lors de son arrivée au pouvoir en 2019 se fait toujours attendre », notait l’organisation de la société civile, déplorant que l’insécurité dans l’est du pays se fût considérablement dégradée en quatre ans.

« Il faut bien commencer quelque part »

«Nous ne nous sommes pas sentis ciblés par le pape. Vous ne pouvez pas changer les problèmes structurels de la RDC en quatre ans. Notre plan sur la gratuité de l’éducation lancé en 2019 a permis à quatre millions d’enfants de reprendre le chemin de l’école, il en reste 20 millions à scolariser. Le défi est gigantesque mais il faut bien commencer quelque part », confie à La Croix Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement et ministre de la communication et des médias. Et d’assurer que la loi de programmation militaire (un milliard de dollars pour l’armée), « c’est du jamais-vu ici ».

Sur le volet économique et sécuritaire, Kinshasa a apprécié la dénonciation par le pape du « colonialisme économique » et du rôle des pays riverains dans l’est de la RDC. Même si le souverain pontife ne s’est pas livré à un réquisitoire en bonne et due forme contre le Rwanda comme le font depuis des mois le président Tshisekedi et l’Église congolaise.

La main sur les ressources minières

Depuis 1994, affirme le porte-parole du gouvernement, l’est de la RDC est déstabilisé par le Rwanda, qui organiserait le chaos pour mettre la main sur les ressources minières. Le Rwanda serait à la fois la porte de sortie des minéraux illégaux extraits dans l’Est, et la puissance qui se cache derrière le mouvement armé M23, actif dans cette région. Un constat qui omet de mentionner la myriade de groupes armés qui ensanglantent la région, de la province de l’Ituri au Sud-Kivu, et du rôle direct des autres pays comme l’Ouganda, le Burundi et le Kenya.

Au sujet de l’alliance entre l’armée congolaise et les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), cette rébellion créée par des génocidaires hutus et toujours active à la frontière du Rwanda, Patrick Muyaya assure qu’elle ne représente plus grand-chose. Les Congolais l’ont même combattue au côté des Rwandais, souligne le porte-parole, avant que Kigali adopte une position plus agressive vis-à-vis de Kinshasa. « Nous payons, sans doute, notre rapprochement avec le président ougandais, Yoweri Museveni, l’ennemi de Paul Kagame », analyse-t-il.

L’élection présidentielle à la bonne date

Le pape parti, Kinshasa se tourne à présent vers l’élection présidentielle qui doit se tenir au mois de décembre. Des rumeurs font état, déjà, d’un possible report du calendrier électoral en raison des difficultés rencontrées dans l’inscription des électeurs et de l’insécurité à l’Est. « Notre objectif est de tenir ce calendrier, nous n’avons aucun intérêt à faire glisser la date de la présidentielle : ce sera retenu contre nous », assure Patrick Muyaya. Une élection qui n’est pas gagnée d’avance mais qu’il assure regarder sans crainte.

Même face au docteur Mukwege, le Prix Nobel de la paix de 2018, qui cache de moins en moins ses ambitions présidentielles et qui vient de se rapprocher de Martin Fayulu, le candidat qui se serait fait voler la victoire par Félix Tshisekedi lors de la dernière élection présidentielle, selon de nombreux observateurs. « Le docteur Mukwege est une icône nationale. Ses combats contre les violences faites aux femmes et en faveur de la justice transitionnelle sont les nôtres. C’est son droit, comme congolais, d’être candidat, et cela ne nous gênera nullement le moment venu. »

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