France
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Sandrine Rousseau a oublié Jean-Vincent Placé

Au bonheur de la police. Le monde part en morceaux, la faim pousse partout, l'extrême droite déferle de l'Italie à la Suède, passant par la France, le climat menace tous les édifices humains, mais les zécologistes officiels veillent, bénissant la police privée, le niveau zéro des droits civiques. Rappelons d'abord les événements.

Un, en juillet, la police interne aux Verts, ce grand parti libertaire, annonce s’être saisie d’une affaire grave : l’ancienne compagne de Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, s’est plainte de son comportement. C’est à ce stade qu’il aurait fallu saisir police et justice, mais apparemment, il n’y avait pas de quoi. Et on oublie donc. Deux, Sandrine Rousseau, apprentie cheftaine, lâche le 19 septembre dans une émission de télé que cette ancienne compagne est venue lui rendre visite, et qu’elle a par ailleurs tenté de se suicider. C’est ainsi que l’on met en scène une opération : elle a voulu mourir, c’est grave. Et pour comble, Bayou aurait eu « des comportements de nature à briser la santé morale des femmes ». La formulation est si extravagante dans son imprécision qu’elle veut dire exactement ce qu’on a envie de croire. Trois, la suite est connue, qui est vide d’informations (à la date du 28 septembre en tout cas). La police des Verts refuse quatre fois de recevoir celui qu’elle a cloué gentiment au pilori, Bayou démissionne. On a découvert ensuite, grâce à Libération, qu’un groupe, encore plus informel que la cellule policière interne, enquêtait sur Bayou depuis trois ans. Avec l’objectif à peine dissimulé de le « faire tomber ».

L’arrière-plan est limpide : les Verts se réunissent en congrès en décembre. Rousseau ne peut se présenter – elle est députée –, mais soutient Mélissa Camara, qui, comme elle, promet davantage de radicalisme et d’intersectionnalité. Pourquoi avoir voulu dézinguer Bayou, que les statuts empêchaient pourtant de se représenter au secrétariat national ? Pour atteindre par ricochet de boule de billard Marine Tondelier, que l’on pensait jusqu’ici favorite, et que soutient Éric Piolle. Pendant ce temps, tentant d’exister encore un peu après son fiasco de la présidentielle, Yannick Jadot rejoignait brillamment le combat anti-Bayou en lui demandant de démissionner de son poste. On a tout suivi ?

Inépuisable sac à artifices et à magouilles

On se bat donc entre vertueux, ce qui est après tout normal pour un parti qui affirme depuis trente ans « faire de la politique autrement ». La preuve que ce n’est pas un vain mot : Jean-Vincent Placé. Entre son arrivée chez les Verts, en 2001, et son départ, en 2015, on peut dire qu’il a régné. Entrée au bureau exécutif d’EELV – le sommet – dès 2011, adoubée alors par le duo Placé-Duflot, Sandrine Rousseau pouvait-elle ignorer ce que tout le monde savait et disait mezza voce ? Les constantes sorties « virilistes » de Placé, son inépuisable sac à artifices et à magouilles. En 2013, Cohn-Bendit et Besset décrivaient pour Charlie (no 1083) le système Placé-Duflot, fait de prébendes et de distributions de postes. Et la manière dont les mêmes avaient étouffé Europe Écologie au profit des Verts, Cohn-­Bendit concluant : « Placé est d’un cynisme absolu. »

Pas seulement cynique. Profondément sexiste, comme le démontreront plus tard trois faits judiciaires. D’abord, cette plainte non encore jugée de son assistante entre 2012 et 2016. Pour harcèlement et agression sexuels. Ensuite, une condamnation en 2018 à la suite d’une virée dans un bar parisien, au cours de laquelle il insulte une femme ayant refusé de danser avec lui contre de l’argent. Enfin, une condamnation en 2021 pour harcèlement sexuel. Le 20 mai 2008, le journal Le Monde rapportait cette charmante anecdote au sujet du même : « C’est ainsi qu’au congrès de Bordeaux en 2006, Cécile Duflot, alors sa compagne, se retrouve secrétaire nationale bien que minoritaire au sein du parti. [Placé] lance à un Bruno Le Roux, député du PS, médusé : « T’as vu qui est secrétaire nationale ? Ma meuf ! C’est moi le patron maintenant. » » Pouvait-elle vraiment ignorer ? Celle qui a lancé sa carrière nationale grâce à la dénonciation – justifiée – de Denis Baupin n’a en tout cas jamais prononcé un mot contre le protecteur de ses grands débuts à EELV. La preuve que l’on peut changer, et vite.

La police des moeurs est en bonnes mains. ●