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Réforme des retraites, en direct : « Votre gouvernement est déjà mort », lance Mathilde Panot (LFI) à l’Assemblée

Mathilde Panot (LFI) à l’Assemblée nationale, Paris le 20 mars 2023.

Live en cours

« Le peuple vous regarde, comme on regarde quelqu’un qui a trahi », a dit la présidente du groupe La France insoumise en introduction de sa prise de parole à la tribune.

« Soyons clairs le problème aujourd’hui, ce n’est pas la réforme des retraites, c’est le président de la République », fustige Olivier Marleix (LR)

C’est le président du groupe Les Républicains (LR), Olivier Marleix, qui a pris la parole pour son groupe à l’instar de ce qu’il s’est passé pour La France insoumise ou encore Renaissance. Alors que les rangs de son groupe ont été divisés sur le fond de la réforme des retraites, et qu’une poignée de députés LR compte, malgré la consigne de leur parti, voter la motion de censure transpartisane, M. Marleix s’est dans un premier temps félicité des apports à la réforme acquis par la droite parlementaire.

Il a ensuite, lui aussi, fustigé l’alliance infondée, selon lui, des autres oppositions contre le gouvernement, estimant qu’il n’y a là aucun projet alternatif concret, mais une stratégie politique du chaos :

Nous ne voterons donc pas les motions de censure. Nous ne nous laisserons pas entraîner par une extrême gauche qui assume de vouloir détruire les institutions de la Ve République. Nous ne serons pas les témoins de ces noces barbares entre ceux qui assument vouloir mettre le chaos et ceux qui, silencieux, n’ont aucune proposition pour sauver les retraites, mais espère tirer profit de ce chaos.

ll a toutefois ajouté : « Soyons clairs le problème aujourd’hui, ce n’est pas la réforme des retraites, c’est le président de la République ». « Cette nécessaire réforme des retraites paye six années d’un exercice isolé, parfois narcissique et souvent arrogant du pouvoir, comme insensible à la vie des Françaises et des Français », a-t-il déclaré, fustigeant « le décalage » de M. Macron avec le pays.

« Le président de la République n’a-t-il rien retenu de la crise des gilets jaunes ? Sans respect des Français, des corps intermédiaires, des partenaires sociaux, rien n’est possible. Le bras d’honneur, Madame la première ministre, n’est pas une méthode de gouvernement », a-t-il poursuivi, avant de conclure :

Il [Emmanuel Macron] peut changer de gouvernement, il peut recourir au référendum. Il peut différemment son mandat à lui d’entendre les avertissements, y compris le nôtre, s’il veut aller au bout de son quinquennat. Réformer, oui, fracturer, non.

Tout à fait. Mme Bergé, qui a tout de même profité de son temps pour exposer la position de son groupe, n’a pas utilisé les cinquante minutes à sa disposition, car il s’agit d’un temps de parole maximum et qu’elle a tout de même bien eu le temps de détailler son argumentaire. Il est rare que Renaissance use de l’entièreté de son temps parlementaire, ce dernier étant bien plus grand que celui dont disposent les autres groupes alliés de la majorité présidentielle et de l’opposition, puisqu’il est proportionnel au nombre de sièges à l’Assemblée.

Vous êtes plusieurs à vous interroger sur les places vides laissées dans certains coins de l’Assemblée. Ce ne sont le signe que de retards, qui ne présagent en rien l’issue du vote des motions de censure. Pour rappel, ce dernier ne se déroulera pas dans l’hémicycle. Le vote d’une motion de censure est un scrutin public un peu particulier. Après ces débats, les députés sortiront pour voter dans des salles attenantes. Chaque député glissera, s’il y prend part, son bulletin dans les urnes électroniques ou physiques et sans délégation de vote (procuration donnée à un collègue, ce qui est courant pour les votes en séance publique). Les députés absents ne pourront donc pas voter.

