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Rémy Rieffel, sociologue : « La vie intellectuelle dépend de plus en plus du “savoir communiquer” »

Dans son dernier ouvrage « L’Emprise médiatique sur le débat d’idées », l’universitaire s’est intéressé à la relation entre médias et intellectuels depuis trente ans, et l’évoque dans un entretien au « Monde ».

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Sociologue, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-Panthéon-Assas (IFP), Rémy Rieffel étudie notamment les rapports entre intellectuels et médias. Ainsi, dans L’Emprise médiatique sur le débat d’idées. Trente années de vie intellectuelle (1989-2019) (PUF, 288 pages, 24 euros), il se penche sur trente ans de vie intellectuelle au prisme des médias.

Le terme « intellectuel médiatique » est un pléonasme, écrivez-vous : le média constitue la condition même de l’existence de l’intellectuel. Pourquoi ?

L’intellectuel (celui qui prend position dans le débat public sur des problèmes d’intérêt général) a besoin de supports de médiation, comme les livres, les journaux, les revues, pour diffuser ses idées et ses opinions. L’obtention d’une certaine notoriété par le biais de supports, dits médiatiques, remonte au XVIIIe siècle. Le développement d’une presse mondaine, l’essor du genre de la biographie et du portrait, conduisent certains écrivains (Rousseau, Voltaire) à devenir des vedettes adulées par un large public. De même, au moment de l’affaire Dreyfus, les partisans et les opposants s’affrontent par journaux interposés. La figure de l’intellectuel a donc, dès l’origine, partie liée avec le monde des médias.

On parle souvent d’un âge d’or de la vie intellectuelle en France quand l’émission « Apostrophes » rassemblait un large public et qu’« Histoire de la folie à l’âge classique » rencontrait un immense succès de librairie. Est-ce une vision erronée ?

Il est vrai qu’il y avait de grandes figures de la pensée française (Roland Barthes, Claude Lévi-Strauss, Jacques Lacan, etc.), dont les travaux et les prises de position intéressaient un assez large public. Les médias de l’époque, je pense notamment au Nouvel Observateur, proposaient des « unes » sur Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Emmanuel Le Roy Ladurie, ce que l’on ne voit plus guère aujourd’hui. Il y avait en outre une forte effervescence éditoriale. A présent, la vie des idées est davantage mise en scène sous l’angle du classement (« Les 100 penseurs qui comptent »), de l’analyse des guerres de tranchées (« Comment la gauche a perdu les intellectuels »), de clashs (« Le phénomène Onfray : penseur ou catcheur ? »). Les intellectuels sont traités par le biais de thématiques réductrices : leur omniprésence, leur usurpation de la parole, leur rapport à l’argent, leur supposé naufrage.

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Un pan important de la vie intellectuelle, dites-vous, continue néanmoins à se déployer à l’abri des regards…

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