Séisme au Maroc en direct : la France est prête à « intervenir quand les autorités du Maroc le jugeront utile »

« Nous avons mobilisé l’ensemble des équipes techniques et de sécurité pour pouvoir intervenir quand les autorités du Maroc le jugeront utile », a déclaré dimanche le président français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue du sommet du G20 à New Delhi.

Le chef de l’Etat français a ajouté : « Nous avons ce matin mobilisé la Banque mondiale, le FMI [Fonds monétaire international], l’Union européenne et l’Union africaine pour ensemble avec la France justement marquer aussi un engagement fort de soutien au Maroc, au peuple marocain, pour la reconstruction et l’aide financière dans ce contexte. »

Pour l’instant, le Maroc n’a pas encore demandé l’aide internationale. Toutefois, l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a expliqué, aujourd’hui sur RTL, avoir été en contact hier, samedi, avec les autorités marocaines, « qui procédaient à une évaluation de la situation, parce que les régions du Sud sont très enclavées et loin des centres urbains ». « Ils ont envoyé des hélicoptères pour avoir une vision plus claire de la situation. Ils ont assuré qu’ils reviendraient assez vite, dès qu’ils auraient procédé à cette évaluation, pour mobiliser les secours étrangers », a-t-il souligné.

Il faut l’accord du gouvernement marocain pour se rendre dans les zones sinistrées, a précisé le président des Pompiers de l’urgence internationale, Philippe Besson. « Mon collègue sur place m’a dit que le gouvernement marocain a déployé beaucoup de moyens, mais que beaucoup d’accès sont impossibles parce que ces zones sont inaccessibles. Il faut rétablir les ponts pour accéder sur place. La vision globale de la situation n’est pas claire », a-t-il ajouté.

Contacté par l’Agence France-Presse en fin de matinée, le président de l’ONG française Secouristes sans frontières, Arnaud Fraisse, a confirmé n’avoir « pas encore reçu d’autorisation pour intervention, mais il semble que la situation évolue puisque la Tunisie est aussi autorisée [après le Qatar et la Jordanie] à intervenir », a-t-il précisé.

Une mission de solidarité va se rendre sur place lundi, a annoncé l’organisation. « La mission vise à dresser un état des lieux des dégâts causés par le séisme, [à] rencontrer les autorités, [à] échanger avec les partenaires locaux de l’association sur les besoins immédiats et ceux qui vont perdurer et [à] mettre en place l’aide matérielle d’urgence », précise le communiqué.

Samedi soir, la ville de Paris a rendu hommage aux victimes du tremblement de terre au Maroc en éteignant la tour Eiffel à 23 heures.

Un habitant de Moulay Brahim montre sa maison aux journalistes. Le sol est détruit, les fissures au plafond laissent couler de l’eau, et l’un des murs de la maison est troué. Dans ce village de la province d’Al Haouz, où se situe l’épicentre du séisme, les dégâts sont immenses. Les vidéos aériennes en attestent : la plupart des maisons sont en ruines.

Et, un jour après le séisme qui a frappé le Maroc dans la nuit du 8 au 9 septembre et a fait plus de 2 000 morts, dont la moitié dans la province d’Al Haouz, les secouristes cherchent encore les survivants parmi les décombres.

Bonjour BCA, plusieurs organisations caritatives françaises ont lancé, samedi, un appel à la générosité auprès du grand public. Parmi elles, vous trouverez par exemple le Secours populaire français, la Fondation de France, la Croix-Rouge ou l’Unicef. Toutefois, vous pouvez également vous renseigner auprès de votre mairie, les initiatives locales étant également nombreuses partout en France.

L’Unicef a mobilisé des équipes pour « apporter une aide humanitaire ». « Nos équipes sont déjà sur place et travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement marocain pour coordonner une réponse à la hauteur des besoins des enfants et de leur famille », précise le communiqué. L’organisation des Nations unies recueille les dons par le biais de son fonds d’urgence.

L’Espagne va envoyer des secouristes et fournir une assistance au Maroc, après avoir reçu une demande d’aide officielle de Rabat, a annoncé dimanche le ministre des affaires étrangères espagnol, Jose Manuel Albares.

« C’est un signe de la solidarité espagnole et du sens de l’amitié qui unit les peuples d’Espagne et du Maroc », a déclaré le ministre lors d’un entretien à Catalunya Radio, précisant avoir reçu tôt dimanche un appel de son homologue marocain lui demandant de l’aide.

Une équipe de pompiers bénévoles lyonnais, accompagnée d’un maître-chien, est arrivée au Maroc dimanche et va participer aux opérations de secours à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech, a-t-on appris auprès de la préfecture du Rhône. Il est prévu qu’ils restent sur place jusqu’à vendredi prochain.