« Votre gouvernement est déjà mort », prévient Mathilde Panot (LFI)

« Le peuple vous regarde, comme on regarde quelqu’un qui a trahi », a lancé Mathilde Panot en introduction de sa prise de parole à la tribune. « Des traîtres d’un genre nouveau, de ceux qui déçoivent les espoirs que l’on n’a jamais fondés en eux », a développé la présidente du groupe La France insoumise (LFI), décrivant un président « artisan du chaos, porté disparu », qui « s’il voulait réparer le pays pourrait annoncer un référendum ou une dissolution » : « Il porte l’entière responsabilité d’une explosion de colère. En démocratie, pourtant, le peuple est le seul souverain. »

« Quelle misère morale et politique : ni légitimité populaire ni légitimité parlementaire… Vous avez précipité le pays dans une crise de régime », a analysé l’élue du Val-de-Marne, énumérant les « petits accords de couloirs », le « vote bloqué au Sénat » et le « bras d’honneur à l’Assemblée nationale ». « Peu importe l’issue de cette motion de censure, vous avez déjà perdu, a prévenu Mathilde Panot. Pour beaucoup, votre gouvernement est déjà mort. Au moment où vous passez en force par arrogance, votre pouvoir s’est effondré. »

Mathilde Panot (LFI) à l’assemblée nationale, Paris le 20 mars 2023.

Aurore Bergé fustige l’alliance des oppositions contre le gouvernement : « Oui, une motion de censure, de facto, devient un programme commun », « j’ai honte du tapis rouge que vous dressez à l’extrême droite »

Constitution à la main, la présidente du groupe Renaissance, principale force du camp présidentiel, Aurore Bergé, s’est lancée dans une longue position de groupe à la tribune de l’Assemblée, fustigeant le « programme commun » des oppositions en pointant la motion de censure transpartisane, celle du groupe LIOT, cosignée par des élus des quatre groupes de gauche, et qui sera aussi votée par les élus du Rassemblement national.

« Vous parlez aujourd’hui d’une motion de censure dite “transpartisane”, (…) mais la question transpartisane, elle se pose surtout au moment du vote : savoir avec qui on est prêt ou non à lier son vote, savoir avec qui on est prêt ou non à voter. (…) Oui, une motion de censure, de facto, devient un programme commun parce qu’une motion de censure, c’est l’incapacité à trouver une alternative crédible, à dégager une autre majorité [que celle de] celles ou ceux qui voteront ensemble. »

Dénonçant ce « projet commun » liant la gauche et le centre à l’extrême droite, Mme Bergé a poursuivi en arguant : « Quand on parle de grande coalition, on est ensemble pour un projet commun, on est ensemble pour continuer à transformer son pays, on est ensemble pour permettre de faire que ce pays avance. C’est l’inverse que vous nous proposez aujourd’hui avec une motion de censure qui vise à mettre à l’arrêt notre pays, qui vise à créer du blocage non seulement dans nos institutions, mais évidemment du blocage dans la rue. »

Fustigeant l’ombre omniprésente de Jean-Luc Mélenchon planant sur l’intergroupe Nupes, mais aussi l’extrême droite, qui œuvre en silence à l’Assemblée nationale, ainsi que l’alliance supposée des autres oppositions avec elle dans ce « projet commun » de motion de censure, Aurore Bergé a lancé, s’adressant tout particulièrement aux bancs de la droite et du centre : « J’ai honte du tapis rouge que vous dressez à l’extrême droite. » Elle met en avant, au contraire, la solidité, selon elle, du camp présidentiel et salue la ténacité de la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne.

Elle s’est aussi attaquée aux députés des Républicains (LR), estimant que la droite sénatoriale, au contraire des députés, a su négocier avec le gouvernement et soutenir le projet de loi, de manière cohérente avec le projet porté par le parti en la matière (la retraite à 65 ans) : « Il y a eu malheureusement des trajectoires personnelles » et « des calculs individuels qui ne sont en rien, mais alors en rien motivés par l’intérêt général », au sein de LR, selon elle, ce qui a fait échouer la possibilité pour le texte d’être voté à l’Assemblée.

