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Retraites : dans l’énergie, la CGT veut bloquer l’économie, la semaine prochaine sera « cruciale »

Alors que des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues ce mardi 31 janvier pour manifester contre le projet de réforme des retraites, les syndicats de l'énergie avaient déjà « fixé la suite », avant le début de la manifestation, expliquait  ce mardi matin Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la Fédération nationale des mines et de l'énergie-CGT (FNME-CGT).

La fédération appelle ainsi à la grève les 6,7 et 8 février prochains « pour être dans le même temps que les fédérations des ports et des docks, des industries de la chimie et du pétrole et des cheminots », explique le syndicaliste. « Nous sommes persuadés que la mobilisation sera plus forte aujourd'hui que le 19. Mais qu'importe le bilan en nombre de la journée, on est déjà persuadé qu'on continuera la mobilisation jusqu'au retrait du projet de réforme », ajoute-t-il. Même son de cloche du côté chez TotalEnergies.

« Le moment crucial, ce sera la semaine prochaine », a assuré à l'AFP Eric Sellini, coordinateur pour TotalEnergies. Plusieurs fédérations de la CGT, comme dans l'énergie ou la chimie (raffineries), ont déjà affirmé leur volonté d'inscrire le mouvement dans le temps, quitte à le durcir. De nouvelles grèves sont d'ores et déjà à prévoir de lundi à mercredi prochain dans les raffineries, en pleines vacances scolaires qui auront commencé le 4 février pour la zone A (qui inclut Lyon et Bordeaux).

« C'est là qu'on va voir si la bascule se fait ou pas, si les salariés sont prêts à nous suivre sur le mot d'ordre de la reconduction », explique Eric Sellini. Et d'ajouter : « On est quasiment persuadé que s'il n'y a pas d'impact sur l'économie de façon significative, il n'y aura pas de changement de ligne de conduite du gouvernement ».

Une stratégie à l'opposée de celle de la CFDT.

Réforme des retraites : le plan de la CFDT pour faire plier le gouvernement

Pour l'heure, la grève à TotalEnergies a été suivie mardi par 55% des effectifs postés du quart du matin (contre 65% le 19 janvier), selon la direction. La CGT comptait elle, après les changements de quart de la mi-journée, 90% de grévistes à la raffinerie de Normandie, 85% à celle de Donges près de Saint-Nazaire et 50% grévistes au dépôt de Flandres.

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Le secteur de l'énergie se présente comme le fer de lance de ce mouvement social. Les salariés de la branche des Industries électriques et gazières (IEG) sont particulièrement concernés par cette réforme car son adoption conduirait à la suppression de leur régime de retraite spécial. Celui-ci permet, dans certains cas, des départs anticipés pour tenir compte de la pénibilité des métiers. Le calcul de la pension s'effectue également sur la base du salaire des six derniers mois de la carrière du salarié.

Baisses de production et coupures ciblées

La mobilisation, très importante dans les entreprises du secteur le 19 janvier dernier, s'est maintenue au cours des dix derniers jours. Ces dernières heures, elle s'est illustrée par une baisse de la production d'électricité de 3.000 mégawatts (MW) en cumulée entre 16 heures hier et aujourd'hui au petit matin. Soit l'équivalent, en puissance, de trois réacteurs nucléaires. « Il y a encore de nombreux piquets de grève dans les centrales de production ce matin, mais pas de baisse de charge car RTE [le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, ndlr] a envoyé très tôt des messages de sûreté en raison d'un équilibre tendu entre l'offre et la demande d'électricité. Nous avons été très vite bridés », explique Fabrice Coudour. « Les équipes de nuit et du matin étaient majoritairement grévistes », confirme Virginie Neumayer, déléguée syndicale de la FNME-CGT.

Outre les centrales nucléaires de Paluel (Seine-Maritime), de Gravelines (Nord) et de Saint-Alban (Haute-Garonne), les baisses de production ont également touché la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) et les centrales fonctionnant au gaz situées à Martigues (Bouches du Rhône), Blénod (Meurthe et Moselle) et Bouchain (Nord).

Dans le département du Lot et Garonne, les grévistes ont également mis hors tension plusieurs radars routiers dans le cadre d'une opération baptisée ironiquement « Sobriété énergétique », par la CGT, en référence au plan de sobriété dévoilé par le gouvernement à l'automne. Au cours de la journée, des coupures d'électricité ciblées pourraient également viser les permanences d'élus locaux soutenant le projet de réforme des retraites. Le 19 janvier dernier, deux coupures avaient été enregistrées à Massy (Essonne) ainsi qu'à Chaumont (Haute-Marne).

Actions « Robin des bois »

Depuis plusieurs jours, les grévistes affirment effectuer également des actions dites « Robin des bois ». Il s'agit de rendre gratuite la consommation d'énergie pour certains services publics, comme les hôpitaux et les écoles, et certaines petites entreprises « étranglées par la crise de l'énergie », fait valoir Fabrice Coudour. Très concrètement, il s'agit d'un acte technique qui permet de couper le comptage de l'énergie consommée.

Dans le Lot et Garonne encore, la communication des compteurs Linky a ainsi été coupée, indique la CGT. Et ce, grâce à la substitution « des cartes SIM de 170 concentrateurs », explique le syndicat. « Ces cartes ont été envoyées par courrier à Elisabeth Borne », précise un communiqué de presse.

Pour les particuliers, « nous pratiquons des rétablissements », précise le délégué fédéral. « Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, des particuliers voient bien leur contrat de fourniture d'électricité coupé pendant la trêve hivernale car certains fournisseurs alternatifs contournent la loi et maquillent des demandes de résiliation », déplore-t-il.

Retard à prévoir dans les travaux de maintenance

Au-delà de ces actions ciblées aux conséquences immédiates, les grèves dans le secteur de l'énergie pourraient conduire à des difficultés différées sur la sécurité d'approvisionnement en électricité. En effet, la mobilisation des salariés contre la réforme des retraites retardent des travaux de maintenance menés sur différents réacteurs nucléaires. « Certaines tranches ne pourront pas revenir comme prévu sur le réseau, prévient Virginie Neumayer. La moindre perturbation sur les plannings de maintenance a des répercussions sur le moyen et long terme », ajoute-t-elle. La situation du système électrique « ne nous permet pas de prendre du retard dans le programme de maintenance », alertait, de son côté, RTE lors de son dernier point mensuel, le 18 janvier.

Chez EDF, le taux de grévistes à la mi-journée s'élevait à 40,3%, contre 44,5% à la mi-journée, le 19 janvier dernier. Engie, pour sa part, annonçait 34,3% de grévistes parmi ses salariés IEG à la mi-journée.