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RER en province : dans les villes concernées, où en sont les projets ?

La mise en place de lignes de RER dans les grandes métropoles françaises, annoncée par Emmanuel Macron, est envisagée de longue date dans les territoires concernés.

Le cap a été fixé par le Président : développer un réseau de trains urbains dans dix grandes agglomérations françaises, sur le modèle du réseau express régional d'Île-de-France. La marche à suivre revient quant à elle au gouvernement. Interrogé lundi sur les villes concernées, le ministre délégué aux Transports Clément Beaune n'a pas souhaité répondre précisément, indiquant que la liste n'était pas encore finalisée.

Pour connaître les dix agglomérations concernées, il faudra attendre mi-décembre, date à laquelle le conseil d'orientation des infrastructures (COI) rendra son rapport sur les investissements prioritaires pour la période 2025-2032. Pour l'heure, une quinzaine de métropoles françaises ont pour projet de développer un train urbain. Avec des avancées plus ou moins importantes selon les agglomérations, comme l'a rappelé Clément Beaune lundi.

Strasbourg

À Strasbourg, le Réseau express métropolitain européen (REME) ouvrira ses portiques dès le mois prochain. Le ministre des Transports a rangé la ville parmi celles qui disposent d'un projet «relativement mûr», et pour cause. Concrètement, 120 trains de plus circuleront chaque jour sur le réseau ferroviaire régional le 11 décembre, puis davantage encore à des échéances proches : le 2 janvier et le 21 août 2023.

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Ce «RER strasbourgeois» a pour but de garantir «des cadencements et des vitesses de circulation élevés», une «amplitude horaire étoffée», ou encore «un maillage territorial et résolument transfrontalier», vante la région, à qui la prérogative des transports revient de droit. Pour l'usager, l'attente entre chaque train sera ramenée à 15-20 minutes aux heures de pointe, si l'on s'en tient aux promesses de l'exécutif métropolitain. Dans certaines gares, le nombre de trains quotidiens triplera entre 2022 et 2023, comme à Graffenstaden.

Bordeaux

À Bordeaux aussi, le projet de RER Métropolitain est déjà bien engagé. La métropole bordelaise et la région ont entériné une feuille de route commune en avril 2018, avant d'engager les premiers travaux dans la foulée. En mars 2022, le département a uni ses forces à celles des autres collectivités pour assurer le financement de cette mutation du réseau de transport métropolitain. Quelques mois plus tard, en septembre, une concertation publique a été lancée. Elle s'est clôturée le 19 novembre.

Les transformations portent sur l'augmentation de l'offre, avec 150 trains de plus chaque jour en 2030 par rapport à 2020. La montée en gamme se fera de manière progressive. Le réseau proprement dit est lui aussi complètement redessiné en «étoile». Les lignes de train se rendront d'un bout à l'autre de la métropole en traversant Bordeaux, alors qu'il faut aujourd'hui bien souvent s'y arrêter pour changer de train. À terme, en 2030, le RER bordelais devrait compter 300 kilomètres de rails pour trois lignes et 54 gares au total.

Lille

Dans les Hauts-de-France, de pareils projets existent mais avec une entrée en service bien plus lointaine. L'ambition du réseau express Hauts-de-France, parfois appelé «RER Lille-bassin minier», est de doubler les fréquences des trains en heures de pointe sur le réseau métropolitain lillois, de sorte à relier plus rapidement la métropole à Lens, Douai, Hénin-Beaumont ou Valenciennes notamment. L'objectif est d'y parvenir d'ici à 2035-2040, selon le gestionnaire du système ferroviaire français SNCF Réseau.

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Le vice-président de la région Hauts-de-France en charge des transports Franck Dhersin s'est adressé directement à Emmanuel Macron sur Twitter, lui rappelant que «ces projets (de RER en région) existent». «On attend avec impatience le financement de ces projets», a-t-il insisté. En février dernier, lors d'un déplacement dans le Nord, Emmanuel Macron s'était engagé à financer dans la métropole lilloise un RER afin de désenclaver le bassin minier. «La chance du Bassin sera dans son ouverture», avait déclaré le Président.

Marseille

À l'occasion de sa visite dans le Nord, Emmanuel Macron a cité en exemple l'engagement financier de l'État dans les métropoles du Grand Paris et du Grand Marseille. Le projet d'un «RER à la marseillaise» figure effectivement dans le plan «Marseille en grand» présenté sur place par le chef de l'État en septembre 2021, assorti d'un investissement étatique de 115 millions d'euros.

Mais concernant l'agenda, le flou demeure. Les infrastructures nécessaires à la transformation du réseau actuel en RER ne sont pas prévues pour demain. Chantier essentiel, l'aménagement d'une gare souterraine à Marseille Saint-Charles ne devrait pas être terminé avant 2035. «Rien ne sera possible en termes de renforcement qualitatif et quantitatif de l'offre ferroviaire avant 2037», indique même dans un rapport publié en août l'association Nosterpaca, qui promeut une offre de transport plus efficace dans la région Sud.

Lyon

Dans l'agglomération lyonnaise, les annonces d'Emmanuel Macron ont été très bien accueillies. «Make the train great again», s'est enthousiasmé le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet sur Twitter, après avoir déclaré que la mairie se tenait prête à accueillir le projet. Pourtant, le «RER à la lyonnaise» est envisagé depuis de nombreuses années sans jamais dépasser pour l'instant le stade théorique. En avril dernier, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a relancé le chantier. Son ambition est de compter un moyen de transport toutes les quinze minutes aux heures de pointe pour aller à Lyon depuis toute la métropole, avec la possibilité de s'y rendre dès 5h et jusqu'à 23h.

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L'élu a fait la promesse que son projet permettra à chacun de gagner entre un quart d'heure et une demi-heure par trajet d'ici à 2035. Pour la tenir, la région présente une nouvelle rame plus grande, décide la création d'une voie à la gare de Lyon Part-Dieu ou envisage de faire rouler des bus à hydrogène dès 2025. Du côté de la métropole, on défend le projet. Le président écologiste de la Métropole de Lyon Bruno Bernard a d'ailleurs salué lundi l'engagement d'Emmanuel Macron, tout en se montrant prudent. «Depuis 2015 et l'élection de Laurent Wauquiez, il ne s'était pas passé grand-chose. Je ne peux que me féliciter que, depuis quelques mois, on avance sur le dossier mais il est trop tôt pour dire que ça va déboucher», a-t-il déclaré lundi.

De Lille à Marseille, en passant par Strasbourg, Lyon et Bordeaux, les exécutifs locaux se félicitent globalement du coup de projecteur du Président sur ces projets de réseaux express régionaux. Tous attendent les modalités exactes de l'engagement pris par le chef de l'État. «Il reste des interrogations sur le financement», a souligné par exemple Jean Rottner, à la tête de la région Grand Est. Réponse «en début d'année», a promis Clément Beaune, rappelant les échelles de temps : «ces fameux RER métropolitains, c'est un horizon d'une décennie».