Un policier accuse Eric Coquerel (LFI) de l’avoir frappé, le député dément

Une enquête a été ouverte après une plainte déposée par un policier accusant le député Eric Coquerel (La France insoumise) de l’avoir frappé au visage lundi matin lors d’une opération de déblocage de camions-bennes à Aubervilliers, a annoncé le parquet de Bobigny. « Je démens formellement cette accusation », a réagi l’élu dans un communiqué que Le Monde a consulté. L’enquête a été ouverte sur le chef de « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique », et confiée à la sûreté territoriale.

Le policier, affecté au commissariat de Saint-Denis, accuse le député, à la suite d’« un mouvement de foule », d’avoir « porté un coup avec le dos de son poing fermé », et dit avoir « reçu le coup au niveau de [sa] pommette gauche », selon la plainte consultée par l’Agence France-Presse. Le policier, qui déclare « ressentir une douleur à la pommette gauche », doit se rendre à l’unité médico-judiciaire pour déterminer le nombre de jours d’incapacité totale de travail qui « n’est pas encore connu », a précisé le parquet de Bobigny.

Les forces de l’ordre intervenaient lundi matin pour débloquer un garage de camions-bennes de Veolia à Aubervilliers. Des manifestants bloquaient l’accès du site, a déclaré une source policière.

Le député de Seine-Saint-Denis a expliqué s’être rendu au garage de Veolia « en soutien aux éboueurs ». « Dès mon arrivée, je me suis retrouvé, avec mon collègue Bastien Lachaud (LFI), face à des policiers repoussant vivement les manifestants. La charge a été telle qu’elle a généré une forte bousculade, durant laquelle j’ai failli tomber à plusieurs reprises », assure l’élu.

La députée du RN Laure Lavalette dénonce une « réforme d’injustice sociale sans commune mesure »

Après Charles de Courson, Laure Lavalette, députée du Rassemblement national (RN) du Var, est montée à la tribune de l’Assemblée pour défendre la motion de censure du parti d’extrême droite. L’élue a tancé « l’ego du gouvernement [qui] n’a d’égal que la contestation qu’il provoque contre lui » : « Il a notamment conduit la première ministre à utiliser onze fois le 49.3 depuis juin dernier, sans que la brutalité ne s’efface au profit de la lassitude. »

Listant les « mensonges » et le « cynisme » du gouvernement dans la défense de son projet de loi, Laure Lavalette a dénoncé une « réforme d’injustice sociale sans commune mesure », pour mieux défendre les promesses faites par Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle, laquelle défendait une retraite à 60 ans pour les salariés entrés avant 20 ans sur le marché du travail. « Alors chiche monsieur Macron, allons à la dissolution et demain nous reviendrons plus nombreux encore pour donner un groupe plus puissant, voire majoritaire à Marine Le Pen, a harangué la députée. Car plus que jamais, je suis convaincue que nous sommes la véritable alternance, convaincue qu’après vous ce sera à nous. »

Laure Lavalette, députée du parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), prononce un discours avant le vote de deux motions de censure à l’Assemblée nationale française, le 20 mars 2023.

Non, aucune. Même les députés les plus critiques et sceptiques à l’usage du 49.3 par le gouvernement au sein du camp présidentiel (Renaissance, MoDem, Horizons) n’ont aucun intérêt à censurer le gouvernement qu’ils soutiennent, y compris s’ils s’opposent à la manière dont Elisabeth Borne a conduit les négociations parlementaires autour de la réforme des retraites.

Il est une chose de désapprouver une tactique politique ou de s’opposer à des mesures de fond comprises dans la réforme (qui auraient pu conduire certains à s’abstenir ou à voter contre, en particulier contre le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans), et le faire savoir ; c’en est une autre de soutenir une motion de censure portée par les oppositions. Ceci reviendrait à désavouer leur propre camp et à, de facto, les faire basculer dans l’opposition.

