France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Sainte-Soline : Les secours ont-ils été empêchés d’intervenir par les forces de l’ordre ?

Dans une première synthèse publiée lundi, la LDH affirme également...

Dans une première synthèse publiée lundi, la LDH affirme également « le Samu a indiqué ne pouvoir intervenir pour secourir un blessé en état d’urgence vitale dès lors que le commandement avait donné l’ordre de ne pas le faire, dans une conversation téléphonique à laquelle ont assisté trois avocats de la LDH ». Selon Pierre-Antoine Cazeau, l’un des avocats de la LDH présent à Sainte-Soline, ce « blessé en état d’urgence vitale » correspond au trentenaire hospitalisé au CHU de Poitiers et se trouve toujours entre la vie et la mort.

Borne et Darmanin nient tout empêchement

Sollicitée par « Charente Libre », la préfecture des Deux-Sèvres se refuse à tout commentaire sur l’organisation des secours. Le SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) des Deux-Sèvres ne souhaite pas non plus s’exprimer. « Non, les forces de l’ordre n’ont pas empêché les secours d’intervenir, ce sont les gendarmes et les secours qui ont été empêchés d’intervenir par certains casseurs », a estimé lundi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avant de préciser : « À chaque fois que nous avons été appelés par les services de secours […], nous avons envoyé des médecins pour les soigner en premier secours. » Cité par « Médiapart », le cabinet de la première ministre Élisabeth Borne assure de son côté que « les services de l’État ont agi et porté secours dans une situation d’offensive particulièrement violente de plusieurs centaines de personnes ».

Le SAMU 79 explique « les lenteurs » mais récuse « les obstacles »

En réponse à un article publié dans « Charente Libre », le SAMU des Deux-Sèvres s’est, lui, exprimé sur le réseau social Twitter : « Nous n’avons pas été obstrués dans l’exercice de notre fonction mais bien assurés les soins dans des circonstances particulièrement dangereuses pour nos équipes ». Farnam Faranpour, chef du pôle des urgences et du SAMU du centre hospitalier de Niort confirme ces propos et dément toute entrave des forces de l’ordre : « Non, il n’y a pas eu d’obstacles ». Selon lui, « la lenteur [des secours] a pu laisser penser cela » mais les difficultés pour géolocaliser puis pour accéder aux blessés dans des zones soumises à de fortes tensions expliqueraient ces délais d’intervention.

D’autant que les secours avaient établi « des zones d’exclusion » aux abords de l’ouvrage de Sainte-Soline. « On n’envoie pas les équipes au plus près des affrontements. Il convient d’abord d’extraire les blessés avant d’apporter les soins », détaille Farnam Faranpour avant de préciser le dispositif mis en place durant la manifestation. Pour épauler la « salle de crise » du centre hospitalier de Niort, un poste de sécurité (PC) avancé a ainsi été installé à Sainte-Soline. Deux points de rassemblement des victimes ont également été ouverts près du village et aux abords de Mauzé-sur-le-Mignon, autre cible un temps évoqué par les anti-bassines. Ce second « point » sera transféré à Sainte-Soline samedi, en début d’après-midi, précise-t-il.

Ruffec, La Rochelle et Poitiers en renfort

Des contacts, poursuit Farnam Faranpour, ont également été pris avec le SMUR de Ruffec et les centres hospitaliers de La Rochelle et Poitiers. Les blessés finalement pris en charge seront répartis dans ces unités et jusqu’à Angoulême ou Tours – où se trouve toujours hospitalisée une jeune femme dans état grave. Bien d’autres se présenteront pas eux-mêmes, sans avoir sollicité les secours depuis Sainte-Soline. Farnam Faranpour reconnaît la nécessité de s’interroger sur l’organisation de ce type de dispositif : « Peut-être faut-il organiser autrement ces zones d’exclusion, revoir la façon de communiquer ». Le médecin évoque aussi la confusion qui a régné durant ces violents affrontements et la multitude d’appels qui s’en est suivie. « Nous sommes obligés de mesurer les priorités pour envoyer la bonne équipe, au bon endroit », indique Farnam Faranpour.

Des blessés mis à l’abri

Reste l’incompréhension des manifestants confrontés à des secours longtemps restés… invisibles. Certains élus, comme Benoît Biteau, agriculteur charentais-maritime et député européen (EELV), assurent avoir « sécurisé » un périmètre à l’écart des heurts et « protégé » les blessés. Ils ont pourtant été ciblés par des tirs des forces malgré leurs écharpes tricolores. D’autres témoignages, recueillis notamment par « Mediapart » ou « Reporterre », soulignent l’accessibilité de nombreux blessés. Secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier a fini par contacter le cabinet de la première ministre Élisabeth Borne pour insister sur la nécessité d’accélérer les secours. « L’engagement d’envoyer des véhicules de secours et autant que nécessaire », lui aurait été confirmé par le cabinet de la première ministre à 14h07, a expliqué Benoît Biteau à « Médiapart ».

Le parquet militaire saisi

Le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, a annoncé ce mardi transférer les différentes enquêtes ouvertes après la manifestation interdite de Sainte-Soline au parquet à compétence militaire de Rennes (Ille-et-Vilaine). Celui-là « dirigera désormais les investigations », le maintien de l’ordre ayant été assuré par la gendarmerie nationale. Deux manifestants se trouvent toujours hospitalisés avec un pronostic vital engagé. À ce stade, précise-t-il, « les enquêtes diligentées n’ont pas permis de déterminer l’origine des blessures de ces deux personnes ».

Les irrigants ont revu leur copie

Hasard du calendrier, le tribunal administratif de Poitiers (Vienne) examinait ce mardi un recours contre l’arrêté inter-préfectoral autorisant la construction des 16 ouvrages contestés par les anti-bassines. En mai 2021, les juges poitevins avaient imposé un sursis à statuer de dix mois concernant neuf de ces 16 réserves dont les volumes devaient être réduits « de 1 à 33 % », rappelle la Coopérative de l’eau 79 aux commandes de ce projet. Pour ces neuf réserves, les irrigants ont depuis revu leur copie « pour se mettre en conformité avec les demandes du tribunal » et bénéficié d’arrêtés modificatifs signés par les préfectures concernées. Ce mardi, le rapporteur public – dont l’avis est le plus souvent suivi les juges – a ainsi conclu au rejet du recours porté par différentes associations environnementales. La décision a été mise en délibéré et sera rendue d’ici deux semaines.