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Retraites : la mobilisation marque un tournant, la contestation s’envenime

Après le 49.3 et l'intervention d'Emmanuel Macron, les syndicats avaient promis d'exprimer leur colère et leur refus de la réforme des retraites... Mais, ils n'imaginaient pas réunir autant de monde dans les rues ce jeudi 23 mars.

En effet, plusieurs villes ont battu des records de mobilisation. Plus de 1,089 million de personnes ont défilé dans l'Hexagone, ce jeudi dont 119.000 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

La CGT, elle, dénombre 800.000 manifestants dans la capitale. Soit un regain de mobilisation pour cette la neuvième journée d'action depuis janvier, au lendemain de la prise de parole du chef de l'Etat, inflexible sur sa réforme.

Les Français ont été nombreux à vouloir lui montrer que la rue avait aussi son mot à dire, et une certaine légitimité à faire entendre. Les cortèges de ce jeudi 23 mars, mélangeaient des retraités, des actifs, mais aussi de nombreux jeunes - les épreuves du bac étant passées...

Signe que l'intervention télévisuelle d'Emmanuel Macron, la veille, n'a pas convaincu. Loin de là. « 62 % des Français , dont plus de 70 % des salariés veulent un durcissement du conflit, et en même temps, ils sont autant à penser qu'Emmanuel Macron ne lâchera pas », assure le sondeur Frédéric Dabi, qui résume « il y a un sentiment de blocage comme on en voit rarement ».

Une démonstration de forces de la rue émaillée de violence

Les cortèges, ce jeudi, ont toutefois, souvent, été émaillés des violences, dues notamment à la présence de Black blocs. Des heurts ont éclaté entre la police et les manifestants, à Paris, Bordeaux, Nantes, Rennes...

C'était pourtant la crainte des syndicats. Juste avant le départ du cortège parisien, Laurent Berger, le leader de la CFDT avait pourtant pris soin de rappeler la nécessité de respecter les biens et les personnes : « Jusqu'au bout, il va falloir garder l'opinion, c'est notre pépite ». Et le syndicaliste d'ajouter « il faut des actions non violentes qui n'handicapent pas le quotidien des gens »

Ce jeudi soir, c'est aussi le risque principal de l'intersyndicale : être capable de contenir, dans les jours à venir, ces mobilisations sans qu'elles ne dérapent. Et ce alors même que toute la semaine a été marquée par des regroupements spontanés dans plusieurs villes, à la nuit tombée, avec des violences à la clef.

Une chose est sûre, vu l'ampleur de la mobilisation, impossible d'arrêter le mouvement. L'intersyndicale a prévu une nouvelle journée d'action le 28 mars, alors que la CGT est occupée toute la semaine prochaine par son congrès à Clermont- Ferrand. Philippe Martinez, le secrétaire général, doit passer la main.

Un tournant dans la mobilisation

«  Aujourd'hui, nos adhérents nous demandent de ne pas lâcher, alors même que la réforme est adoptée », glisse un membre de l'intersyndicale. Et d'ajouter «  C'est la rue contre Macron, nous avons une forte responsabilité ».

Dans son interview, alors qu'il ménageait les parlementaires, notamment de droite, le chef de l'Etat avait sciemment ciblé les syndicats, et le premier d'entre eux la CFDT. De quoi l'agacer, et faire monter la pression. Ce soir, plus que jamais l'affrontement est frontal.

Laurent Berger apparaît désormais comme le principal opposant de l'Elysée. Ce soir, il bénéficie plus que jamais du soutien de la rue. Et l'opposition entre les syndicats et le président de la République dépasse, largement, la seule sphère sociale. Elle prend une tournure politique. Un virage très compliqué à prendre pour un leader syndical.