Pour rappel, lors du vote d’une motion de censure, seuls les votes favorables sont comptabilisés ; ne sont donc relevées aucune expression défavorable ni aucune abstention.

« Le courage, le respect des institutions auraient dû conduire au vote », affirme Charles de Courson, qui dénonce un « déni de démocratie »

Désigné par son groupe LIOT pour défendre la motion de censure transpartisane qu’il a déposée vendredi, le député centriste Charles de Courson, doyen de l’Assemblée, connu pour son art oratoire incisif, a ouvert le bal de la présentation des positions de groupe à la tribune de l’Hémicycle.

Lors de sa prise de parole, le centriste a fustigé la décision du gouvernement, en arguant qu’elle altérait l’état de notre démocratie et venait « détourner l’esprit de la Constitution » : « Rien ne vous obligeait au 49.3. Le courage, le respect des institutions auraient dû conduire au vote. (…) Ce vote, vous l’auriez très probablement perdu, mais c’est la règle, en démocratie. »

« Notre décision de déposer une motion de censure n’a pas été prise à la légère », a constaté M. de Courson, arguant que pour le gouvernement, « ce texte a marqué la mort des engagements pris en juillet » en matière de prise en compte des oppositions parlementaires au lendemain des législatives 2022, alors que le camp présidentiel n’a pas obtenu de majorité absolue à l’Assemblée. « Vous avez échoué à rassembler », a-t-il cinglé.

« L’Assemblée nationale, seule représentante du peuple français, n’aura jamais voté sur ce projet de loi » et « le gouvernement a usé de toutes les manoeuvres possibles pour contourner et contraindre le débat parlementaire, pour tordre les procédures », a encore déploré M. de Courson. Le député a ainsi une fois de plus dénoncé le « déni de démocratie » dont a fait preuve le gouvernement selon lui, ainsi qu’une réforme des retraites « injuste » qui « cristallise les tensions, les inquiétudes et la colère de nos concitoyens ».

Coup d’envoi des débats à l’Assemblée nationale sur les motions de censure

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, vient d’ouvrir la séance publique à l’Assemblée nationale.

Avant le lancement des discussions autour des deux motions de censure déposées contre le gouvernement, elle a rendu un hommage au journaliste français indépendant Olivier Dubois, qui vient d’être libéré après avoir été retenu 711 jours en captivité. L’ensemble des bancs s’est levé pour applaudir à l’annonce de cette nouvelle.

Les bancs de l’Hémicycle comme ceux du gouvernement sont fournis pour cette séance ultime autour de la réforme des retraites. Le texte sera définitivement adopté en cas de rejet de deux motions de censure, déposées l’une par le groupe centriste et indépendant LIOT et l’autre par le RN. Dans le cas contraire, en cas d’adoption de l’une des motions, Elisabeth Borne devra déposer la démission de son gouvernement.

