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Réforme des retraites: Borne martèle ses arguments avant l’examen par les députés

Invitée jeudi soir de France 2, la première ministre tente encore de convaincre de la pertinence de son projet. Elle compte sur le débat parlementaire pour confronter les oppositions.

Confrontée à la contestation des Français, Élisabeth Borne espère encore les convaincre de la pertinence de sa réforme des retraites. «J’entends les réticences, les inquiétudes, les questions», lance la première ministre en introduction de son propos, jeudi soir sur France 2, alors que deux nouvelles journées de mobilisation sont prévues par les organisations syndicales, les 7 et 11 février. Le débat parlementaire doit débuter en séance publique à l’Assemblée nationale lundi prochain. Un rendez-vous que la chef du gouvernement espère être utile pour confronter les oppositions.

«On peut critiquer notre projet mais qu’est-ce qu’on propose?», demande-t-elle, en visant en particulier les partis de gauche qui ont déposé près de 18.000 amendements. Élisabeth Borne fait le vœu qu’ils en «retirent» pour rendre possible un débat projet contre projet. Et de fustiger dès à présent les préconisations de la Nupes, qu’elle résume comme «110 milliards d’euros d’impôts supplémentaires... par an évidemment!»

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Au déséquilibre à venir du système de retraite par répartition, «on peut vouloir répondre par des taxes, des impôts, des cotisations sociales plus importantes» mais «nous on pense que c’est très important de préserver le pouvoir d’achat». Y compris, souligne-t-elle, celui des retraités les plus aisés. Le choix de l’exécutif de porter à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite est «un effort collectif demandé aux Français» qui «suscite des réactions» mais «(sa) responsabilité est de dire la vérité».

Les femmes, pas pénalisées?

L’occasion de revenir sur les analyses du Conseil d’orientation des retraites (COR), dont la présentation par son président Pierre-Louis Bras ont prêté le flanc à des interprétations très disparates. «Les dépenses de retraite n’explosent pas», note Élisabeth Borne à l’instar de Pierre-Louis Bras, tout en ajoutant une mise en garde: «Les recettes ne sont pas là». En cause, la démographie qui met en péril «l’équilibre» du système. À pas feutrés et en veillant à choisir ses mots avec prudence, Élisabeth Borne est revenue sur les inquiétudes les plus vives qui entourent sa réforme. À commencer par les femmes, présentées par son ministre Franck Riester (Relations avec le Parlement) comme «un peu pénalisées» par le système proposé. «Cette réforme protège les femmes», jure la première ministre. Ajoutant: «En faisant le choix de ne pas décaler les 67 ans, ce fameux âge d’annulation de la décote (…), en revalorisant la pension minimale, on protège les femmes les plus modestes qui ont les métiers les plus difficiles».

De la même façon, la chef du gouvernement indique être «favorable» à l’abaissement du seuil à 50 salariés (contre 300 selon le projet initial) à partir duquel les entreprises seraient concernées par le futur «index seniors» que le gouvernement veut instaurer pour lutter contre le chômage des plus âgés.

On va discuter avec tous ceux qui veulent soutenir une réforme des retraites. Je pense que c’est le cas des Républicains

Élisabeth Borne

«On va discuter avec tous ceux qui veulent soutenir une réforme des retraites. Je pense que c’est le cas des Républicains», martèle la première ministre. Elle devra prochainement clarifier sa position quant à l’amendement des députés de droite qui souhaitent que les personnes qui ont commencé à travailler entre 16 et 20 ans puissent partir à la retraite après 43 de cotisations, contre 44 dans le texte du gouvernement. Un amendement à 1.2 milliards d’euros. «Je cherche le système le plus protecteur» mais en «ne perdant pas de vue» l’objectif qui est «d’assurer l’équilibre» du système, note Élisabeth Borne.

Interrogé quelques instants plus tard sur la même antenne, le président de LR Éric Ciotti se montre confiant: «Nous sommes en train d’obtenir du gouvernement qu’il y ait 43 annuités et pas plus pour tous ceux qui ont commencé à travailler très tôt».

Une chose est sûre, Élisabeth Borne «n’envisage pas» l’hypothèse d’une adoption au forceps grâce à l’article 49-3. «Mon objectif c’est de trouver des compromis», répète l’hôte de Matignon qui fait face à des cortèges très fournis à travers tout le pays.

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Dans son travail de persuasion de l’opinion, Élisabeth Borne a été aidée jeudi par l’un de ses prédécesseurs, Édouard Philippe.

Sur BFMTV, le président du parti allié Horizons a dit soutenir «sans ambiguïté» le projet de l’exécutif même s’il le trouve «moins ambitieux» que le système universel à points qu’il défendait en 2020. «Pour équilibrer le système, il faut travailler plus longtemps», a insisté le maire du Havre, qui s’était fait plutôt discret depuis la présentation du texte. «Je ne crois pas qu’il y ait des réfractaires», a-t-il dit alors que de nombreux députés de son parti ont publiquement partagé leurs réserves. Or pour le gouvernement, l’unité de la majorité n’est pas une option. Elle est impérative pour affronter les jours de gros temps qui s’annoncent encore.