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Santé : «Je ferai un cumul emploi-retraite»

Comment bien se soigner, bien vivre, bien vieillir ? Rendez-vous à Caen, les 9 et 10 décembre au MoHo avec le LibéCare pour débattre avec médecins, intellectuels et experts. En attendant l’événement, réalisé en partenariat avec la région Normandie, la MGEN et l’ADMD, Libération publiera dans un dossier dédié articles, tribunes et témoignages.

«La vision que j’ai du métier dépend des jours et des périodes. J’ai commencé à Reims avec des enfants sourds en 1978. Deux ans après, je me suis installée à Paris pour ouvrir un service de soins. Je travaille avec des patients qui ont un retard de parole et de langage, de la dyslexie, des troubles de la voix, des nodules ou des polypes sur les cordes vocales… Des gens qui paraissent être tout le temps enroués, un professeur de sport qui criait après les jeunes, un chanteur professionnel. Comment rectifier leurs attitudes ?

«Je commençais mes journées à 8 heures et les terminais vers 18 heures. Mais je prenais mon temps, une heure par patient environ. C’est passé aujourd’hui à une demi-heure ou trois quarts d’heure. Je travaille à mi-temps, pour des raisons familiales, mais financièrement, je n’arrive pas à m’en sortir. J’ai énormément de charges. Je ne gagne pas beaucoup… 2 500 euros par mois, c’est la moyenne pour un temps plein actuellement. Les orthophonistes sont absents de la discussion d’accès au soin, de la prévention et de l’inflation. Il y a 26 000 orthophonistes en France, 98 % sont des femmes, avec les revenus les plus bas des professions de santé conventionnées, en salariat comme en libéral. Ce n’est pas suffisant. Quand on pense qu’il faut parfois deux ans de prise en charge pour certains patients.

«Personnellement, j’adore mon boulot, mais je vais avoir 65 ans à Noël, et la retraite à taux plein à seulement 67 ans. Je ferai un cumul emploi-retraite. J’ai eu une petite fille sourde en rééducation qui m’envoie des petits mots doux en me disant que j’ai été pour elle «la meilleure orthophoniste du monde». Cela me fait très plaisir… Elle est aujourd’hui appareillée et peut distinguer tous les sons, lire de manière labiale. Lorsque tu parviens à mener dans la voie classique un enfant qui pourrait avoir une impossibilité à suivre une classe normale, c’est encourageant. Comme Thomas, cet enfant trisomique, parti d’un centre pour déficients mentaux. Il partage aujourd’hui ses lectures et les musées qu’il fréquente sur les réseaux sociaux. Et il joue du djembé !»