Le programme de cet après-midi politique

  • A l’Assemblée nationale, la séance publique durant laquelle les députés vont discuter et voter les motions de censure déposées par les oppositions contre le gouvernement, après son recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, commencera à 16 heures.
  • La première motion de censure examinée sera celle transpartisane, déposée par le groupe centriste Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) et soutenue par les quatre groupes de gauche, autour de laquelle le suspens continu de planer, avant l’examen de celle déposée par le Rassemblement national (RN). Pour rappel, pour qu’une motion de censure soit adoptée, elle doit recueillir une majorité absolue des voix, soit 287 en l’état des bancs de l’Assemblée. Ce qui paraît difficile à atteindre. Par ailleurs, durant le scrutin, seules les voix « pour » sont comptabilisées.
  • Tous les regards se tournent vers les députés Les Républicains (LR) : il faudrait que 28 d’entre eux, sur 61, votent la motion de censure transpartisane pour qu’elle aboutisse – si, en outre, tous les députés des groupes soutenant le texte s’expriment eux aussi. Dans les oppositions, chacun s’efforce de les convaincre, mais sur le papier, le compte n’y est pas encore, alors que moins de 10 d’entre eux ont publiquement fait savoir qu’ils voteraient la motion, contrairement au reste de leur groupe.
  • Avant le vote de chacune des motions, chaque groupe, représenté par sa présidente ou son président ou l’un de ses membres, présentera en premier lieu sa position sur les deux motions lors d’une discussion commune, avant qu’Elisabeth Borne ne défende sa place et son gouvernement à la tribune. Selon les groupes, les orateurs auront entre 5 et 15 minutes maximum de temps de parole, hormis le groupe Renaissance qui dispose de 50 minutes maximum.
  • Les députés seront ensuite convoqués par la présidente de l’Assemblée pour voter dans des salles adjacentes à l’hémicycle, d’abord la motion déposée par LIOT. Tous sortent et seuls ceux qui veulent s’exprimer pour la motion iront déposer un bulletin dans l’urne en leur seul nom – aucune délégation de vote n’est possible.
  • Ils reviendront ensuite dans l’hémicycle pour l’annonce du résultat du vote de cette première motion, avant de repartir voter la seconde et que se répète le processus. Du fait de ce mode de scrutin, le temps de vote sera plus long que lors du vote systématique par boîtier électronique depuis les bancs de l’Assemblée. Le résultat du vote sur la première motion est donc attendu entre 18 et 19 heures.

Philippe Martinez (CGT) dénonce une répression policière « qui n’est pas justifiée »

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a dénoncé lundi sur Boursorama une « forte répression policière » qui « n’est pas justifiée » vis-à-vis des manifestants opposés à la réforme des retraites. « Ce sont des rassemblements organisés, il y a des familles qui viennent protester, et je trouve d’ailleurs (…) qu’il y a une forte répression policière », a-t-il déclaré.

« Sûrement qu’il y a eu des ordres de la part du ministère de l’intérieur, parce que face à ces rassemblements (…), il y a une répression forte vis-à-vis de manifestants qui sont là de façon tout à fait pacifique avec leurs enfants etc., c’est grave », a-t-il poursuivi. « Face à ces manifestations, ces rassemblements, il y a une augmentation de la répression des manifestants qui n’est pas justifiée », a-t-il insisté, en se demandant si le gouvernement ne cherche pas des « incidents forts pour détourner le débat de l’origine du mécontentement ».

Depuis jeudi, jour du recours au 49.3 par le gouvernement pour faire passer sa réforme, de multiples manifestations et rassemblements à l’appel ou non des syndicats sont organisés à Paris et en régions, parfois émaillés de tensions – poubelles incendiées, mobilier urbain vandalisé, jets de projectiles en direction des forces de l’ordre. La police a répondu avec des arrestations en nombre, 169 personnes ayant par exemple été interpellées samedi soir, dont 122 à Paris.

Selon Philippe Martinez, « 98 % des rassemblements qui se sont passés ce week-end étaient à l’appel des organisations syndicales ». A Paris, le rassemblement place de la Concorde jeudi avait été déclaré par Solidaires et celui de la place d’Italie samedi par la CGT, mais il y a aussi eu de nombreux cortèges « sauvages » dans les rues de la capitale.

La Ligue des droits de l’homme (LDH) a de son côté dénoncé dimanche soir sur Twitter « un usage disproportionné et dangereux de la force publique », qui met à « mal le droit de contestation des citoyens », s’inquiétant d’un « tournant antidémocratique ».

A l’Assemblée nationale, les députés arrrivent

Pierre-Henri Dumont (LR) répond à des journalistes dans la salle des Quatre-Colonnes de l’Assemblée nationale, Paris, le 20 mars 2023.

Des stations-service à sec pour la première fois depuis le début des grèves contre la réforme des retraites

La grève contre la réforme des retraites se durcit dans les raffineries, et de nombreuses stations françaises sont à sec pour la première fois depuis le début du conflit social, à la fin de janvier, principalement dans le Sud-Est, où la préfecture du Vaucluse a décidé de contingenter les ventes.

