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Sans-abri : l’Insee lance une grande enquête pour mieux connaître leur nombre et leur profil

Combien y a-t-il vraiment de sans-domicile en France ? La Fondation Abbé Pierre estime en additionnant les quelque 200 000 personnes en hébergement d’urgence, les 110 000 migrants logés dans le « dispositif national d’accueil » et les plus de 20 000 sans-abri repérés lors du recensement de 2016, qu’ils seraient au moins 330 000. « C’est une estimation assez conservatrice », précise le directeur des études de la fondation, Manuel Domergue. Mais en l’absence de statistiques officielles, difficile d’être plus précis.

Pour en savoir plus, il faudra vraisemblablement attendre… 2026. Plus de dix ans après la dernière enquête sans-domicile, qui datait de 2012, l’Insee s’apprête en effet à inscrire à son programme pluriannuel une nouvelle grande étude sur les sans-domicile, qu’elle mènera avec la Drees, l’organisme statistique du ministère des solidarités.

« La collecte aura lieu au premier semestre 2025 et les résultats seront vraisemblablement disponibles en 2026 », confirme Thomas Lellouch, directeur de projet statistiques de la grande pauvreté à l’Insee.

Décrire les conditions de vies et dénombrer

Pourquoi tant de temps ? « Il y a un énorme travail de préparation de l’enquête puis de traitement et d’exploitation des données », explique le statisticien. Car, à la différence des études classiques, l’enquêteur ne peut aller voir la personne dans son logement. Pour que les chiffres soient fiables sur le public très spécifique des sans-domicile, il faut d’abord faire en amont un minutieux échantillonnage des territoires qui seront étudiés, puis, à l’intérieur de ces territoires, des sites fréquentés par ces personnes, pour ensuite, sur place, trouver les individus qui seront suffisamment représentatifs pour être interrogés.

Entre 10 000 et 15 000 personnes devraient au final être enquêtées. « Le succès de l’enquête repose sur un partenariat étroit avec les associations, qui connaissent le terrain et ont noué des relations de confiance avec les populations enquêtées », précise Thomas Lellouch.

Comme en 2012, la nouvelle enquête « aura un objectif principal, qui consiste à décrire les conditions de vie des populations sans-domicile et à les comparer à la population générale, et un objectif secondaire, qui sera de les dénombrer », explique Thomas Lellouch. Selon l’Insee, un sans-domicile est défini comme quelqu’un qui la veille du jour de l’enquête a dormi dans un site d’hébergement (centres ou hôtel social) ou un lieu non prévu pour l’habitation (gare, jardin, voiture, rue…). Cette définition recouvre donc les sans-abri et ceux qui sont hébergés par l’État, mais pas ceux qui habitent chez un tiers ou dans un squat, qui, eux, entrent dans la catégorie des « sans logement personnel ».

Un questionnaire traduit dans de nombreuses langues

L’enquête 2025 sera élargie par rapport à celle de 2012. Alors qu’en 2012, les enquêteurs s’étaient concentrés sur les centres d’hébergement et les sites de distribution de repas, « on s’est aperçu qu’il pouvait y avoir un certain nombre de personnes qui ne les fréquentaient pas, alors cette fois, nous envisageons d’élargir aux accueils de jour et aux maraudes », ajoute le statisticien. De plus, pour tenir compte de l’évolution des profils, « nous irons dans les centres pour demandeurs d’asile », alors qu’en 2012, les migrants hébergés avaient été comptabilisés mais n’avaient pas été interrogés.

Un comité scientifique, composé de chercheurs, d’associations de terrain et d’administrations, dont la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, se penche actuellement sur la définition des questions qui seront posées. La situation familiale, professionnelle, résidentielle, les conditions de vie, les ressources financières, la santé, les événements de la vie seront explorés, tout comme la question du recours ou non aux aides sociales. Mais l’Insee n’a pas encore tranché pour savoir si le statut administratif, avec ou sans titre de séjour, serait sondé.