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Réforme des retraites : des déclarations d'Emmanuel Macron aux réactions des syndicats, ce qu'il faut retenir ce mercredi

Emmanuel Macron a émis mercredi le souhait que l'impopulaire réforme des retraites entre en vigueur d'ici la fin de l'année, excluant tout recul sur ce texte emblématique tout en disant comprendre la "colère légitime" des Français et en tendant la main aux syndicats.

L'intervention du chef de l'Etat, attendue depuis des semaines, n'a pas produit dans l'immédiat l'effet d'apaisement escompté par l'Elysée, la CGT et surtout la CFDT fustigeant "mépris" et "mensonge" de sa part, tandis que l'opposition redoublait de critiques.

La décision présidentielle de recourir à l'article 49.3 pour faire passer coûte que coûte la réforme des retraites a provoqué la colère des opposants et des organisations syndicales ainsi que de protestataires qui ont basculé dans la violence. "Ce texte va poursuivre son chemin démocratique", a déclaré d'emblée Emmanuel Macron, interrogé sur TF1 et France 2 en direct du jardin d'hiver de l'Elysée.

Le président a réitéré son souhait de voir la réforme "entrer en vigueur d'ici la fin de l'année", après son examen par le Conseil constitutionnel, afin, a-t-il ajouté, de permettre une augmentation des pensions pour 1,8 million de retraités. Cette réforme, qui reporte notamment l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, n'est "pas un plaisir ni un luxe" mais une "nécessité", a insisté le chef de l'Etat.

"Est-ce que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? Non." "Nous devons avancer car c'est l'intérêt supérieur de la Nation (...) S'il faut endosser l'impopularité dans le pays je l'endosserai", a-t-il ajouté.

"Colère légitime"

Dans ce climat social éruptif, le président s'est expliqué sur une phrase controversée prononcée mardi soir devant les parlementaires de la majorité.

"L'émeute ne l'emporte pas sur les représentants du peuple et la foule, quelle qu'elle soit, n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus", a-t-il dit, selon un enregistrement entendu par Reuters. Sur TF1 et France 2, le chef de l'Etat a expliqué qu'il ne parlait pas des Français qui ont manifesté à l'appel des syndicats, mais des "factieux" qui recourent à la violence, notamment contre les élus de sa majorité.

"On ne peut accepter ni les factions ni les factieux", a-t-il dit. "On ne tolérera aucun débordement." Emmanuel Macron a néanmoins assuré entendre la "colère légitime qui s'exprime dans un cadre républicain" et dit vouloir apporter "une réponse" via une reprise du dialogue avec les partenaires sociaux.

"Moi je souhaite qu'on réengage avec les partenaires sociaux sur des sujets très concrets", a-t-il dit, citant notamment l'usure professionnelle, les fins de carrière et les petits salaires.

"Il faut remettre sur le terrain le dialogue social pour que les carrières permettent de mieux gagner sa vie", a-t-il ajouté. Il a demandé au gouvernement de travailler sur un dispositif instaurant une "contribution exceptionnelle" des entreprises vers leurs salariés lorsqu'elles réalisent d'importants profits.

Les syndicats repoussent la main tendue

Pour l'heure, l'intersyndicale n'est pas disposée à tourner la page de la réforme des retraites, avec une neuvième journée de mobilisation massive prévue jeudi. Emmanuel Macron a dit regretter qu'"aucune force syndicale n'ait proposé de compromis" sur la réforme des retraites, provoquant une vive réaction du leader de la CFDT.

"Déni et mensonge !", a tempêté Laurent Berger sur Twitter. "La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron 2023 refait l'histoire et ment sur la CFDT pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste."

Déni et mensonge ! La CFDT a un projet de réforme des retraites.
Macron 2019 l’avait compris il avait repris notre ambition d un système universelle.
Macron 2023 refait l histoire et ment sur @cfdt pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste

— Laurent Berger (@CfdtBerger) March 22, 2023

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a pour sa part dénoncé un discours "lunaire" et un "mépris" des manifestants. Disant refuser "l'immobilisme", le chef de l'Etat a renouvelé sa confiance à Elisabeth Borne, à qui il a demandé "d'élargir la majorité autant qu'elle le pourra" dans les semaines à venir.

"Elle a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale, (...) bâtir un programme législatif pour avoir moins de textes de loi, des textes plus courts, plus clairs", a-t-il dit, promettant des mesures concrètes sur la santé, l'éducation, l'écologie ou encore l'immigration .

"Discours vide"

La tâche de la Première ministre s'annonce compliquée face à une opposition de moins en moins encline à s'associer à l'exécutif, à l'image du député Les Républicains (LR) Pierre-Henri Dumont, qui a voté la motion de censure contre l'avis des chefs de file de son parti.

"Il y a un grand danger de signer un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron", a-t-il déclaré sur BFMTV. "Si demain il n'existe plus dans le pays une opposition non populiste à Emmanuel Macron, nous aurons en 2027 soit Mme Le Pen, soit M. Mélenchon à l'Elysée."

La critique a été sans surprise encore plus virulente aux deux extrêmes de l'Hémicycle, Marine Le Pen (Rassemblement national) fustigeant un "discours vide" et le "mépris pour les Français" du chef de l'Etat. "Si la Première ministre avait un peu de sens politique, elle partirait d'elle-même.

Son autorité est ruinée et son action future illusoire", a-t-elle martelé devant la presse à l'Assemblée nationale.