« Il n’y a plus aucun produit qui sort à cette heure » de l’ensemble des raffineries de l’Hexagone, que ce soit des six raffineries conventionnelles ou de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), a affirmé lundi à l’Agence France-Presse Eric Sellini, élu national de la CGT-Chimie. Les expéditions de carburants vers les dépôts qui alimentent les stations-service étaient déjà bloquées ce week-end dans la plupart des raffineries.

Depuis lundi, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) et celle d’Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer ont de nouveau cessé les expéditions, selon la CGT, ce que confirment les directions des deux groupes. « Jusqu’à jeudi soir, il n’y aura aucune sortie de carburant, que ce soit par wagon ou par camion », a fait savoir Lionel Arbiol, délégué CGT à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer. Plusieurs dépôts de carburants sont également bloqués, selon la CGT, comme celui de TotalEnergies près de Dunkerque, bloqué depuis le 6 mars, ou celui de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, selon la CGT.

Des syndicalistes CGT bloquent l’accès la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) pour protester contre la réforme des retraites, vendredi 17 mars 2023.

Jusqu’à présent, les raffineries continuaient à produire du carburant, même si celui-ci n’était pas expédié. Mais cela change avec l’arrêt ce week-end d’une première raffinerie, la plus grande de France, celle de TotalEnergies en Normandie. L’opération prend plusieurs jours et l’installation devrait complètement stopper « lundi soir ou mardi matin », selon M. Sellini.

D’autres raffineries pourraient suivre, comme celle de PétroIneos à Lavéra (Bouches-du-Rhône) où « la procédure d’arrêt » doit être lancée lundi après-midi, selon Sébastien Varagnol, délégué CGT. « Si une motion de censure est votée cet après-midi, nous entreprendrons bien sûr aussitôt les manœuvres de redémarrage de la raffinerie », dit-il, ou encore celle de Feyzin près de Lyon, où d’après Jeff Vapillon, syndicaliste FO et salarié du site, l’équipe de 6 heures n’est pas venue relever l’équipe de nuit lundi, contraignant celle-ci à prolonger son travail, afin de pousser la direction à prendre des « consignes d’arrêt ». La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) pourrait, elle aussi s’arrêter de produire lundi ou mardi au plus tard, tandis que la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer tourne « au ralenti », selon la CGT.

La moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquent ce lundi d’un type de carburant, et 37 % sont à sec, selon des données publiques analysées par l’Agence France-Presse. La pénurie a fait tache d’huile dans les départements voisins du Gard et du Vaucluse. La préfecture du Vaucluse a ainsi décidé lundi de limiter les ventes de carburants dans les stations du département, jusqu’à jeudi inclus, afin d’éviter des phénomènes « d’achats préventifs préjudiciables au bon fonctionnement » de ces stations. Le manque de carburants touche également quelques départements de l’Ouest, comme la Loire-Atlantique, où la raffinerie de Donges a cessé ses expéditions de carburants depuis de nombreux jours.

La France compte 200 dépôts pétroliers et les pétroliers ont anticipé pour éviter la pénurie géante d’octobre dernier, causée par un conflit sur les salaires chez TotalEnergies et Esso, ce qui fait dire à Francis Pousse, président de Mobilians, qu’au niveau national la situation n’est « pas dramatique » et que le phénomène est « essentiellement concentré dans la région [Provence-Alpes-Côte d’Azur] ». A en croire Eric Sellini, le dépôt de Gennevilliers, qui alimente une grosse partie de la région parisienne, « n’a quasiment plus de produits ».