Le détachement, arrivé vers 1 heure du matin à Marrakech et accueilli au siège de la protection civile, est composé de quatre secouristes spécialistes du sauvetage, d’appui et de recherche, d’un infirmier, et d’un spécialiste avec son chien. Ils sont partis avec environ 300 kilos de matériel.

« On aurait voulu prendre un avion qui décolle dans une minute à Orly, malheureusement on n’a toujours pas eu l’accord du gouvernement marocain », a déploré Arnaud Fraisse, fondateur de Secouristes sans frontières, dimanche sur France Inter. « Le gouvernement marocain bloque toutes les équipes de secours, sauf celle du Qatar, qui est autorisée à atterrir chez eux. Ils arrivent avec quatre-vingt-seize personnes et cinq chiens de recherche. Nous ne comprenons pas cette situation de blocage. » Plus de cent équipes ont fait savoir à l’ONU qu’elles pouvaient intervenir au Maroc, a-t-il précisé.

L’équipe qui s’entraînait en Lorraine est « prête à décoller dès qu’elle aura reçu le feu vert du gouvernement marocain », expliquait samedi l’association sur Facebook.

Les blessés français au Maroc sont « en contact étroit avec notre ambassade », a expliqué la porte-parole du ministère des affaires étrangères, dimanche matin sur Franceinfo. « 8 000 Français sont inscrits au registre » du consulat à Marrakech, mais le nombre précis de touristes sur place n’est pas encore connu, a précisé Anne-Claire Legendre, ajoutant qu’aucun rapatriement n’était pour l’instant à l’ordre du jour.

Le Maroc n’a pas demandé une aide internationale à cette heure, mais « nous sommes en contact avec les autorités marocaines. Nous sommes prêts avec des moyens qui sont prépositionnés », a assuré la porte-parole du Quai d’Orsay. Il faudra « quelques heures à ces forces » pour se déployer. « On parle de forces de la protection civile, pour identifier des personnes dans les décombres. Il y a aussi des moyens cynophiles pour aider les équipes sur le terrain. »

« Les Etats-Unis sont prêts à fournir toute l’assistance nécessaire alors que le Maroc réagit à cette tragédie. Nos pensées vont au peuple marocain, et nous offrons notre soutien et notre solidarité indéfectibles à nos partenaires marocains en cette période tragique », a déclaré Jon Finer, conseiller adjoint américain à la sécurité nationale, samedi dans un communiqué.

Le séisme qui a frappé le Maroc avait fait, à 22 heures samedi soir, 2 012 morts et 2 059 blessés, dont 1 404 dans un état grave, selon les chiffres publiés par le ministère de l’intérieur.

Selon le communiqué, le nombre de morts a atteint 1 293 dans la région d’Al Haouz, 452 dans la région de Taroudant, 191 morts dans la ville de Chichaoua, 41 dans la région de Ouarzazate, 15 dans la préfecture de Marrakech, 11 dans la province d’Azilal, 5 dans la préfecture d’Agadir Ida-Outanane, 3 dans la province de Casablanca et 1 dans la province de Youssoufia.

En se réveillant samedi matin, chez lui à Lyon, Noureddine Qadwimi, 60 ans, a découvert plusieurs appels nocturnes enregistrés sur son téléphone, passés depuis le Maroc vers 3 heures du matin. En écoutant les messages, le commerçant lyonnais a appris que la terre de ses origines avait fortement tremblé, notamment à Marrakech, où sa sœur a vu les murs de sa maison se fissurer.

Comme des milliers de Franco-Marocains, Noureddine Qadwimi a éprouvé quelques minutes d’angoisse, le temps de rappeler, et d’entendre la voix de ses proches, choqués mais saufs sur l’autre rive de la Méditerranée, racontant « plusieurs secousses ressenties », la foule apeurée dans les rues, et des drames près de chez eux. « Quand ma sœur a vu les rideaux trembler, elle a cru que c’était les djenoun [les génies des légendes arabes] », sourit Noureddine. Inattendu, violent, le séisme semblait inconcevable. Son neveu a vite compris que, génies ou pas, la terre tremblait et qu’il fallait évacuer.

« Nous sommes de tout cœur avec le peuple marocain qui subit les conséquences dévastatrices du tremblement de terre ayant coûté la vie à de nombreuses personnes, blessé tant d’autres et causé de lourds dégâts au sud de Marrakech », a déclaré samedi la Banque mondiale. « Nous avons présenté nos plus sincères condoléances aux autorités du royaume et offert d’apporter tout notre appui au pays à la suite de cette catastrophe. A ce stade, nous concentrons toute notre énergie sur le peuple marocain et les autorités qui font face à cette tragédie », ajoute le communiqué.