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Réforme des retraites : trois questions sur l’interview d’Emmanuel Macron

INTERVIEW. Après le rejet des motions de censure, le chef de l’État répondra aux questions des journalistes sur TF1 et France 2 mercredi à 13 heures.

Propos recueillis par Théo Sauvignet
La prise de parole televisee du president Emmanuel Macron sera la premiere depuis octobre 2022, ou il etait la aussi face a des journalistes.
La prise de parole télévisée du président Emmanuel Macron sera la première depuis octobre 2022, où il était là aussi face à des journalistes. © LUDOVIC MARIN / AFP

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Discret sur le sujet depuis le début de l'examen puis de l'adoption de la réforme des retraites par le Parlement, Emmanuel Macron s'exprimera mercredi à 13 heures à la télévision. En pleine crise politique alors que l'opinion manifeste son mécontentement dans la France entière, le gouvernement d'Élisabeth Borne a évité la censure de neuf voix lundi 20 mars, à l'Assemblée nationale, après avoir fait usage de l'article 49-3 de la Constitution. Spécialiste en communication politique, Philippe Moreau-Chevrolet décrypte pour Le Point les enjeux d'une telle prise de parole présidentielle.

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Le Point : À quoi doit-on s'attendre lors de cette prise de parole d'Emmanuel Macron ?

Philipe Moreau-Chevrolet : Ce choix du 13 heures est étonnant : on a l'impression que cette allocution est prise comme une formalité, que l'Élysée ne veut pas en faire un moment très solennel et ne saisit pas la gravité du moment. Comme dans toute la communication qui a précédé sur cette réforme, qui n'a pas semblé à la hauteur de la contestation et des difficultés politiques, on a le sentiment que la crise actuelle est prise à la légère, qu'elle ne mérite pas l'audience d'un 20 heures. Au-delà de défendre la réforme, je pense que, lors de sa prise de parole de mercredi, on peut s'attendre à ce que le président annonce la suite des réformes. Il annoncera probablement qu'il continuera comme il l'a décidé, notamment avec la loi immigration, sans remettre en question sa manière de diriger. Emmanuel Macron a toujours défendu les membres de son gouvernement : malgré les affaires, il n'a jamais demandé à un de ses ministres de démissionner. Ce sera probablement pareil avec Élisabeth Borne.À LIRE AUSSI Réforme des retraites : après un ultime 49.3, le quinquennat en suspens

Emmanuel Macron s'exprime-t-il trop tardivement sur le sujet ?

La contestation est déjà lancée et elle est partie pour plusieurs semaines. Le mal est fait, quoi qu'il arrive. Même s'il s'exprime après coup, c'est au président de préciser des portes de sortie de crise, il faut qu'il fasse des annonces fortes pour montrer qu'il y a une réaction à la crise politique majeure. Il lui reste plusieurs options : suspendre la réforme, comme l'avait fait Jacques Chirac, en attendant que les tensions se calment ou dissoudre l'Assemblée. Mais j'ai peu d'espoir, je pense qu'on sera tous déçus. Ce n'est pas dans la mentalité du président de se faire dicter un agenda. Le mandat est de toute façon terminé, Emmanuel Macron ne retrouvera pas de majorité à l'Assemblée : il y a 19 députés Les Républicains qui ont voté la censure et des députés MoDem appellent à la démission d'Élisabeth Borne. Pourtant, du côté de l'Élysée, c'est comme si, maintenant que les deux motions de censure ont été rejetées, la crise était terminée et qu'il fallait passer à autre chose.

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Quelle est l'ampleur de la crise à laquelle fait face le président ?

Le problème, ce n'est pas la réforme des retraites, mais c'est une question de démocratie, sur la manière d'exercer le pouvoir. C'est le système entier, ce régime presque monarchique, qui est remis en question. Et c'est à cela qu'il faut répondre demain lors de l'interview. Emmanuel Macron a imposé sa réforme à tout le monde, alors que le timing était mauvais et que ses propres experts disaient qu'elle n'était pas nécessaire. Il a envoyé la Première ministre au combat et a laissé la crise prendre de l'ampleur et s'envenimer. On ne l'a presque pas entendu sur la question, alors que c'était son choix dès le départ. Il faut aussi voir que nous étions déjà dans un contexte de crise : entre les Gilets jaunes et le Covid, depuis trois ans, il y a un climat préalable de tensions sociales. Si, mercredi, le président ne fait pas preuve de compréhension et de sens du compromis, le risque d'empirer encore la situation est réel.