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Rencontre avec Erige Sehiri, la réalisatrice de “Sous les figues”

Cinéma.

Ce 7 décembre sort en France “Sous les figues”. Joué par des acteurs non professionnels, le film retrace une journée dans la vie de jeunes Tunisiens qui travaillent à la récolte des figues. Entre badinages et disputes, il raconte avec brio et délicatesse les maux et les espoirs de toute une société. Sa réalisatrice, la Franco-Tunisienne Erige Sehiri, a répondu à nos questions.

Dans “Sous les figues”, le film d’Erige Sehiri, la cueillette est aussi prétexte à des disputes ou à de tendres apartés.
Dans “Sous les figues”, le film d’Erige Sehiri, la cueillette est aussi prétexte à des disputes ou à de tendres apartés. Photo HENIA PRODUCTIONS

COURRIER INTERNATIONAL Comment vous est venue l’idée de cette fiction sur des jeunes travaillant, sous le regard de leurs aînés, dans les vergers du nord-ouest de la Tunisie ?

ERIGE SEHIRI J’avais envie de tourner un film à Makhtar, dans la région de Siliana, parce que je trouve que les jeunes des campagnes font souvent l’objet de stéréotypes. On se moque de leur accent. J’avais envie de les montrer pour ce qu’ils sont.

Le projet devait porter sur une radio de jeunes. Mais lors des repérages, j’ai rencontré Fidé [Fide Fdhili] devant un lycée. Elle est venue au casting et m’a dit qu’elle travaillait à la récolte des cerises pour aider sa famille et aller à l’école. Je suis allée aux champs avec elle et j’ai vu un parallèle avec une phrase de Robert Bresson : “J’ai rêvé de mon film se faisant au fur et à mesure sous le regard, comme une toile de peintre [éternellement fraîche].” Moi, j’étais devant une peinture de femmes et d’hommes cueillant des cerises.

C’était merveilleux, mais je savais leurs souffrances intérieures, car ma famille vient de cette région. Quelques mois auparavant, il y avait encore eu un énième accident routier, avec pour victimes des ouvrières agricoles transportées comme des marchandises dans des camions [pour rallier leur lieu de travail]. Là-bas, c’est normal, car il n’y a pas d’alternative à ce travail journalier, et ça me révolte. J’ai fait le lien avec Fidé et je me suis dit que, si elle n’avait pas d’autre opportunité dans sa vie, elle serait un jour l’une de ces femmes dans ces camions.

Ce qui semble n’être qu’une journée estivale de badinage et de marivaudage se révèle être un miroir tendu à la société tunisienne. Aspiriez-vous à faire un film politique 

Propos recueillis par Oumeïma Nechi

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