François Bayrou s’est bel et bien exprimé depuis le recours au 49.3 par le gouvernement sur la réforme des retraites, jeudi. Le président du MoDem, parti membre de la coalition présidentielle, a pris la parole au lendemain de la décision de l’exécutif, sur LCI, en arguant : « S’il n’y avait pas eu de 49.3, jeudi soir, nous nous serions trouvés avec plus de projet de loi de réforme des retraites – il aurait été battu au vote – et plus de gouvernement. »

Alors que ces dernières semaines, M. Bayrou a mis en garde à plusieurs reprises le gouvernement sur le besoin de concertation sociale sur le projet de réforme et de « pédagogie » pour l’expliquer aux Français, il a fait valoir vendredi que « dans les circonstances [de jeudi], j’estime qu’il n’y avait pas d’autre choix. La majorité a cru qu’elle aurait le soutien d’une partie des oppositions. J’étais plus sceptique. »

L’article 49.3 de la Constitution, « qu’on a pris l’habitude de vilipender », est « une des clés de voûte de la Ve République », a développé le maire de Pau, ajoutant : « Il dit quelque chose d’absolument compréhensible : vous êtes le gouvernement, vous vous avancez devant les Français et vous dites : “Le projet que je vous propose est tellement important pour moi que si vous n’en voulez pas, il faut que je m’en aille” ».

« Si l’Assemblée nationale refuse ce projet, alors le gouvernement est obligé de s’en aller. Il n’y a pas de plus démocratique, pas de plus sérieux, pas de plus grave comme vote que ce vote-là », a enfin insisté François Bayrou, au sujet de la possibilité pour les députés d’opposition de déposer une motion de censure et de l’adopter.

Comme vous le savez, les deux motions de censure déposées vendredi par les oppositions (celle transpartisane déposée par le groupe centriste Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, LIOT, et celle du groupe Rassemblement national, RN) sont examinées cet après-midi à l’Assemblée nationale à partir de 16 heures. Nous suivrons ici en direct leur examen et les votes toute la fin de journée.

Devant l’Assemblée nationale, avant les débats et les votes sur deux motions de censure, à Paris, le 20 mars 2023.

Les étudiants de l’université Paris-I votent l’occupation du site de Tolbiac

Plusieurs centaines d’étudiants de l’université Paris-I Panthéon Sorbonne ont voté lundi l’occupation du campus de Tolbiac pour dénoncer la réforme des retraites et le recours du gouvernement à l’article 49.3, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), à la mi-journée, lors d’une assemblée générale sur le site du 13e arrondissement de la capitale.

« Le 49.3 a réveillé la jeunesse », s’est réjouie auprès de l’AFP Lorelia Fréjo, 23 ans. « La colère monte, nous ne voulons plus suivre le calendrier de l’intersyndicale et nous invitons toutes les universités à nous rejoindre », a ajouté l’étudiante en langues. « Dans toutes les universités en France, ça monte, on passe un cap », a également estimé Eléonore Schmitt, une porte-parole du syndicat étudiant L’Alternative, ajoutant : « On se met en lien avec tous les travailleurs en grève pour les rejoindre sur les piquets. »

L’assemblée générale s’est déroulée alors que des cars de CRS étaient positionnés aux abords de l’université. A 18 heures, une autre réunion interuniversitaire est annoncée pour décider si « Tolbiac devient le centre névralgique de la contestation étudiante », a décidé l’assemblée générale. Les étudiants se sont dits déterminés à l’idée de rejoindre « tous les rassemblements prévus aujourd’hui et dans les jours à venir » à Paris, pour dénoncer le projet de réforme du gouvernement.

Mardi, une marche étudiante doit rallier l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, un des sites occupés par des éboueurs et des agents de propreté en grève, à la gare d’Austerlitz via Tolbiac.

Plusieurs ministres conviés à Matignon mardi

Elisabeth Borne, qui affronte deux motions de censure lundi après son recours au 49.3 pour une adoption sans vote de la réforme des retraites, a convié plusieurs ministres à déjeuner mardi à Matignon, a appris lundi l’Agence France-Presse (AFP) de sources concordantes.

