France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Retraites : la rue ne relâche pas la pression

Comme beaucoup s’y attendaient, y compris les leaders syndicaux, la troisième journée de mobilisation nationale contre le projet de réforme des retraites a rassemblé un poil moins de personnes que la fois précédente. En cette période de crise économique, beaucoup ont hésité à faire grève une troisième fois alors qu’une nouvelle journée d’action se prépare pour samedi, sans douleur cette fois pour la fiche de paie, et on peut prévoir que celle-ci sera massive. Vu ce contexte, on ne peut pas dire que la pression de la rue se relâche, bien au contraire. La colère ne faiblit pas, elle risque même de croître au fil des interventions de l’exécutif qui campe mordicus sur son projet. Alors que l’Assemblée nationale donne le triste spectacle d’une classe politique fracturée et à bout de souffle, les citoyens et citoyennes donnent de la voix, se réappropriant avec fougue le collectif et un espace, la rue, dont la pandémie les avait éloignés. L’unité syndicale y est pour beaucoup, l’image de Laurent Berger et de Philippe Martinez, épaule contre épaule en tête de cortège, galvanisant une génération qui les a plutôt vus s’étriper.

Calme et unité sont les meilleurs garants du succès. Mais cela va-t-il durer ? On aborde un tournant, tant dans l’hémicycle où le ton se durcit, virant à l’invective voire à la menace, que dans l’unité syndicale. Quand les leaders de la CGT et de la CFTC appellent à «des grèves plus dures», suggérant de «monter d’un cran si le gouvernement persiste à ne pas écouter», celui de la CFDT, lui, temporise, parfaitement conscient du danger. Dans une interview aux Echos la semaine dernière, Laurent Berger n’hésitait pas à avertir le gouvernement du danger qu’il y a à rester sourd aux manifestations «pacifiques» contre ce projet de réforme. Sous-entendant qu’elles pourraient ne pas le rester très longtemps. Il est là le danger : que la classe politique se déchire, que l’unité syndicale vole en éclats, que la violence l’emporte. Si cela devait se produire, l’exécutif en porterait seul la responsabilité.