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Réforme des retraites : Les députés LR vont-ils finir par lâcher le gouvernement ?

Les yeux rivés sur la calculette. Alors que son projet de réforme des retraites arrive ce lundi à l’Assemblée, l’exécutif compte ses troupes. « Je crois que nous aurons une majorité (…) au Parlement », a déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, ce jeudi sur LCI. Le gouvernement espère bien s’appuyer sur les députés Les Républicains pour faire adopter son texte sans 49.3, mais l’affaire est loin d’être jouée. Car après avoir topé avec Elisabeth Borne à la mi-janvier, la droite se montre désormais bien moins enthousiaste sur le contenu du texte. Au point de voir ses élus lâcher l’exécutif au moment du vote ?

« On n’est pas là pour signer un chèque en blanc au gouvernement »

L’accord semblait pourtant bien scellé, le 12 janvier, à l’issue d’une entrevue avec la Première ministre. Devant les caméras, le patron de la droite, Eric Ciotti, se félicitait d’avoir arraché des concessions, notamment sur la revalorisation des petites pensions, après avoir déjà obtenu l’âge de départ à 64 ans plutôt qu’à 65. Mais le député de Nice semble s’être un peu emballé. « Peut-être que certains se sont précipités, car le compte n’y est pas. On n’est pas là pour signer un chèque en blanc au gouvernement », prévient Julien Dive, député LR de l’Aisne.

Au sein du groupe LR, plusieurs voix ont pointé du doigt « l’injustice » concernant les carrières longues. Ces élus souhaitent que les salariés ayant commencé à travailler avant 21 ans puissent partir en retraite dès l’obtention des 43 annuités, sans aller jusqu’à 64 ans. « C’était le cheval de bataille d’Aurélien Pradié [le numéro 2 LR], on l’a ensuite tous intégré en déposant un amendement de groupe », dit Eric Pauget, député des Alpes-Maritimes. La plupart des 62 députés LR en font désormais un élément incontournable pour voter le texte.

Mais mercredi, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, s’y est montré plutôt opposé. « Ce n’est pas dans notre objectif que de renoncer à cet équilibre trouvé, y compris celui qui fait que ceux qui ont commencé à 20 ans partent à la retraite à 64 », a-t-il indiqué, rappelant le « coût » d’une telle mesure, estimée entre 1 et 3 milliards d’euros. « S’ils n’ont pas 40-50 voix de la droite, les carottes sont cuites pour le gouvernement. Je pense qu’ils en sont conscients », réplique Eric Pauget.

« Tous les arguments sont bons pour ne pas voter »

Le bras de fer est entre les deux camps s’annonce tendu. D’autant que les macronistes commencent à s’agacer des atermoiements de la droite depuis plusieurs mois.  « On ne peut pas voter un report de l’âge pendant des années au Sénat, le défendre à la présidentielle, pour ensuite s’y opposer. J’ai envie de croire que la droite républicaine n’a pas rejoint le camp des démagogues et des populistes », tacle Pieyre-Alexandre Anglade, député Renaissance et président de la commission des Affaires européennes.

« Une partie de LR ne veut pas voter la réforme car ils ont été élus en menant une campagne très dure contre le président lors des législatives. Donc tous les arguments sont bons aujourd’hui pour ne pas voter. Si ce n’est pas les carrières longues, ce sera autre chose. On n’a pas fait assez là-dessus, et là-dessus, et là-dessus… », raille une députée Horizons, le parti d’Edouard Philippe.

« C’est invendable sur le terrain !

« LR, c’est le maillon faible. Ils sont dans une merde noire. Les retraites, c’est leur ADN, mais les députés des territoires ruraux, qui ont gagné face à nous à 51-55 %, ont tout à perdre. Ce que j’imagine, c’est que beaucoup auront piscine le jour du vote », s’amuse Thomas Ménagé, député RN du Loiret. Les élus LR auraient-ils ainsi peur de voter une réforme impopulaire dans l’opinion, y compris dans l’électorat de droite, alors que plane toujours la menace d’une dissolution ?

« Tout le monde est convaincu qu’il faut une réforme pour préserver le système. On est à l’écoute de nos territoires et ce qui était proposé auparavant, même chez nous comme les 65 ans, n’est pas possible aujourd’hui dans ce contexte d’inflation », répond Philippe Gosselin, député LR de la Manche. « J’ai dû faire une quarantaine de cérémonies de vœux en janvier, et la perspective de faire travailler 44 annuités ceux qui ont commencé plus tôt est invendable sur le terrain ! D’autant que niveau com', les macronistes s’y prennent comme des pieds… » Julien Dive, lui, préfère pointer les élus Renaissance, Horizons ou MoDem qui ont eux aussi fait part de leurs doutes sur le contenu de la réforme. « Plutôt que de s’occuper des LR, le gouvernement devrait se soucier des insatisfactions au sein de sa propre majorité ».