Après le rejet probable de ces motions à l’Assemblée, ce déjeuner vise à montrer que les membres du gouvernement « soutiennent » la première ministre, nommée à Matignon le 16 mai dernier, a précisé un conseiller de l’exécutif, interrogé sur cette invitation à déjeuner.

« Je pense, je souhaite que le gouvernement va continuer à gouverner sous l’autorité d’Elisabeth Borne », a déclaré pour sa part le ministre des transports, Clément Beaune, sur franceinfo lundi matin. « Elle peut et elle doit rester (…). C’est une femme politique, une responsable politique dont on a besoin dans les mois qui viennent à la tête du gouvernement de la France », a-t-il ajouté.

Le recours au 49.3 va compliquer l’adoption « de futures réformes », juge l’agence de notation Moody’s

L’usage très contesté de l’article 49.3 par le gouvernement pour faire adopter sa réforme des retraites va « rendre difficile l’adoption de futures réformes », juge l’agence de notation financière Moody’s dans une note sur la France.

« La décision du gouvernement d’utiliser cet outil constitutionnel est susceptible de compliquer les tentatives futures de légiférer et mettre en œuvre des réformes macroéconomiques structurelles pendant le reste du mandat » d’Emmanuel Macron, écrit-elle. Moody’s attribue la note de AA2 à la France avec une perspective stable, c’est-à-dire une dette de « grande qualité » et un risque « très faible » de défaut, selon ses critères d’évaluation.

Dans sa note, Moody’s met, par ailleurs, en avant les risques que cette réforme ne soit pas adoptée si la motion de censure était votée lundi, si le projet était retoqué par le Conseil constitutionnel ou en cas d’un hypothétique référendum, même si elle juge ces scénarios « improbables ». Plus généralement, le texte est « moins ambitieux qu’envisagé initialement par le président Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle, mais devrait aider à soutenir la réduction du déficit durant la décennie », ajoute-t-elle.

Le contexte

Live animé par Marie Pouzadoux, Jean-Philippe Lefief et Corentin Lesueur

Image de couverture : Mathilde Panot (LFI) à l’Assemblée nationale, Paris le 20 mars 2023. Julien Muguet pour « le Monde »

  • Les députés se retrouvent dès 16 heures dans l’hémicycle de l’Assemblée pour examiner les deux motions de censure déposées par les oppositions, vendredi, au lendemain de l’utilisation du 49.3 par le gouvernement sur la réforme des retraites. Le but est de renverser le gouvernement d’Elisabeth Borne. Pour ce faire, il faut qu’une motion rassemble la majorité des scrutins des députés, soit 287 voix en l’état.
  • La première motion, autoproclamée comme transpartisane, a été déposée par le groupe centriste LIOT et est appuyée par les quatre groupes de gauche, membres de la coalition de la Nupes (socialiste, GDR – communiste, écologiste et « insoumis »). La seconde a été déposée par le groupe du RN, tandis que les députés d’extrême droite ont assuré qu’ils voteraient également la première.
  • La motion de censure transpartisane est celle qui a le plus de chance d’aboutir. Tout le suspense repose sur les députés LR, qui pourraient faire basculer le vote. Il faudrait que 28 des 61 députés de droite votent cette motion pour qu’elle aboutisse. Dans les oppositions, chacun s’efforce de les convaincre, mais sur le papier le compte n’y est pas encore, alors que moins de 10 d’entre eux ont publiquement fait savoir qu’ils voteraient la motion, ce à l’encontre du reste de leur groupe.
  • A la veille de l’examen des motions de censure, Emmanuel Macron a souhaité que la réforme « puisse aller au bout de son cheminement démocratique », tandis que plusieurs syndicats ont, eux, appelé à poursuivre la mobilisation lundi, alors que débutent les épreuves de spécialité du baccalauréat. Mais le front n’est pas uni, limitant les possibles perturbations.
  • La grève se durcit en tout cas dans les raffineries, de nombreuses stations-service se retrouvant à sec pour la première fois depuis le début du conflit social, principalement dans le Sud-Est.

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