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Saint-Yrieix, le pigeonnier va retrouver sa toiture

Les plans de la future charpente ressemblent à un jeu de Mikado.« Le chantier sera conduit...

Les plans de la future charpente ressemblent à un jeu de Mikado. « Le chantier sera conduit par System’bois de Châteauneuf », annonce Laurent Texier. Depuis 14 ans, il est le propriétaire du pigeonnier de La Grange à l’Abbé à Saint-Yrieix. Un patrimoine unique où plus de 2.700 couples de pigeons ont naguère produit de la fiente destinée à servir d’engrais. Fin août, la mission patrimoine pilotée par Stéphane Bern a annoncé que ce bâtiment d’une centaine de mètres carrés avait été retenu pour bénéficier de financement. « Maintenant, je dois attendre janvier, après la période du loto du patrimoine, pour savoir de quel montant sera l’aide. »

Selon Michel Esteffe, historien amateur, qui a publié en 2006 « L’antique Vesnac, Saint-Yrieix et son histoire », « le domaine de la Grange à l’Abbé date du XVIIe. C’était un lieu de perception de la dîme pour les paroisses de Saint-Cybard, Saint-Yrieix. Le pigeonnier a dû être construit à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe. » Laurent Texier montre sur le fronton de la porte originelle, un blason qui corrobore les hypothèses de Michel Esteffe. « On y voit la Charente et trois étoiles représentant les trois paroisses concernées par la collecte de la dîme. » Pour l’actuel propriétaire, la troisième aurait été Gond-Pontouvre.

« Le pigeonnier de la Grange à l’Abbé, un des plus importants et des plus jolis de la région, est bâti en pierre de taille. Il se trouve à l’entrée du domaine, de forme ronde avec un diamètre de 12 mètres environ », écrivait Michel Esteffe. Le mur circulaire abrite 2.700 boulins [trous où les couples de pigeons nichaient, ndlr.]. « Ça devait faire une sacrée volière », s’amuse Laurent Texier en imaginant le bruit produit par cet élevage intensif.

Dans la famille depuis 1870

Le domaine a quitté le giron de l’église au XIXe. « Il est dans notre famille depuis 1870 », raconte Laurent Texier. C’est François Marsat, l’arrière grand-père de sa femme, qui l’achète et exploite le domaine comme une ferme. Les pigeons ne sont plus là et rapidement, le pigeonnier fait plutôt usage de grange. Des ouvertures plus grandes sont réalisées. « Ça a été un peu taillé à la barbare », commente le propriétaire. La porte initiale est bouchée. Le système qui servait à récupérer les fientes est resté en place longtemps. Subsiste encore aujourd’hui la corniche en pierre de taille destinée à empêcher les rats de pénétrer.

Le bâtiment a résisté au temps, comme il a pu, sans entretien particulier, les infiltrations ont eu raison de la charpente. On voit sur des photos de 1972 qu’elle avait commencé à se trouer par endroits. « Elle s’est écroulée complètement dans les années 80, en pleine nuit, emportant aussi le mécanisme de collecte des fientes. » À l’époque, c’est l’oncle, Michel Marsat qui vit au domaine. Le bois finit à la cheminée. Le reste est nettoyé. « En revanche, les murs ont bien résisté », montre Laurent Texier. « C’était une belle construction en pierres de taille sur lesquelles on trouve encore les marques que les tâcherons apposaient pour se faire payer. »

Label fondation du patrimoine

Si l’actuel propriétaire a toujours voulu réhabiliter le pigeonnier, il se heurtait à un problème de taille, le budget. « Le pigeonnier n’est pas classé mais les bâtiments de France nous imposent de respecter les procédés de l’époque. » Alors il a demandé à des entreprises spécialisées. Domus a estimé le chantier maçonnerie, System’bois, la charpente et le lot sur les portes et fenêtres a été évalué par MCC à Fléac. Au total près de 250.000 euros. Sans compter l’ambition de Laurent Texier de réaliser un panneau d’information à destination du public ou la mise en place d’un plancher bois au sol.

Comme il ne sait pas encore si la mission patrimoine pourra tout financer, il prévoit déjà le moyen de trouver des compléments. « Je vais faire une demande pour être labellisé Fondation du patrimoine, ce qui permettra aux mécènes qui souhaitent participer de déduire leur don des impôts. » Il espère aussi que la mairie de Saint-Yrieix l’aidera. « Mon objectif, une fois que ce sera rénové, c’est de le laisser en accès libre pour les écoles. » Il imagine aussi que les marcheurs de la coulée verte feront le détour pour apercevoir le pigeonnier remarquable. On peut le voir de l’extérieur. « La Drac aussi peut apporter son soutien. » Et s’il n’a pas le budget global tout de suite, il fera par tranche. « Le plus urgent, c’est la maçonnerie, pour s’assurer que le bâtiment reste debout. »