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Réforme des retraites : « Il faut les aider », ce maire de l’Hérault va participer à une cagnotte de grévistes

Le 19 janvier dernier, lors de la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, René Revol (LFI) n’avait effectué aucune retenue, sur les salaires de ses agents grévistes. Ce mardi, pour cette nouvelle journée de contestation, le maire de Grabels (Hérault), un village de 8.800 habitants, à l’ouest de Montpellier, n’a pas renouvelé cette initiative, mais il a décidé de participer, personnellement, à une caisse de grève pour ses employés municipaux. L’élu répond aux questions de 20 Minutes.

Qu’est-ce qui est mis en place, ce mardi, à Grabels, pour cette nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites ?

Une caisse de grève. Attention, ce n’est pas moi qui l’ai mise en place. Elle est ouverte par les délégués syndicaux du Comité social territorial (CST) de la mairie de Grabels, élus par les agents. Et c’est un syndicat autonome de la Fonction publique qui la portera. Nous, les élus de la majorité municipale, nous abondons cette caisse. Chacun fait en fonction de ses possibilités. Moi, par exemple, j’ai décidé d’y verser la totalité de mon indemnité de maire du mois de février. Cela représente 1.206 euros. C’est pas le Pérou. Mais, c’est déjà ça. Des habitants m’ont demandé s’ils pouvaient aussi participer. Oui, c’est possible. Cette somme sera rassemblée, et permettra de verser une contribution à chaque gréviste, lorsqu’il présentera sa fiche de salaire mentionnant la retenue.

Ce n’est pas si courant, une caisse de grève, aujourd’hui…

Il y a encore de gros syndicats, comme ceux des dockers, qui ont des caisses de grève. Mais, en France, c’est peu répandu, aujourd’hui. Alors qu’en Allemagne, par exemple, les métallos [les ouvriers de la métallurgie] ont six mois de salaires devant eux, s’ils le souhaitent ! Evidemment, la discussion est tout de suite différente avec les patrons…

La retenue sur le salaire en cas de grève est un frein, pour les agents ?

La technique du gouvernement, c’est que les grévistes s’épuisent. Quand les dépenses alimentaires explosent, quand les prix de l’immobilier sont au plus haut à Montpellier… Une grève, ça suffit pour qu’ils finissent le mois à manger des patates… Il faut les aider.

Pourquoi souhaitiez-vous soutenir personnellement cette cagnotte ?

Parce que je suis scandalisé que l’on veuille faire travailler certains personnels municipaux que je connais très bien deux ans de plus. Les Atsem, qui travaillent auprès des enfants, dans les écoles maternelles, par exemple. Certaines ont la cinquantaine, elles ont déjà le dos cassé, à force de se baisser, à la hauteur des enfants. Et elles, on leur dit « Non, ça n’est pas un travail pénible ». Et les agents des espaces verts, qui travaillent dehors, toute l’année ? Certains, au bout de quarante ans, sont complètement cassés. Et on leur dit « Non, il faut attendre deux ans de plus » !

Le 19 janvier, vous n’aviez pas effectué de retenue sur les salaires des grévistes, pourquoi ne pas avoir renouvelé cette initiative ?

Pour la première journée, nous voulons marquer par un acte symbolique notre solidarité avec les grévistes. J’ai vu que, depuis, nous avons été suivis par d’autres communes.

C’était une démarche légale ?

Je n’en sais rien. J’ai fait étudier la jurisprudence, et cela ne s’était jamais produit. Manifestement, le gouvernement ne souhaite pas mettre de l’huile sur le feu, donc on m’a laissé tranquille. Pour cette deuxième journée de mobilisation, cela revient au même, mais nous payons, cette fois-ci, en tant qu’élus, avec notre argent personnel.