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Rebecca Zlotowski, réalisatrice des « Enfants des autres » : « Peut-on léguer sans être mère ? »

Dans un entretien au « Monde », la cinéaste dit avoir voulu se pencher sur la transmission, au-delà de la parentalité, dans son dernier film.

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Beau titre que celui du cinquième long-métrage de Rebecca Zlotowski : parler des Enfants des autres, c’est autant, pour la cinéaste parisienne, se raconter que faire l’éloge des expériences collectives que sont la parentalité, l’éducation, la religion ou le cinéma.

S’agit-il de votre film le plus personnel ?

Ce n’est pas la première fois que je regarde une réalité qui m’est proche, même si je ne l’ai jamais fait avec aussi peu de filtres. Faire jouer mon propre père, qui prie sur la tombe de ma propre mère, filmer pour la première fois la ville où j’ai grandi – Paris –, c’était aller vers cette simplicité. Je voulais aussi « réparer » des scènes que je n’ai pas pu vivre. Dire, par exemple, au revoir à cet enfant qui n’est pas le mien.

« Les Enfants des autres » répond-il à « Belle épine » (2010), votre premier film ?

Sans doute. Pas seulement parce que les héroïnes portent le même patronyme, Friedman, ou parce qu’on aperçoit Léa Seydoux sur une affiche, dans le dernier plan. Avec Belle épine, je racontais que, même orpheline, on n’oublie pas sa mère ; là, je raconte que, même si on n’est pas mère, quelqu’un ne vous oubliera pas.

Quels ont été les défis de mise en scène ?

C’est une année particulière dans la vie de cette femme, qui compte triple en matière de fertilité. Comment se saisir des outils de narration et de filmage pour raconter que le temps, en elle, s’écoule différemment ? Arnaud Desplechin ou Nuri Bilge Ceylan auraient peut-être inséré des cartons. J’ai trouvé d’autres solutions : des iris qui s’ouvrent et se ferment, des saisons qui passent…

La célébration de Yom Kippour scande, de même, le film…

J’ai du mal à ne pas être traversée par ma judéité, en ce qu’elle a de pesant parfois, de lumineux souvent. Fêter Kippour sur le trottoir d’une synagogue, ça marque le passage du temps. Ça montre aussi, en quelques plans, que cette famille est unie. C’est un film sur la transmission plus que sur la maternité. On a besoin de savoir qui va vous enterrer – c’est ma part ashkénaze qui parle. Peut-on léguer, laisser une trace, sans être mère ?

L’héroïne voit la maternité comme une « expérience collective ». Elle « fait lien », jusque dans son métier, professeure. Le pluriel du titre vient-il de là ?

Absolument. Quand je parle du cinéma, j’utilise ces mots, « expérience collective ». J’ai longtemps cru que je n’aurais jamais d’enfants, comme si on me refusait le visa d’un pays que je voulais visiter. Le cinéma peut être un palliatif. Il nous relie au politique, à l’histoire des formes, à l’humanité. J’ai adoré cela, aussi, quand j’ai enseigné au lycée ou à l’université.

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